mercredi 23 décembre 2015

Déchiffrage

Après le défrichage, le déchiffrage...

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Le site Mémoire des hommes du Ministère de la Défense français propose aux internautes un programme d'indexation collaborative consistant à indexer la base des soldats morts pour la France durant la Première Guerre mondiale.

Cette base comprend les fiches manuscrites de 1,4 million de soldats morts ; l'indexation consiste à enrichir les index existants à partir d'informations nouvelles comme la date de décès, le grade ou encore l'unité et le bureau de recrutement de chaque soldat. Ce travail permettra à la fois de conserver la mémoire des soldats morts mais également de faciliter des études pour mieux les connaître.
Parmi ces soldats beaucoup n'étaient pas français ; il y a en particulier un nombre important de fiches concernant des soldats tunisiens.

 À ce jour environ 300.000 fiches ont été indexées... il reste donc beaucoup à faire, et notamment pour les soldats non français. Qui indexe ces fiches ? Des passionnés de généalogie ou d'histoire avant tout. Certains curieux peuvent aussi être tentés d'indexer un membre de leur famille ou encore de leur village, ou même quelqu'un portant le même nom qu'eux.

Mais les soldats étrangers, qui va s'occuper d'eux ? Personnellement j'ai décidé d'indexer des soldats tunisiens parce que je pense que c'est la moindre de choses d'indexer des fiches d'inconnus et spécialement de soldats morts loin de chez eux, pour un pays qui n'était pas le leur, ce pour quoi nous leur devons une reconnaissance exceptionnelle.

Sans doute serait-il bon aussi que des Tunisiens s'y intéressent car cette histoire est aussi la leur.

L'indexation peut être réalisée relativement simplement, à condition d'être bien attentif à ce qui est écrit, de savoir déchiffrer les anciens écrits, de savoir se poser des questions en cas de doute et enfin de rechercher les précisions quand cela est nécessaire, par exemple pour identifier précisément le nom des communes actuelles qui varient parfois un peu par rapport aux noms indiqués sur les fiches.

C'est un travail passionnant à faire pour mieux comprendre qui étaient ces hommes venus d'un peu partout et qui n'ont pas eu la chance de profiter de leur jeunesse. Ils nous rappellent combien sont précieuses la paix et la liberté.









lundi 14 décembre 2015

Défrichage

Je me suis aujourd'hui rendu compte de deux choses essentielles. Malgré le climat pesant qui règne sur notre humanité ces derniers temps, la poésie n'est pas morte... ni l'espoir avec elle.

Ce matin, je me suis surpris, alors que mes étudiants tapotaient tous avec entrain sur leurs claviers d'ordinateurs, à m'évader par l'esprit jusqu'en Italie, à Tivoli, où, à l'ombre de grands arbres ou d'une grotte de fausse rocaille, j'entendais le cliquetis d'une fontaine à laquelle je me rafraîchissais.

Et cet après-midi, W. est venu frapper par hasard à ma porte et nous avons parlé de la Tunisie... Radès, Le Kef, El Jem, ... et ce jeune homme plein de bonnes intentions et mû par un élan suscitant la sympathie m'a dit qu'il aimerait faire de la politique.

J'ai réalisé que mon cœur était quelque peu en friche. Ces dernières années m'ont procuré autant d'épreuves rudes que de profonds bonheurs et, si je n'ai pas perdu ma résolution optimiste, mon âme est néanmoins moins légère qu'elle ne le fut il y a dix ans ou presque, en particulier quand je songe à l'époque où j'ai ouvert ce blog et que celui-ci est devenu, pour un temps, une clé absolument essentielle dans mon cheminement personnel.

Actuellement, nous sommes condamnés à des pratiques pour le moins narcissiques et paresseuses, en particulier sur Facebook : se mettre ouvertement en avant, à travers une liste de caractéristiques ou une collection de selfies, et suivre le vent et la vague, à travers des actualités que l'on retransmet aux autres sur son profil ou encore à travers les commentaires lapidaires que l'on peut déposer un peu partout, chez ses amis ou même parfois chez des inconnus.

Mais où est le sel que je recherche ? où est cet oxygène qui me rend libre ? Moi qui aime écrire pour la beauté du geste, comment puis-je me satisfaire de ces espaces d'écriture formatés de toutes parts ? Et comment laisser place à la spontanéité de l'esprit, laisser s'écouler le fil d'une pensée dont la sensibilité devrait être la seule direction valable ?

Cet espace que je délaisse trop, il m'est en vérité indispensable. Je ne l'avais pas oublié - je n'oublie rien - mais je me sentais tellement vide et impuissant qu'il ne me semblait guère utile d'y revenir sinon pour de trop rares pèlerinages. Difficile aussi de contempler les vestiges d'un temps pas si ancien où une vie féconde régnait sur les blogs, où les amitiés naissaient et croissaient à travers des textes échangés de manière généreuse et, pour ce qui me concerne, dans cette forme de relatif anonymat où j'ai toujours pensé qu'était ma place, l'écriture et le souffle de l'âme prenant le pas sur l'individu bien vivant que je suis.

S'il me reste des lecteurs, fidèles ou de passage, sachez bien que je vous aime, connu(e)s ou inconnu(e)s, sachez bien que Roumi essaiera d'écrire plus souvent ici, dût-il être seul et parler dans le désert. Tous ceux qui l'ont fait connaissent cette rudesse, d'autant plus âpre si l'on considère que ce blog, comme d'autres, est en quelque sorte un récif d'une forme de paradis perdu, un lieu où je suis pour ma part entré en me dépouillant d'une part de moi-même et en en intégrant une autre qui m'a rendu meilleur, je le crois.

Samedi j'ai passé la journée avec mon frère N. et, lui-aussi, m'a rappelé ce temps proche et béni, celui où nous pouvions, tous, à travers nos mots nous surpasser et nous retrouver tous ensemble. Bien que le sang nous éclabousse, bien que le froid qui s'installe refroidisse quelque peu notre élan, je sens bien qu'il se passe, au-delà de ces épreuves, quelque chose, quelque chose de bon et qui nous rendra meilleur si notre intelligence y survit. Pour ma part, je pense que le temps est venu de reprendre, un peu plus que je ne le faisais ces derniers mois, cette mission d'écriture.

Cette note est en rouge... oui car ici le rouge a toujours été depuis 2006 et sera toujours ici le "cri du cœur".

dimanche 15 février 2015

Poème d'hier ou de demain

Miracles de la technologie... Je retrouve sur mon blog un poème inachevé et m'emploie à lui donner enfin vie !

Perdu en mon âme, l'œil las du torrent sale
 Des vagues de brume qui glacent mon sang,
Tu demeures ici et là, mon Dormeur du Val,
Trépassé à jamais sous une colonne à turban.

Ce seuil sombre où je m'égare aujourd'hui,
En quête d'un souvenir de toi, d'une trace,
Je ne cesse d'y déposer mes baisers fleuris,
Espérant de notre livre revenir à la préface. 

Les rayons de lune de la Ville aux deux rives
M'ont ébloui, tel l'éclat vif de ton cœur vaincu ;
Privé de ton secours souvent encore je dérive, 

Seul sous les cieux, au gré de pas orphelins,
Priant pour que mes jours ne soient déchus
Et que ton ombre m'enveloppe tel un essaim.