lundi 15 décembre 2008

Agathe Cléry

Agathe Cléry est le nouveau film d’Étienne Chatillez.


Rien ne semble devoir entraver l’existence d’Agathe Cléry une jeune femme belle et ambitieuse, heureuse en amour et à la réussite professionnelle éclatante. C’est sans compter une maladie rare – la maladie d’Addison – qui va foncer progressivement sa peau. De blanche elle devient donc noire, épreuve vécue d’autant plus dramatiquement par Agathe qu’elle n’apprécie guère les individus au teint coloré ; le dilemme pour elle est immense puisqu’Agathe se voit devenir ce qu’elle déteste !


La vie d’Agathe Cléry est ainsi bouleversée à tout point de vue tant en raison des regards environnants, certains positifs et d’autres non, que de sa propre appréciation négative, tout ceci la conduisant à penser que son existence ne vaut plus d’être vécue dans de telles conditions. Elle apprend toutefois grâce à la bienveillance de ses parents, de sa meilleure amie et d’un médecin, à reconstruire progressivement sa vie en découvrant plus intimement les difficultés de la vie de ceux qu’elle stigmatisait auparavant.


Une fois un équilibre précaire retrouvé sur le plan professionnel et personnel, la vie d’Agathe basculera à nouveau, comme un perpétuel mouvement du bonheur au chagrin, des demi-certitudes au doute, … C’est véritablement la succession de cette double épreuve qui servira de révélateur à la bonté humaine, authentique et sincère d’Agathe Cléry mais aussi à celle de l’homme qu’elle aime et qui l’aime.


L’idée d’un chemin initiatique passant par la métamorphose temporaire et conduisant à une sorte de rédemption de l’âme a été souvent mise en oeuvre dans l’Art sous toutes ses formes. Ainsi l’Antiquité nous a-t-elle livré l’histoire, connue par l’africain Apulée de Madaure, d’un homme transformé en âne, vivant de nombreuses aventures sous cette apparence avant de reprendre sa forme humaine et d’entamer une vie nouvelle et meilleure sur le plan spirituel. La transformation physique temporaire précède donc de peu la transformation morale ; elle la favorise même quand le premier réflexe serait d’y voir un simple désagrément.


D’aucun trouveront cette idée pour le moins convenue, presque banale et simpliste ; la comédie est là cependant pour présenter par le sourire ou le rire les sujets parfois les plus dramatiques. C’est le cas de la question fondamentale de l’acceptation de l’Autre, ici considérée sous l’aspect de l’origine ethnique. L’histoire d’Agathe Cléry, presque caricaturale de même que ses réactions et celles parfois de son entourage, interpelle judicieusement le spectateur sur l’absurdité de ces préjugés et l’interroge sur ses propres limites.


Contrairement à ce que pourraient suggérer l’affiche et la bande-annonce, ce film ne sombre pas dans une vision trop manichéenne de la réalité qui consisterait à traiter simplement de la difficulté pour certains Européens à accepter la différence. Cette réalité est confrontée à d’autres préjugés qui sont de même nature et nous renvoient finalement tous dos à dos dans cette réflexion salutaire.


La seule réserve que j’émettrais à l’égard du film est celle de l’emploi du terme « raciste », un terme accrocheur mais qui, suscitant une forme de passion, peut éloigner certains d’entre nous de cette réflexion qui devrait pourtant être généralisée ; le « racisme » n’est qu’une forme extrême de la xénophobie, c'est-à-dire la peur de l’Autre, l’incompréhension face la Différence ; ces difficultés sont, à des échelles diverses, très communes, touchant à peu près tout le monde puisqu’elles ne s’appliquent pas uniquement à la question ethnique mais à toute situation nous confrontant à une forme de différence.


La leçon ultime du film Agathe Cléry est que la peur et l’incompréhension peuvent se règler naturellement si chacun d’entre nous s’emploie à tendre la main aux autres, si chacun d’entre nous s’efforce d’apprendre à connaître et apprécier l’humanité dans sa diversité. C'est simple... mais c'est très juste.


Un film à voir donc, très léger et agréable, servi par de remarquables acteurs, dont Valérie Lemercier qui donne au personnage d’Agathe Cléry toute l’énergie et l’intensité dramatique nécessaires au succès de ce type de comédie. On notera aussi le mélange de dialogues parlés et chantés, ces derniers produisant une sorte de sentiment euphorique très appréciable pour s’évader quelques instants des réalités de notre temps.

Ultimes mots... mes tendres pensées pour toi mon Coeur qui m'as emmené voir ce film...


Aucun commentaire: