samedi 10 juillet 2010

Toi là-bas et moi ici...

Tu m'appelles et je reste sans voix... c'est pourquoi je ne décroche pas. Premier appel depuis sept mois... je me demande si le record n'est pas battu cette fois. Tu rappelles... je reste de marbre.

À quoi bon... ?! Je sais que tu ne m'appelles pas pour me donner rendez-vous ; on ne s'est pas vu depuis sept mois et, si tu tiens subitement à te rappeler à mon (bon) souvenir, c'est juste pour me parler de ton bonheur personnel, de ce qui t'attend toi et qui ne me concerne pas tellement en définitive.

Certes je suis ton frère... JE SUIS ton frère... tu n'es pas le mien... tu as toujours refusé cette réalité pour des raisons qui dépassent l'entendement. C'est comme avec A... qui pense qu'il est mon ami alors qu'il ne l'est pas ; je suis son ami en revanche, sans aucun doute, parce que je suis l'un des rares à supporter ses caprices quasi hystériques, ses manies grégaires ou encore sa "blonde-attitude". Il est donc des liens qui tiennent plus d'un côté que de l'autre ; pas étonnant donc qu'il s'agisse de conjugaisons bancales.

Je pense à toi, oui... moi aussi... je n'écrirai pas une lettre pour te le prouver... car cela ne prouve rien en réalité. C'est touchant, il est vrai, émouvant véritablement... mais cela ne change pas les faits : je n'existe plus pour toi. Tu me sors comme une vieille pièce du service en argenterie pour les grandes occasions et c'est tout.

Tu aurais aimé que je sois près de toi... non pas pour moi mais bien pour toi, pour cette illusion d'harmonie que cela t'aurait procuré, l'image d'un environnement en bon ordre à présenter à la face du monde. Tu sais combien je suis ennemi des conventions quand elles reposent sur le mensonge. Jouer le rôle d'ustensile sentimental n'est pas pour moi, même si cela doit perturber ton harmonie du moment et que cela amènera des commentaires.

Je vais rater un mariage, oui... mais ce n'est pas le mien de toute façon et je n'aime finalement pas tant que cela cet étalage de bonheur si conformiste, si égoïste aussi... ! C'est un drame que je ne sois pas là... mais je suis là les autres jours de l'année et sans qu'aucune attention me soit accordée. Alors à tout prendre, autant user pour une fois de la même logique que celle qui est tienne.

On n'en sort plus de ces malentendus sentimentaux... de ces gestes que l'on fait pour d'autres et sans retour. Un autre ami s'est réveillé aussi ces derniers temps, après un temps si long que je n'ose pas même le dire. Il a eu l'air de faire comme si de rien n'était et me demande lui-aussi de me rappeler... décidément, c'est une manie !

Et que dire de S... venu passer ses vacances à Paris et qui m'a royalement ignoré au point de venir même à quelques mètres seulement de mon lieu de travail. Les gens font de plus en plus n'importe quoi... ils veulent des amitiés kleenex notamment... il faut être là pour eux à la mondre occasion où cela les arrange... mais pas question de leur demander la moindre chose, pas question de compter sur le bon sens humain qui n'existe plus ou presque. Je comprends d'une certaine façon la propension de certains individus à se persuader que la solitude est une grande et belle chose... il vaut mieux peut-être s'habituer à elle avant qu'elle ne s'impose à nous de manière brutale par le silence et la négligence de ceux que l'on aime profondément et qui nous le rendent parfois si peu.

Chacun chez soi donc... en attendant que tu comprennes peut-être que la Vie ne consiste pas simplement à recevoir mais aussi à offrir de son temps et de son attention aux autres. Tu as beau dire que ce n'est pas ton fort, quelques efforts feraient déjà le meilleur effet.