Je ne regarderai plus la mer comme avant...
Un de mes ancêtres s'y est noyé il y a deux cents ans. Cela paraît anodin sans doute, lointain également, mais c'est comme si la mer était entrée d'un coup dans ma famille, témoin des derniers instants d'une infime partie de moi. Cela me rappelle également, une fois de plus, ton ombre, mon cher Alexis, car cela fait quinze ans déjà que mes larmes amères me rongent le visage chaque fois que je songe à toi et aux vagues assassines qui t'ont noyé quand j'attendais de te retrouver comme un Soleil, l'icône de mes quinze ans. Repose encore et encore en paix, mon Doux !
Je ne regarderai plus la mer comme avant...
Elle me rappelle le va-et-vient de l'amour avec ses vagues parfois tendres et parfois tranchantes... elle me rappelle l'amertume de ces rencontres toutes ressemblantes, de ces tornades qui prétendent nous emporter avec elles mais qui nous laissent en vérité le cœur brisé, étendus sur la grève pendant qu'elles s'enfuient. Pourquoi ces promesses vaines, ces mots euphoriques qu'un indécent mépris préfère distiller plutôt qu'une sagesse rude mais honnête ? Le sel nous ronge comme une maladie où les rechutes seraient infinies. Je ne serais pas fier si j'étais l'une de ces tornades qui ne connaît pas la valeur des mots et de la parole donnée. Contempler ce désastre, perdre son regard dans l'infini de cette mer grise me semble des plus pénibles. Où est la mer bleue qui me manque ? Une mer qui serait calme et qui ne connaîtrait pas la marée descendante, filant entre mes mains fatiguées des caresses prodiguées en vain. Il ne me reste qu'à me blottir dans ce qu'il subsiste de la grand-voile, insigne déchu des courses d'antan où j'avais l'espoir de reconnaître des terres véritablement préservées des maux de notre temps. Mon navire sans voile erre dans cet archipel de la Désolation et chaque île dont je me rapproche n'est que le souvenir d'un paradis qui s'est laissé mourir de honte et de corruption. Si je chavire, mes mânes iront rejoindre celle de mon aïeul... et celles d'Alexis. Lui au moins n'a pas eu le temps de me trahir.
Un de mes ancêtres s'y est noyé il y a deux cents ans. Cela paraît anodin sans doute, lointain également, mais c'est comme si la mer était entrée d'un coup dans ma famille, témoin des derniers instants d'une infime partie de moi. Cela me rappelle également, une fois de plus, ton ombre, mon cher Alexis, car cela fait quinze ans déjà que mes larmes amères me rongent le visage chaque fois que je songe à toi et aux vagues assassines qui t'ont noyé quand j'attendais de te retrouver comme un Soleil, l'icône de mes quinze ans. Repose encore et encore en paix, mon Doux !
Je ne regarderai plus la mer comme avant...
Elle me rappelle le va-et-vient de l'amour avec ses vagues parfois tendres et parfois tranchantes... elle me rappelle l'amertume de ces rencontres toutes ressemblantes, de ces tornades qui prétendent nous emporter avec elles mais qui nous laissent en vérité le cœur brisé, étendus sur la grève pendant qu'elles s'enfuient. Pourquoi ces promesses vaines, ces mots euphoriques qu'un indécent mépris préfère distiller plutôt qu'une sagesse rude mais honnête ? Le sel nous ronge comme une maladie où les rechutes seraient infinies. Je ne serais pas fier si j'étais l'une de ces tornades qui ne connaît pas la valeur des mots et de la parole donnée. Contempler ce désastre, perdre son regard dans l'infini de cette mer grise me semble des plus pénibles. Où est la mer bleue qui me manque ? Une mer qui serait calme et qui ne connaîtrait pas la marée descendante, filant entre mes mains fatiguées des caresses prodiguées en vain. Il ne me reste qu'à me blottir dans ce qu'il subsiste de la grand-voile, insigne déchu des courses d'antan où j'avais l'espoir de reconnaître des terres véritablement préservées des maux de notre temps. Mon navire sans voile erre dans cet archipel de la Désolation et chaque île dont je me rapproche n'est que le souvenir d'un paradis qui s'est laissé mourir de honte et de corruption. Si je chavire, mes mânes iront rejoindre celle de mon aïeul... et celles d'Alexis. Lui au moins n'a pas eu le temps de me trahir.