La chute d'Icare (Ikaro caduto), Igor Mitoraj, 2011.
Agrigente est un site archéologique sicilien parmi les plus impressionnants avec sa succession de temples antiques. Les uns sont posés sur une colline étroite et longue, entre mer et montagne ; les autres se trouvent dans la fameuse vallée des temples, en particulier le colossal temple de Zeus Olympien. Ce dernier est orné de statues colossales de géants pénitents - des "Télamons" - qui soutiennent avec douleur le ciel de leurs bras tendus. Ils portent tout le malheur du monde sur leurs épaules mais ce mal est nécessaire car le ciel sans eux se rapprocherait trop des humains et ne serait plus alors le siège des divinités.
La non moins colossale statue en bronze réalisée en 2011 par Igor Mitoraj en est l'écho lointain de ce mythique équilibre entre la Terre et le Ciel. Installée à Agrigente, La chute d'Icare rappelle en effet les géants effondrés du temple de Zeus et les limites que l'humain a commis l'erreur de vouloir dépasser. Les Télamons maintiennent cette "distance de sécurité" ignorée par Icare dans son vol fatal. Son père, le savant Dédale, faisait un usage raisonné de la science ; Icare, lui, est un ambitieux ramené à la raison par les traits du Soleil.
Le temple aussi qui voulait aller très haut n'est plus que ruine aux pierres creuses caressées par un vent mauvais qui en garde à chaque fois une petite part, ce sable dans lequel tout s'enfonce et cette poussière qui brûle les yeux.
Tout l'art consiste donc à ne pas être las où l'on est.
Le temple aussi qui voulait aller très haut n'est plus que ruine aux pierres creuses caressées par un vent mauvais qui en garde à chaque fois une petite part, ce sable dans lequel tout s'enfonce et cette poussière qui brûle les yeux.
Tout l'art consiste donc à ne pas être las où l'on est.
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