mardi 30 juin 2009

Boîte noire de mon âme (VI)

Le temps passe... et j'ai réalisé que ma dernière "Boîte noire de mon âme" remonte déjà au début du mois d'octobre de l'an passé... une antiquité ! J'ai conscience, en ces temps où les avions tombent comme des feuilles mortes, d'ajouter avec le titre de ce texte un peu plus de confusion pour ceux des internautes qui chercheraient à s'instruire sur les fameuses boîtes noires... Je rappelle donc une fois de plus qu'elles sont en fait de couleur rouge-orange et qu'elles font un étrange bruit sourd du type "toc toc toc...". Rien à voir donc avec moi ; je n'ai pas de coup de soleil et ne suis pas toqué, du moins n'en ai pas trop l'air ! Mais entrons plutôt dans cette boîte noire qui comporte des bribes de pensées...

La nostalgie m'envahit. Des centaines d'images défilent devant moi, autant de souvenirs qui se bousculent au portillon de mon âme. L'émotion est puissante, surtout quand elle est ainsi concentrée. L'image repousse le passé l'espace d'un instant ; on sourit même parfois, proche de la béatitude, sans même s'en apercevoir.

La nostalgie toujours... je songe à une brioche... une simple brioche avec des pépites rouges. Cela n'a l'air de rien et pourtant... elle a toute une histoire personnelle cette brioche... elle me rappelle des yeux, elle me rappelle une voix... Depuis quelques temps, il me suffit de penser à elle pour penser à toi... et je pleure... hélas dans le vide. La vie devient poussière et le cœur, de rouge qu'il était, se teinte de grisaille, alourdi par le point des ans et des épreuves, conservateur fragile d'une mémoire qui finira par disparaître.

Nouveau départ... je finis par m'y habituer, même si tes absences me rappellent combien il est doux en général de te savoir non loin de moi. C'est une sécurité essentielle. Je repense à ton premier départ, celui qui m'avait révélé des vérités profondèment enfouies. Je songe au drame de cet été solitaire, de ces signes qui m'avaient alors déterminé pour l'avenir. Il est fascinant de constater combien de petits éléments d'abord insignifiants conduisent à des phénomènes d'importance considérable. C'était il y a sept ans déjà... tout a changé pour moi depuis, sauf ton amitié.

Autre signal de la fuite du temps... un simple mail que j'ai lu dans un bus dans la Tunisie profonde... au loin un souffle qui vascille et qui nous laisse impuissant. Personne pour me comprendre alors... ils riaient, logiquement insouciants. J'ai pris un remontant, une Celtia... j'ai regardé le ciel en pensant à toi.

La vie ne tient parfois qu'à un fil. Je suis raccompagné par M. qui veut s'assurer que je serai tranquille pour rentrer ; il me laisse au niveau du Passage. Peu après une poubelle s'abat juste derrière moi. Comme quoi, on se protège parfois et c'est tout à fait inutile ; c'est dans les moments d'insouciance que les failles entraînent parfois de douloureux réveils.

Tu étais près de moi... nous avons passé une heure trente tous les deux... comme toujours à une vitesse incroyable. Ta douceur et ton charme ne se sont pas démentis ; tu as encore fait ton numéro subtile de séduction... j'ai failli une fois encore y croire. Les rêves m'emportent parfois... mais je ne me laisserai pas dériver éternellement. J'ai peur de te perdre, sans doute, et cela ralentit le pas de mon départ ; j'ai peur de te blesser dans ton inconscience, dans cet aveuglement d'adulte où tu vis, avec la joie d'être adulé par de multiples personnes. J'ai besoin d'être unique aux yeux de quelqu'un... je le suis, oui, d'une façon, je le suis pour toi, je le sais... mais tu ne franchiras pas le cap et tu rejoindras cette légion composées d'âmes frileuses, inconstantes, indécises, ... qui me font un peu, beaucoup, passionnèment ou à la folie souffrir.

Il est tard ; l'ange passe... et le silence, étrange, trépasse. Troublé, je le suis, oui, avec toujours ces mêmes questions tenaces : j'ai interrompu ton vol en tout cas, non pour te voler tes ailes mais pour les admirer. Ta légéreté m'inspirera sans doute comme il faut ; je sais déjà qu'il en va de même pour toi. Ils sont étonnants ces rendez-vous inattendus où deux âmes se retrouvent presque comme dans un temps qui n'a pourtant jamais existé. Il est toujours difficile de savoir s'il s'agit d'un mirage ou de toute autre chose beaucoup plus noble et durable ; la vie nous endurcit et nous faire perdre nos plus purs espoirs. Les marchands de rêves sont nombreux ; j'espère que tu ne seras pas ainsi.

lundi 22 juin 2009

Humour noir

Depuis un mois, les parutions sur ce blog ont connu quelques irrégularités ; ceux qui me connaissent bien savent que la vie n'a pas été toujours très clémente à mon égard ces dernières semaines, même si certains moments ont paradoxalement été aussi parmi les plus beaux. Comme il faut garder un certain détachement par rapport à ce qui peut nous atteindre, je crois que le moment est venu pour un peu d'humour bien noir.

Vous savez tous que nous sommes encore plongés dans la lutte contre la grippe apparue au Mexique durant le printemps. Cela semble parfois lointain mais quand, par exemple, on débarque à l'aéroport de Tunis, on a droit à une belle photographie thermique supposée signaler aux autorités locales les individus fiévreux ; pour ma part, je n'étais fiévreux que de revoir ma chère Tunisie donc je n'ai eu aucun ennui ! J'ajoute que les photographies thermiques sont de véritables œuvres d'art vivantes et qu'il est bien dommage que nous ne puissions repartir avec un cliché souvenir agrémenté des teintes chaudes de nos variations de température corporelle !

Toujours est-il que ces derniers temps, je me promenais dans une grande librairie bien connue des Halles, à Paris, et que je suis tombé sur un guide de voyage consacré au Mexique... et en ces temps de grippe mexicaine, je pense qu'il est de mon devoir de vous montrer la couverture fort à propos de ce guide... !

mardi 9 juin 2009

L'Afrique...


J’ai rencontré cette charmante dame en me promenant au château de Versailles. Il s’agit d’une statue représentant l’Afrique, réalisée en 1682 par les sculpteurs Georges Sibrayque et Jean Cornu, deux des meilleurs artistes de leur temps. Le second avait séjourné à Rome, à l’Académie de France, une institution fondée notamment pour fournir au royaume de Louis XIV des copies de statues antiques. Jean Cornu a copié notamment pour Versailles l’Hercule Farnèse ainsi que des motifs reproduits sur des vases en marbre tels qu’une scène de bacchanale et une autre où figure le sacrifice d’Iphigénie.


Quant à la représentation de l’Afrique elle est elle-aussi tout droit inspirée de l’antiquité avec l’attribut classique de la proboscis, c’est-à-dire la dépouille d’éléphant portée sur la tête ; on reconnaît la trompe, les oreilles et les défenses de l’animal, le tout formant l’attribut spécifique de l’allégorie de l’Afrique. On y a ajouté dans le cas de la statue versaillaise le lion, symbole classique de noblesse, et qui devait sans doute évoquer le caractère sauvage et exotique du continent africain alors peu connu en France.


La statue de l’Afrique appartient à une grande commande statuaire passée en 1674 pour orner le parterre d’eau, au nord-est du château. Pas moins de vingt-cinq sculpteurs y ont contribué pour réaliser un ensemble cohérent basé sur la répétition de groupes de quatre statues : les quatres éléments, les quatre continents (l’Océanie n’étant alors pas prise en compte), les quatre saisons… et plus rare, les quatre poèmes (lyrique, pastoral, satyrique, héroïque), les quatre heures (le point du jour, l’heure de midi, le soir, la nuit) et les quatre tempéraments (mélancolique, colérique, sanguin, flegmatique).


On retrouve ici un langage familier de l’antiquité, notamment avec les représentations des saisons, souvent associées à d’autres éléments évoquant l’espace ou le temps. Il s’agit par là de signifier la maîtrise de l’espace et du temps par un principe souverain, qu’il émane du divin ou du pouvoir temporel ; en l’occurrence cette aspiration à la maîtrise est un manifeste à l’absolutisme royal du souverain français. Cette logique est ici développée plus encore avec la représentation des tempéraments qui renvoie à la maîtrise de soi. Les quatre poèmes font eux référence à la maîtrise des arts mais il est étonnant qu’on n’ait pas préféré plutôt quatre arts distincts que de décliner quatre types de poésies.


Cet ensemble de statues se comporte un peu comme une boussole géante qui diffuserait aux quatre points cardinaux, de manière universelle donc, les vertus royales. La seule énigme finalement réside dans le constat que l’organisation de ces statues dans l’espace laisse à désirer alors qu’elles auraient pu faire l’objet d’une savante mise en scène renforçant la cohérence de son message symbolique.

lundi 1 juin 2009

Encore toi...

Encore toi qui viens hanter mon âme... encore toi... et moi je survis aux désillusions qui me guettent. J'ai beau apprendre à me détacher de toi, je me laisse déborder quand tu me parles. Ta gentillesse est réelle et ton cœur tendre mais tu es tellement toujours ailleurs que la vérité de ceux qui t'entourent t'échappe le plus souvent. C'est un drame pour toi sans doute, qui te berce et te blesse parfois d'une naïveté touchante. C'est un drame pour moi qui ne voudrais songer qu'au meilleur qui est en toi. Il y a un mur entre nos deux cœurs ; c'est le mur de la simplicité, du calme et de toutes ces choses qui sont généralement à portée de nos mains. J'ai beau espérer que le mur tombe, je sais qu'il est épais et que nous sommes condamnés à nous comprendre toi et moi de part et d'autre de lui, c'est-à-dire avec une distance manifestement insurmontable.
Mon sacrifice ne pourra durer éternellement.