lundi 21 juillet 2008

Un compagnon de voyage insolite...

Une nouvelle révélation divine s'est produite il y a peu et j'en ai été le témoin privilégié... cela se passait dans un train express régional circulant entre Paris et la charmante province ; après m'être assis, mes yeux ont rencontré ces quelques mots...


J'écoute le Sommeil, extrait de l'Europe galante, un opéra-ballet composé en 1697 par André Campra (1660-1744)... un vol aérien et mélancolique dans l'Ether qui débute par un duo de flûtes... de quoi me ravir si ce n'était le reflet de ce duo qui m'obsède, assis sur ce nuage que j'occupe seul, le regard perdu dans la brume à rechercher un fantôme. La douceur de ses baisers ne quitte pas mon esprit. "J'ai beau avoir rencontré Dieu dans un train express régional, ma vie ne change pas..."

Une personne a tapé "critique sur allo couscous" sur google et a curieusement atterri sur ce blog ; apparemment Allo Couscous a fait une boulette. "Il n'y a pas qu'eux qui font des boulettes...".

"Vos mépris chaque jour
M
e causent mille alarmes
Mais je chéris mon sort
Qu'il soit rigoureux

Hélas, hélas, que dans mes maux
Je trouve tant de charmes
Je mourrais de plaisir,
Si j'étais plus heureux"
[Poème mis en musique par le compositeur français Michel Lambert (1610-1696)]

"Dijonnaise" puis "lyonnaise" :
Ainsi fut la fugace parenthèse
Qu'un silence froid m'arrache
Telle ma tête sous la hache !

Le poison a rongé mon coeur,
Sonné le glas de mon ardeur
Et dispersé ce qui était semé,
Tendre fleur devenue cactée.


Lentement se froisse cette page
Pour qui je ne voulais être sage ;
Je me voulais à toi pour toujours
Que déjà s'éclipsait ton Amour.

Les prochains jours seront comme une respiration que j'espère la plus douce possible...

lundi 14 juillet 2008

Les vestiges de l’âme : rapports entre archéologie et psychanalyse

Il y a une dizaine d’années, je fis en première année universitaire en archéologie la révélation des liens unissant archéologie et psychanalyse ; il suffit pour s’en convaincre de lire Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen, oeuvre d’un certain Sigmund Freud parue il y cent ans. Il s’agit d’une analyse psychanalytique du roman Gradiva, de l’écrivain allemand Wilhelm Jensen, où un archéologue donne vie dans ses pensées, conscientes et inconscientes, à une déesse du nom de Gradiva (« celle qui avance »), représentée sur un bas-relief du musée national d’archéologie de Naples.

Le roman est totalement fascinant parce qu’il exprime le fantasme de tout archéologue – et de beaucoup d’autres – de se plonger dans l’époque qu’il étudie et d’être confronté aux personnes dont il connaît les représentations et une partie de la vie. Quant à l’analyse de Freud, elle est tout aussi troublante et nous renvoie en définitive à un étonnant constat : archéologie et psychanalyse sont intimement liées. Il s’agit, en effet, dans les deux cas d’une sorte de quête du passé, un passé enfoui pour l’un dans les strates du sol et pour l’autre dans les circonvolutions de nos cerveaux.


L’archéologue et le psychanalyste se livrent donc à une démarche qui peut être mise en parallèle quand bien même leurs matériaux d’études ne sont pas strictement identiques. Dans les deux cas il y a un travail de recherches et d’analyse à mener pour exhumer les données existantes mais dissimulées, synthétiser ces données plus ou moins nombreuses, reconstituer certaines lacunes préjudiciables à la compréhension globale et éclairer certains faits du présent à la lumière de ces réalités passées qui ressurgissent.


Chaque fois que je songe à cette convergence des deux disciplines, un léger sourire s’esquisse sur mon visage. C’est que ce rapprochement me parle tout particulièrement à moi qui vibre à travers l’archéologie depuis l’âge de cinq ans et aujourd’hui plus que jamais ; c’est que, en outre, on me reconnaît volontiers des aptitudes à l’exploration des cœurs et des âmes et que je me serais certainement consacré à l’étude de la psychologie humaine si l’archéologie et l’histoire ancienne ne m’en avaient empêché, faute de temps.


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Au-delà de ce constat, on peut s’interroger sur l’attrait que peuvent représenter à nos yeux les vestiges du passé. Ils semblent agir en réalité comme un miroir de l’âme. Les artistes de la période romantique l’ont exprimé d’ailleurs avec justesse à travers leurs interrogations sur la fuite du temps, la vie et la mort ainsi que sur la mélancolie amoureuse. Au passage, on le sait peu, mais François-René de Châteaubriand par exemple s’est essayé un peu à l’archéologie, non seulement par son classique « voyage en Orient » mais aussi par l’exercice pratique de fouilles archéologiques ; il y a là une connexion intéressante entre le geste de l’archéologue et celui de l’écrivain romantique.


Sans doute les vestiges archéologiques sont-ils le reflet de tant d’espoirs ruinés. Sans doute sont-ils également synonymes du temps qui se consume en vain souvent, anéantissant lentement ce que nous essayons de construire. Sans doute sont-ils l’image triste de ce qui résulte du manque de soin où certains laissent parfois ce qu’ils ont bâti de leurs mains ou de leur âme.


L’espoir de l’Immortalité, qui est une des questions « existentielles » récurrentes, périt souvent sous l’effet de la contemplation des ruines. Elles nous rappellent que tout ce que l’humain réalise, avec l’orgueilleuse certitude de l’inaltérabilité, finit toujours pas être balayé, du moins dégradé par les éléments, par le temps assassin. C’est ainsi que les tombeaux, les palais ou les temples, ces montagnes élevées en direction du ciel, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes après quelques siècles. Les contempler c’est contempler, à notre échelle, nos espoirs divers ruinés, nos déceptions multiples ou encore notre impuissance à concevoir l’immortel et à s’en convaincre.


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On pourrait donc croire que les ruines ne sont que le refuge idéal du névrosé lambda que nous sommes tous sans exception à plus ou moins forte dose. Cela étant dit, les ruines étant également des vestiges, l’empreinte survivante du passé, elles symbolisent la nécessité de conserver coûte que coûte quelque espoir et imposent à l’esprit courage et ténacité sans faille. Elles peuvent également donner un sentiment fort d’apaisement, une sorte de sensation d’harmonie temporelle où l’humain est placé entre terre et ciel, entre le matériel et l’immatériel, entre le passé et l’avenir. Solidement ancré au sol, les vestiges ne font qu’un avec lui et ces restes semblent paradoxalement inaltérables. Aussi longtemps qu’on les contemple, on se plait à retrouver telle courbure ou telle faille, telle élévation ou telle perspective, ... le temps semble comme suspendu, comme si l’on venait de saisir une dimension du temps – le passé – qui ne nous appartient pourtant déjà plus.


Certaines sensations sont plus explicitement psychanalytiques. Je prendrai un exemple personnel. Comment expliquer le bien-être que me procure chaque jour depuis longtemps déjà mes pensées quasi permanentes pour l’amphithéâtre d’el Jem ? Ne peut-on y voir comme ce que les Grecs nommaient omphalos, le « nombril du monde », le centre de mon monde, un centre rassurant, semblable à un berceau, une muraille protectrice qui me protège à distance par sa simple évocation après avoir protégé physiquement les Lejmi pendant des siècles. Le concept d’omphalos est relativement universel ; nous cherchons tous à concevoir un monde à notre image, à établir une cosmogonie personnelle. Nous établissons un centre, fixons nos points cardinaux, tout cela dans le double espace géographique et historique. Il est assez logique que l’omphalos personnel puisse se cristalliser parfois sur tel ou tel monument ayant tant bien que mal – ou l’inverse ! – traversé le temps ; ce nombril est assurément le point privilégié où se conjuguent tous les temps – passé, présent et futur – ; il est notre point d’attache, placé entre terre et ciel, entre passé et avenir, dans cette dimension du temps insaisissable que représente le présent.


Ce texte est dédié à celui qui est de nouveau seul…


lundi 7 juillet 2008

Raisonnance... ou bref exercice nocturne de versification

Ange élu, angélique, toi dont les mots tus me tuèrent,
Tes "si" lancent en moi l'émoi de doutes silencieux.
Le cagibi j'y vis. J'ai mal, mâle, c'est malin, ô Cieux !
Que faire ailleurs sinon pointer sur mon coeur ce fer ?!

Que penser quand je dois panser mon âme alarmée ?!
J'erre nulle part, dégoûté de l'air insipide que j'ingère,
Esseulé par la fuite du Soleil, revêtu d'un voile austère,
Rattrapé par le cortège des sortilèges acides du passé.

Pas de veine car à l'heure où je songe à goûter le dessert,
Je n'ai que le désert de ta bouche ; il m'ouvre les veines,
Me brûle le sang et ronge ma souche d'antique chêne :
J'abdique et, à cet effet, meurs... tel un roitelet éphémère.