Ce film a tout juste vingt ans puisqu’il est sorti en France le 25 novembre 1987. Cela fait donc à peu près vingt ans que ce film est mon préféré. A chaque fois que j’ai eu la chance de le voir j’ai été conforté dans cette idée.
Ce film est Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci.
C’est l’histoire de Aixinjueluo Puyi dit Puyi né en 1906.
A trois ans, il est désigné empereur par sa tante, l’impératrice douairière Cixi. Il est alors arraché à sa mère, confié à sa nourrice et emmené à la Cité Interdite à Pékin.
Il règne, conseillé par son père, jusqu’en 1912, où la Chine devient une république. Pu Yi, âgé de six ans, est alors retenu prisonnier dans la Cité interdite jusqu’en 1924, où il est expulsé par des troupes armées et envoyé loin de Pékin.
En 1934, à l’âge de vingt-huit ans, il est sacré empereur de Mandchourie, une partie du territoire chinois qui vient d’être envahi par le Japon ; Puyi pense ainsi restaurer l’intégrité de l’empire chinois mais les Japonais se servent en fait de lui pour leurs projets impérialistes en Chine.
La seconde guerre mondiale met fin à ces projets mutuels ; Puyi est arrêté par les troupes soviétiques en 1945 et déporté en Sibérie. En 1949, il est livré aux alliés communistes de la République populaire de Chine. Il est emprisonné dans un camp pour criminels de guerre et « rééduqué » jusqu’en 1959, année où il devient jardinier à Pékin puis bibliothécaire. Sa mort survient en 1967, à l’âge de 61 ans.
Le film propose de suivre l’ensemble de la vie singulière de cet homme… une vie dont il n’a jamais été totalement le maître, écrasé par le poids de son destin et celui de l’histoire de son pays… la vie d’un enfant qui grandit trop vite, sans sa mère… un enfant qui se sent prisonnier et tenu à l’écart du monde… Plus tard, une fois empereur de Mandchourie, il revit cette situation d’enfermement, ce sentiment d’avoir été floué par ceux qui l’entourent et qui le surveillent plus qu’ils ne veillent sur lui.
Que dire de ce film sinon qu’il est merveilleux.
Les personnages présentés dans le film sont souvent attachants, de la nourrice de Puyi à ses deux épouses, de son petit frère et seul ami, Pujie, à son précepteur écossais Reginald Johnson. Les protagonistes moins agréables, tels que les dignitaires de la Cité Interdite, les Japonais manipulant l’empereur de Mandchourie ou encore les communistes chargés de rééduquer Puyi, font également l’objet d’une présentation soignée.
Les décors, les costumes et la musique créent un cadre tout à fait somptueux pour le déroulement de l’histoire. La plupart des scènes sont de toute beauté et on les garde longtemps en mémoire. La plus belle est sans doute celle où le petit Puyi sort de la salle du trône, se retrouve en pleine cérémonie face à des centaines de personnes dans la cour du Palais ; son attention est alors attiré par le bruit d’un criquet qu’il s’emploie à localiser avant d’en devenir l’heureux possesseur.
L’histoire de cet homme, en particulier dans son enfance, m’a touché. Je pense que je me suis identifié plus ou moins à lui lorsque j’étais moi-même enfant et adolescent. Cela explique pourquoi ce film m’a toujours fasciné. L’histoire d’un enfant qui grandit trop vite et qui a du mal à trouver sa place dans la vie ne pouvait que me bouleverser et me ramener vers mes propres questionnements. C’est, je crois, ce qui explique mon attachement de toujours pour ce film ; aujourd’hui ma vie a bien changé mais, à chaque fois que je regarde ce film, je constate qu’il a toujours cette place si privilégiée dans mon cœur ; j’espère bien qu’il sera toujours dans vingt ans mon film préféré.
9 commentaires:
en 1987 ce film était une petite revolution en lui meme
j'ai pas vu ce film
mais j'aime bien le cinéma chinoix...
@+
@chevi : oui c'est vrai que c'est un film qui est très particulier, inclassable tellement il est supérieur me semble-t-il à beaucoup d'autres films. C'est la rencontre de la démesure (la Chine, l'empereur, la durée longue du film, le nombre de figurants, le cadre de la Cité Interdite, ...) et de la simplicité (la mise à nue de la vie d'un homme depuis son plus jeune âge jusqu'à sa mort). C'est le jeu impressionnant de flash back entre le présent de l'empereur déchu et son passé... mais aussi des évènements qui se répondent d'une période à une autre, de l'enfance à la Cité Interdite au palais de l'empereur mandchou ou encore à la période de détention, le tout relayé par des rappels musicaux. C'est ce mélange de beauté et douceur, d'une part, et de douleur d'autre part, avec des scènes très rudes, notamment pour le jeune spectateur que j'étais quand j'ai vu ce film les premières fois. Par exemple j'ai été longtemps très troublé par la scène de tentative de suicide de l'empereur dans la gare où il est remis aux autorités chinoises après la guerre, lorsqu'il ressent le profond malaise de sa déchéance devant tous ces regards de prisonniers pointés sur lui. Il y a aussi cette scène très étrange où l'impératrice retrouve une cousine de la famille impériale qui lui fournit de l'opium tout en lui prodiguant des gestes qui suggèrent les prémices d'une relation intime. Il y avait pour le jeune spectateur que j'étais du grandiose, de l'inexplicable, ... j'ai rêvé beaucoup. Je rêve encore beaucoup en voyant ce film. Je l'ai revu deux fois cette semaine avant d'écrire mon texte. :)
@antikor : dommage pour toi ! Il faudra réparer cette lacune ! :)
Euh je ne sais pas si on peut rattacher ce film au cinéma chinois.... Le réalisateur est italien ; la production est : anglaise, chinoise (Hong Kong à l'époque, en 1987), française et italienne. C'est un film occidental qui parle de la Chine. :)
moi aussi je ne l'ai pas vu, je vais voir si je le trouve en DVD meme si ca m'etonnerais il est trop vieux !:)
merci roumi pour le tuyau !
@ulyssen : j'espère que tu pourras trouver ce film ; si tu peux le voir, tu ne seras pas déçu, Habib ! :)
en voyant le titre j'ai cru que c'était pour moi la note! :D
eh bah non .. raté :D
j'ai vu le film sur france 3 y a deux ans je crois
@h&m : eh oui désolé, je ne parlais pas de toi. :)
C'est bien si tu as vu le film sur France 3 il y a deux ans... mais n'était-ce pas sur France 2 il y a trois ans ?! :p
Bizarrement ca ne m'etonne pas que tu aimes ce film. Il te ressemble assez. Bon choix en tout cas
@shamsounet : je suis content si tu aimes ce film. Il faudra que tu m'expliques bien en quoi tu trouves qu'il me ressemble ; cela m'intéresserait de le savoir. :)
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