J'ai trouvé il y a peu une intéressante vue de Tunis qui présente plusieurs particularités. La première est d'être une vue aérienne, probablement l'une des toutes premières pour Tunis :
La seconde particularité de cette carte est d'être inversée. L'usage de plaques de verres avec négatif ou positif puis celui des négatifs sur pellicules ou encore des diapositives a entraîné de nombreuses erreurs de ce type dans les publications. Si les supports numériques posent le problème de leur conservation à long terme, ils ont au moins le mérite d'éviter ces vues inversées ou de permettre de corriger rapidement les erreurs passées lorsqu'elles sont détectées par un œil averti. Voici donc la même vue mais dans le bon sens après manipulation informatique :
Tout a retrouvé sa place le long de cette fameuse avenue principale de Tunis qui a si souvent changé de nom ! On reconnaît déjà les monuments principaux de ce secteur de la ville européenne : le Marché Central avec son pavillon central (1890) ; la Résidence (1860), ancien consulat de France devenu siège du Résident Général sous le Protectorat et reconnaissable ici essentiellement à son parc ; la Cathédrale Saint-Vincent-et-Saint-Paul (1897) avec ses deux clochers en dur substitués au clocher en bois et garnis de cloches en 1910 ; l'emprise du triage de la Gare française ou Gare du Sud, actuelle place de Barcelone ; à proximité immédiate, à l'est, l'Hôtel de Ville de la municipalité tunisoise (1901) ; la Gare de Tunis-Marine au départ de la ligne du T.G.M. empruntant la digue au milieu du Lac de Tunis (1908). On pourrait certainement localiser d'autres monuments encore comme le Théâtre Municipal et le Casino Municipal, tous deux construits en 1902, mais la vue est plus lointaine et imprécise en raison de la perspective.
Il est toujours intéressant de pouvoir dater un tel document. L'énoncé des dates de construction des principaux monuments nous aide sans toutefois préciser suffisamment l'époque du cliché. Sans doute l'examen plus attentif de certaines constructions, notamment certains des imposants immeubles privés, nous aiderait. Il faut quand même faire intervenir un petit élément sur la vue... en descendant l'avenue qui portait alors le nom de Jules Ferry, inspirateur du Protectorat, se trouve une place qui lui était également dédiée. On distingue également la présence du monument qui a été élevé en sa mémoire, une statue accompagnée de celle de deux enfants. Cette statue ayant été érigée en 1911, il s'agit là sans doute de l'élément évident le plus "tardif" de datation.
Reste la carte postale en elle-même ; l'éditeur en est "Photo Soler, Tunis". F. Soler ouvre un atelier photographique à Tunis, sur l'avenue de France, peu avant le XXème siècle ; son activité photographique et d'édition de cartes postales sera reprise une dizaine d'année plus tard par ses neveux, les frères Pavia, et cela jusque dans les années 1930 a priori. C'est donc probablement entre 1911 et 1930 que cette carte postale a été éditée et le cliché date de la même période, sans que l'on puisse être beaucoup plus précis à l'heure actuelle.
Le dernier point concerne l'introduction de l'aviation en Tunisie puisque ce cliché a été réalisé depuis un objet en suspension au dessus de la médina de Tunis. L'aviation a été introduite de manière effective en Tunisie en septembre 1910 par Jean Dufour ; le premier passager, un journaliste de La Dépêche tunisienne, a volé en avion six mois plus tard dans la banlieue ouest-sud-ouest de Tunis, les essais aériens s'effectuant alors sur la sebkha Sijoumi. Le cliché pourrait également avoir été pris depuis un ballon gonflable ou un dirigeable. Le premier ballon gonflable a survolé Tunis dès le printemps 1909 avec à son bord un cinématographe tunisois. Les vols suivants, ouverts au public moyennant finance, ont pu embarquer tel ou tel photographe qui en aurait perçu l'intérêt pour réaliser des clichés innovants et sensationnels pour l'époque.
Il est toujours intéressant de pouvoir dater un tel document. L'énoncé des dates de construction des principaux monuments nous aide sans toutefois préciser suffisamment l'époque du cliché. Sans doute l'examen plus attentif de certaines constructions, notamment certains des imposants immeubles privés, nous aiderait. Il faut quand même faire intervenir un petit élément sur la vue... en descendant l'avenue qui portait alors le nom de Jules Ferry, inspirateur du Protectorat, se trouve une place qui lui était également dédiée. On distingue également la présence du monument qui a été élevé en sa mémoire, une statue accompagnée de celle de deux enfants. Cette statue ayant été érigée en 1911, il s'agit là sans doute de l'élément évident le plus "tardif" de datation.
Reste la carte postale en elle-même ; l'éditeur en est "Photo Soler, Tunis". F. Soler ouvre un atelier photographique à Tunis, sur l'avenue de France, peu avant le XXème siècle ; son activité photographique et d'édition de cartes postales sera reprise une dizaine d'année plus tard par ses neveux, les frères Pavia, et cela jusque dans les années 1930 a priori. C'est donc probablement entre 1911 et 1930 que cette carte postale a été éditée et le cliché date de la même période, sans que l'on puisse être beaucoup plus précis à l'heure actuelle.
Le dernier point concerne l'introduction de l'aviation en Tunisie puisque ce cliché a été réalisé depuis un objet en suspension au dessus de la médina de Tunis. L'aviation a été introduite de manière effective en Tunisie en septembre 1910 par Jean Dufour ; le premier passager, un journaliste de La Dépêche tunisienne, a volé en avion six mois plus tard dans la banlieue ouest-sud-ouest de Tunis, les essais aériens s'effectuant alors sur la sebkha Sijoumi. Le cliché pourrait également avoir été pris depuis un ballon gonflable ou un dirigeable. Le premier ballon gonflable a survolé Tunis dès le printemps 1909 avec à son bord un cinématographe tunisois. Les vols suivants, ouverts au public moyennant finance, ont pu embarquer tel ou tel photographe qui en aurait perçu l'intérêt pour réaliser des clichés innovants et sensationnels pour l'époque.
8 commentaires:
Il se pourrait aussi que ce cliché ait été d'un lieu élevé ..je pense au minaret de la mosquée Zitouna....sur le bas de la photo une partie de la ville arabe "la médina" ...
Ce ne peut pas être le minaret de la Zitouna car il n'est pas dans l'axe de l'avenue Bourguiba ! Il n'y a d'ailleurs pas d'autre minaret qui soit parfaitement dans cet axe comme l'est en revanche la visée de ce cliché photographique. Il s'agit donc bien d'une vue aérienne ; la légende, au dos de la carte postale, évoque d'ailleurs une "vue à vol d'oiseau".
De plus la photographie semble prise à une altitude relativement élevée et qui doit bien dépasser très nettement celle d'un minaret. Depuis l'un des minarets du haut de la médina on verrait forcément une partie importante de la médina qui s'étale largement en contrebas et du coup on embrasserait moins facilement l'ensemble de la ville européenne. Sur ce cliché, il y a une amplitude très nette de la perspective et cela tient à l'altitude élevée de la photographie.
Autre indice, les arbres ne sont pas de la même taille dans les deux parties de l'avenue, si on pouvait connaitre l'historique de leur plantation nous aurons un intervalle de précision réduit.
Ce serait plus un ballon à air chaud pour le temps d'exposition et vu le monde qu'il y a sur les toits .
Ce qui m'intrigue c'est le bateau de droite. Je ne sais pas si c'est une drague ou quoi mais il est imposant par rapport au voiliers et autres .
Ce sont des barques que l'on voit en pleine ville ou j'ai la berlue ? Il l'ont fermé quand ce canal ?
@ zebra 3 :
non ce port et le canal existent toujours, c l'ancien port de Tunis du coté du terminus du métro actuel.
@ y@adh : effectivement on voit que le tiers de la ville européenne le plus oriental est encore en gestation, y compris au niveau de l'avenue qui abordait au delà de la place Jules Ferry. On ne peut d'ailleurs pas dire que ce soit très différent aujourd'hui, le bas de l'avenue étant saccagé notamment par le passage aérien de la voie rapide ! C'est très symbolique d'une ville qui s'est coupée de son lac et évite de trop le regarder. C'est dommage.
@zebra 3 : il s'agit en effet du port de Tunis dans sa configuration après les travaux d'aménagements débutés dans les années 1880.
tres interessant, merci
Bravo Roumi pour cette photo et vos commentaires très intéressants. Ils m'ont aidée dans mes recherches généalogiques concernant mes grands parents et leur installation dans ce beau pays où je suis née.
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