Le château de Vaux-le-Vicomte est l'un des plus fameux de France, situé à 40 kilomètres au sud-est de Paris, sur la commune de Maincy (Seine-et-Marne). Vaux-le-Vicomte est LE château français du XVIIème siècle par excellence, creuset où les formes d'art les plus remarquables, servies par les meilleurs maîtres-d'œuvre du moment, se sont unies pour exceller, quelques années avant que Louis XIV ne s'empare de ce même état d'esprit pour son grand projet d'agrandissement du château de Versailles. C'est à Nicolas Fouquet (1615-1680), l'ambitieux surintendant des finances et ministre du roi Louis XIV, que l'on doit la réalisation de ce programme architectural.
A Vaux-le-Vicomte l'aménagement par André Le Nôtre (1613-1700) des jardins a précédé la réalisation du château de l'architecte Louis Le Vau (1612-1670) : l'écrin avant la perle... Côté jardins, le château possède une majestueuse salle de réception de forme ovale surmontée d'une coupole. Son plafond, inachevé, porte seulement depuis 1840 un ciel d'où surgit l'aigle de Jupiter, souverain des dieux ; un autre décor était initialement prévu - Le Palais du Soleil du peintre Charles Le Brun (1619-1690) - mais la disgrâce de Nicolas Fouquet, survenue en 1661, met fin aux travaux de décorations encore inachevés. La salle ovale est ornée de quatre colonnes surmontées des bustes d'Octavie, soeur d'Auguste, de Britannicus et Octavie, les enfants de l'empereur Claude, et d'Hadrien ; nul doute que d'autres copies d'antiques devaient être destinées à compléter la décoration ; au XIXème siècle ont d'ailleurs été ajoutés en ce lieu les copies de bustes de douze personnalités romaines, essentiellement des empereurs, réalisées au XVIIème siècle.
La façade extérieure de la salle à coupole comporte un schéma architectural classique : un premier niveau de trois grandes baies quadrangulaires surmontées de tympans semi-circulaires, le tout fermé par des grilles métalliques ouvragées et encadré par des colonnes bosselées ; un entablement massif avec frise de triglyphes et métopes ornés d'écureuils - l'emblème de Nicolas Fouquet - ; une corniche ; un second niveau percé de trois fenêtres quadrangulaires, surmontées de tympans semi-circulaires ornés de bas-reliefs, le tout encadré de pilastres d'ordre ionique +sur lesquels s'appuient quatre statues féminines (la Force, la Vigilance, la Fidélité et une autre allégorie non identifiée) sculptées par Michel Anguier (1612-1686) ; un fronton triangulaire comportant un bas-relief représentant la Renommée, œuvre de Thibaut Poissant (1605-1668).
Au dessus de la baie centrale, les deux médaillons représentent, à gauche, Alexandre le Grand, (356-323 av. J.-C.) (pas de légende) et, à droite, Auguste (63 av. J-C.-14 ap. J.-C.) (Divus Augustus pater). Il s'agit des deux principaux souverains de l'antiquité, un Grec et un Romain, l'un premier empereur hellénistique et l'autre premier empereur romain. Ils symbolisent ce que la souveraineté a de plus prestigieux et constituent des références absolues pour les souverains de l'époque moderne, tels que Louis XIV, qui captent ces modèles au profit de leur propre gloire.
Au dessus de la baie de gauche, les deux médaillons représentent, à gauche, César (101-44 av. J.-C.) (Divi Iuli) et, à droite, Scipion (Scipio), qui doit être Scipion l'Africain (235-183 av. J.-C.) ou éventuellement son petit-fils adoptif, Scipion Emilien (185-129 av. J.-C.). Il s'agit là de l'exaltation de la grandeur romaine à travers deux de ses plus célèbres représentants, deux généraux qui ont étendu l'influence de Rome dans le bassin méditerranéen.
Au dessus de la baie de droite, les deux médaillons représentent, à gauche, la reine égyptienne Cléopâtre VII (vers 69-30 av. J.-C.) (Cleopatra) et, à droite, Hannibal (247-183 av. J.-C.) (Anibal). Il s'agit là plutôt de l'évocation de la grandeur "orientale" ; notons bien que Carthage est une ville occidentale et que son caractère oriental stricto sensu ne tient qu'à sa fondation par des Phéniciens. Ces deux personnalités charismatiques, la souveraine lagide et le général punique, représentent un Orient affaibli qui lutte cependant pour sa survie, s'affirmant au moins symboliquement comme égal à Rome.
Les médaillons des deux baies latérales semblent se répondent : à gauche, deux généraux romains et, à droite, deux incarnations du pouvoir "oriental". De même, ces médaillons sont liés deux à deux : César et Cléopâtre, connus pour leur confrontation politique qui mène au renforcement de la main-mise de Rome sur l’Égypte, [n'oublions pas aussi leur fils, surnommé Césarion] ; Scipion l'Africain et Hannibal, d'autre part, deux généraux confrontés lors de la deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.). Si l'on admet qu'il s'agit plutôt de Scipion Emilien, le rapport avec Carthage reste effectif puisque c'est ce général romain qui a vaincu Carthage et rasé la ville en 146 av. J.-C., à l'issue de la troisième guerre punique. On peut avancer également l'idée que ces médaillons illustrent le thème de la grandeur et de la décadence, une force qui s'accroît tandis qu'une autre décline : c'est aussi le reflet de la Vie, avec ses revers de fortune plus ou moins favorables.
2 commentaires:
roumi j'ai ecris une nouvelle note et tu n pas laisser de commentaire :(((
Oh désolé Lamine, je vais réparer cet oubli. ;)
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