dimanche 27 juin 2010

Ce qu'il me reste de toi

Que dire sinon que chaque déception reste une déception, LA déception... Même si l'on s'affermit avec les ans et au fil des expériences plus ou moins heureuses, il y a toujours ce goût amer qui revient, toujours aussi surprenant, jamais tout à fait semblable, de même d'ailleurs que le bonheur, sans cesse renouvelé, n'est jamais parfaitement identique malgré des circonstances parfois similaires.

Ce qu'il me reste de toi et de ce lien étrange qui t'a retenu loin de mes bras ? Un beau cadeau, je l'avoue... une somme poétique d'un "autre Roumi" (je parle de Jalal al Din !). Il s'agit du Divân d'Hâfez de Chiraz, un poète mystique persan du XIVe siècle, encore très populaire aujourd'hui en Iran. La traduction en français est de Charles-Henri de Fouchécour (éditions Verdier).

Il est assez étonnant cet ouvrage car on peut ne pas le lire du début à la fin mais simplement ouvrir une page au hasard... et on y trouvera toujours quelque chose de beau.
Quelques exemples :
"À l'assemblée qui fête la belle vie manque le parfum de l'objet désiré.
Souffle d'aube au doux respir, où est le musc des cheveux de l'Aimé ?"

"S'il te faut le soleil au milieu de la nuit,
de la fille de la vigne à face de rose découvre le visage !"

"Depuis que mon cœur errant est parti aux ondulations de Sa chevelure,
de ce long voyage il ne pense plus se rendre dans sa patrie."

"La rose aurait voulu parler de la couleur et du parfum de l'Ami. La jalousie du zéphyr a fait que le souffle est resté en sa bouche."

Tu es le flambeau de l'assemblée, n'aie qu'une langue et qu'un cœur !
Vois les fantasmes du papillon et ses efforts, aie le sourire !"

Ces quelques extraits illustrent ce que sont les centaines de pages du livre, éclairé par des commentaires qui permettent de progresser dans la compréhension des codes de l'œuvre d'Hâfez de Chiraz. Cette poésie est riche, très inspirante... elle nous promène comme une mer malicieuse de la joie à la mélancolie, de la contemplation à l'action, de l'émotion à la réflexion... C'est un livre à garder précieusement et à lire et relire par petits morceaux le plus souvent possible.

À toi qui m'as offert ce livre, je dis "merci quand même" pour cette saine lecture vivement conseillée à tous !

Hâfez de Chiraz, Le Divân, introduction, traduction du persan et commentaires par Charles-Henri de Fouchécour, éditions Verdier, Paris, 2006.

mardi 1 juin 2010

Boîte noire de mon âme (VII)

La dernière Boîte noire de mon âme remonte à onze mois... Pourtant il s'en est passé des choses là haut depuis l'an passé : un mélange subtil de situations qui semblent devoir se reproduire éternellement et de nouveautés totalement inattendues.
Le principe de la Boîte noire reste le même : des bribes de pensées qui s'enchaînent théoriquement les unes après les autres...

Deux ans déjà... des mots inoubliables pour un Requiem qui n'en finit pas... je te relis parfois, histoire de me souvenir que je n'ai pas rêvé, espérant que cela puisse encore exister ici ou là pour d'autres que moi. Une vague aussi douce que brutale... un conte de fée qui n'appartient pas qu'aux petites filles... Il y eut l'avant et l'après, à plus d'un titre... Je ne peux que rêver de connaître à nouveau un bouleversement de ce type, que l'après soit un nouvel avant et que cet avant et que le nouvel après soient meilleurs encore, fort du passé et convaincu de l'avenir.

Un an déjà... en partance pour la Tunisie et ses délices. J'ai le mal intense du pays depuis déjà quelques semaines... un mal ravivé par une émission de télévision pas aussi parfaite que je l'eus voulu... mais déjà assez suggestive pour me rendre mélancolique... un sentiment attisé par ce souvenir, cette parenthèse divine qui demeure une des plus grandes richesses humaines qu'il m'ait été donné de recevoir. Je voudrais : boire une Celtia, contempler l'horizon à Chemtou, réparer à nouveau ton lavabo et dormir sur ton petit matelas pliant, me recueillir encore à Tourbet el Bey, voir les fleurs de Carthage, ... Bon par contre je ne voudrais pas : risquer de me prendre encore une poubelle sur la figure, revoir Labib dans sa tenue de Superman des ordures, croiser à nouveau l'homme qui se croit chez lui au milieu des antiquités de Zaghouan, ... Ah j'oubliais : Virgile et ses muses m'attendent au Bardo...

Demain... avec toi... les rêves les meilleurs méritent qu'on leur donner vie.

Le Tireur d'épine... J'ai pensé à lui la semaine passée., devant sa modeste réplique en terre cuite.. je pense à nouveau à lui ces derniers jours, dans sa version romaine qu'il fut agréable de contempler... il a l'air si habile pour se sortir de la difficulté où il se trouve que je l'envie... il est aussi une illustration de la pénitence et, dans ce domaine, j'ai manifestement de quoi faire...

Tireur d'épine (Palais des Conservateurs, Rome)