Jean Jaurès, qui a donné son nom à une grande avenue du centre de Tunis, repose au cœur de Paris depuis que ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1924, dix ans après son assassinat à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Cet accueil au Panthéon marque la reconnaissance symbolique de la France à l'un de ses plus brillants esprits, qui a su se démarquer régulièrement de l'opinion générale pour favoriser le fragile idéal d'une communauté humaine dépassant les singularités de chaque individu. Certes Jaurès n'était pas sans contradictions mais il semble tendre progressivement vers des positions relativement conformes au regard global qu'il porte sur le monde, un monde pacifié et tolérant qui prendrait résolument son destin en main pour plus de justice sociale.
Si Jean Jaurès était un acteur de la vie publique française, il n'en demeure pas moins un idéaliste peu écouté, particulièrement par la postérité : l'horreur des guerres mondiales, l'extermination méthodique de certaines communautés ou encore la poursuite de la colonisation sans inflexions marquent autant d'échecs de l'orateur de Carmaux à se faire entendre, y compris à titre posthume dans les quelques décennies qui ont suivi sa disparition.
La tombe de Jean Jaurès - plutôt un cénotaphe - est austère : un sarcophage blanc sans véritables ornements sinon des rameaux d'olivier en métal, symboles de son engagement pour la Paix. Ce dépouillement tranche finalement avec ce que l'on peut imaginer du personnage, vif, pugnace, amoureux des mots qu'il offrait à tous comme enseignant, journaliste ou encore comme homme politique haranguant la foule ou ses collègues députés.
Il y a quelques jours, j'ai assisté à un curieux spectacle ; j'ai vu Jaurès qui s'adressait à nouveau à nous, perché sur un petit camion garé le long du Panthéon... Je me suis frotté les yeux : c'était bien lui ! Autour : rien ni personne... il était seul sur l'esplanade, face à une foule évanouie, lui tendant ses bras, penché en avant comme pour mieux la saisir alors qu'elle s'était manifestement dérobée. Elle est troublante cette vision du tribun du XIXe siècle qui prêche dans le désert du XXIe siècle et ce malgré les invocations régulières de tous ceux qui se revendiquent de lui - ils sont nombreux !
Cette statue a rejoint, je le suppose, la crypte du Panthéon où reposent les restes de Jaurès, illustrant ce qu'il est de plus évident dans la mémoire collective : celui qui allait vers les autres pour tenter de les convaincre, les rassembler et les aider à développer un supplément d'âme. On est sans doute assez loin du mépris cynique des professionnels de la politique d'aujourd'hui, tous bords confondus !
L'hommage est cependant étrange, la statue n'étant manifestement que la réplique d'une autre réalisée par le sculpteur toulousain Paul Ducuing en 1929 pour orner la place Jean-Jaurès de la ville de Suresnes, en proche banlieue parisienne. Plutôt que d'enfermer Jaurès dans une posture convenue, stéréotype où le grand homme est réduit dans l'esprit du plus grand nombre, il aurait sans doute mieux valu qu'un artiste de notre temps le rende à la vie en portant un regard novateur sur une personnalité singulière du passé.
Cet accueil au Panthéon marque la reconnaissance symbolique de la France à l'un de ses plus brillants esprits, qui a su se démarquer régulièrement de l'opinion générale pour favoriser le fragile idéal d'une communauté humaine dépassant les singularités de chaque individu. Certes Jaurès n'était pas sans contradictions mais il semble tendre progressivement vers des positions relativement conformes au regard global qu'il porte sur le monde, un monde pacifié et tolérant qui prendrait résolument son destin en main pour plus de justice sociale.
Si Jean Jaurès était un acteur de la vie publique française, il n'en demeure pas moins un idéaliste peu écouté, particulièrement par la postérité : l'horreur des guerres mondiales, l'extermination méthodique de certaines communautés ou encore la poursuite de la colonisation sans inflexions marquent autant d'échecs de l'orateur de Carmaux à se faire entendre, y compris à titre posthume dans les quelques décennies qui ont suivi sa disparition.
La tombe de Jean Jaurès - plutôt un cénotaphe - est austère : un sarcophage blanc sans véritables ornements sinon des rameaux d'olivier en métal, symboles de son engagement pour la Paix. Ce dépouillement tranche finalement avec ce que l'on peut imaginer du personnage, vif, pugnace, amoureux des mots qu'il offrait à tous comme enseignant, journaliste ou encore comme homme politique haranguant la foule ou ses collègues députés.
Il y a quelques jours, j'ai assisté à un curieux spectacle ; j'ai vu Jaurès qui s'adressait à nouveau à nous, perché sur un petit camion garé le long du Panthéon... Je me suis frotté les yeux : c'était bien lui ! Autour : rien ni personne... il était seul sur l'esplanade, face à une foule évanouie, lui tendant ses bras, penché en avant comme pour mieux la saisir alors qu'elle s'était manifestement dérobée. Elle est troublante cette vision du tribun du XIXe siècle qui prêche dans le désert du XXIe siècle et ce malgré les invocations régulières de tous ceux qui se revendiquent de lui - ils sont nombreux !
Cette statue a rejoint, je le suppose, la crypte du Panthéon où reposent les restes de Jaurès, illustrant ce qu'il est de plus évident dans la mémoire collective : celui qui allait vers les autres pour tenter de les convaincre, les rassembler et les aider à développer un supplément d'âme. On est sans doute assez loin du mépris cynique des professionnels de la politique d'aujourd'hui, tous bords confondus !
L'hommage est cependant étrange, la statue n'étant manifestement que la réplique d'une autre réalisée par le sculpteur toulousain Paul Ducuing en 1929 pour orner la place Jean-Jaurès de la ville de Suresnes, en proche banlieue parisienne. Plutôt que d'enfermer Jaurès dans une posture convenue, stéréotype où le grand homme est réduit dans l'esprit du plus grand nombre, il aurait sans doute mieux valu qu'un artiste de notre temps le rende à la vie en portant un regard novateur sur une personnalité singulière du passé.
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