Une fenêtre se referme… Une autre
s’ouvre…
Ce qui s’achève n’est plus sinon
dans nos souvenirs fidèles ou infidèles. Ceux qui sont beaux, je les veux
fidèlement infidèles… écho d’une vibration, d’un souffle saccadé ou d’une main
qui tremble d’émotion. Ce paradoxe est celui d’un rêve que l’on souhaite
revivre et que l’on rend si beau qu’il en devient parfois inaccessible.
La beauté que j’ai savourée pendant
deux ans, je la veux non pas belle mais sublime et ultime. Que les formes
parfaites de la pierre se détachent dans un bleu infini, que le soleil teinte
les verres de reflets multiples ! Je veux voir et revoir cela quand il
fera gris et que je regarderai mon nouvel horizon, moins illustre, plus morne et
sans charme. Je veux que ce beau souvenir soit l’ornement de ma vie quand elle
me semblera amoindrie.
Je ne regrette rien ; je
sais qu’il ne le faut pas. S’habituer à la beauté, c’est se condamner à ne plus
la voir bientôt ou à la sous-estimer. En entrant dans mon passé, elle retrouvera
certainement son éclat particulier, absolu et éternel.
Et en ce jour un peu trouble où
tout semble suspendu entre cet avant et cet après, où je touche encore du doigt
une réalité qui s’enfuit déjà tandis que l’avenir s’annonce prévisible, j’ai
vécu un moment de grâce qui a balayé ma mélancolie, quelque chose dont j’ai
appris par expérience qu’on ne le vit que rarement dans toute une vie.
J’ai tremblé, je l’avoue, sachant
que tu étais si près de moi… à la fois impatient et troublé par la perspective
d’une rencontre que j’espérais vivement. Alors que je ne frémis pas devant le
médecin ou devant mes juges, j’ai tremblé devant toi, comme un diapason que
rien n’arrêterait. Les îlots de joie qui ponctuent une vie, on les vénère avec
l’ardeur du pèlerin qui trouve un phare sur son chemin de foi, on les submerge
parfois de la marée de ses larmes ou bien de la chaleur de son regard serein.
Merci donc pour cette grâce et qu’elle vive pour toujours, ici ou ailleurs et au-delà
du temps !
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