lundi 31 juillet 2006

Mais à quoi donc je pense... ?

Mais à quoi donc je pense... ?

A tout... mais aussi à rien...

A ce jour... et au lendemain...

Aux douces vertus du silence...

Ainsi qu'à leurs vraies douleurs.

Ma vie est donc sans couleurs

Certains jours. Et je suis las

D'être là sans très bien savoir

Si c'est bien moi dans le miroir.

Et toi où es tu donc ? Es tu là ?

Est-il mien ce regard si fier

Qui émerge là de l'enfer...?

Ou alors celui d'un apôtre

A la recherche de l'Autre ?

Oh je ne sais parfois pas...

Où me mèneront mes pas !

Et je ne sais pas toujours...

Etre assez comblé d'amour...

Et bien savourer ce bonheur

Si empreint de douceur.


Mais à quoi donc je pense...?

A celle qui tous mes sens

A réussi à mettre en émoi

M'ôtant alors tout poids;

A cette si belle ombre

Qui me rend bien sombre

Et qu'à l'aube claire je vis

Donner à ma simple vie

Une énergie radieuse.

Cette douce fleur gracieuse

Aux reflets rouge carmin

M'offre son saint parfum

Bien plus léger que l'éther.

Comment faire pour te plaire ?

Je rêve du magnifique jour

Où, mon très doux Amour,

Je t'offrirai un long baiser

Sans plus pouvoir respirer.

Belle fleur où donc es-tu ?

Ton cruel silence me tue.


Mais à quoi donc je pense... ?

A ce gouffre si immense...

Qui, ouvert à mes pieds,

Me fait tant frissonner...

A ces grâces éternelles

Que tu m'offres, ô Fidèle,

Toi que j'aime, mon Ami,

Tel un petit frère très chéri.

Je te croise mon cher Ange

Au détour de mes pensées

Qui rapidement changent

Mes doutes en félicité.

J’admire, ô mon Poète,

Ton regard si honnête

Et ton âme exquise et pure,

Belle comme une épure.

Tu me rends si heureux...

Généreux très Généreux :

La chaleur de ton coeur

Me brûle de bonheur.


Mais à quoi donc je pense... ?

A ma très grande chance

De te connaître, ô Humain,

Qui nous rend tous serein.

Bien que ton ciel soit orageux

Tu ne cesses, ô Courageux,

D'agir comme l'homme sage

Qui sait tourner chaque page.

Ta main... tes yeux sont poésie,

Toujours en quête d'harmonie.

Jamais tu ne perdras l'espoir...

Jamais tu n'arrêteras de croire...

Je suis là près de toi, Ami fidèle,

M'inspirant bien de ton modèle.

Reste bien cet éternel rêveur

Dont j'apprécie toute la valeur.

Entre ciel et terre ton cœur vibre

Cherchant son parfait équilibre.

Conserve tes rêves, petit Ange ;

Tu verras bien que tout change...

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dimanche 23 juillet 2006

Un pont... oui, mais pour qui ?

A tous ceux qui ne me comprendront sans doute jamais...
Les pro-palestiniens pensent que je suis un pourri à la solde d’Israël… les Israëliens pensent que je suis vendu aux Palestiniens et Arabes réunis… Désolé moi je hais la haine aveugle et stérile ; je serai toujours pour le « camp » de la paix et de la Conscience où se retrouvent les rares personnes qui connaissent l’Histoire, pas l’histoire au rabais apprise dans les écoles ou celle qui circule de bouche en bouche… non ! je parle de l’Histoire éclairée, de celle qu’on écrit sans haine et qui s’intéresse à tous, celle qui n’est pas forcément flatteuse pour soi mais qu’on devrait tous connaître par souci d’humilité, pour éviter de penser qu’on appartient à un peuple ou une civilisation parfaite qui n’aurait rien à se reprocher… il suffit de consulter des livres sérieux, entreposés sur des rayons de bibliothèques poussiéreux où le mépris collectif les relègue, pour faire reculer sa propre ignorance… au lieu d’aller en boîte de nuit, d’acheter des cigarettes ou de siroter un cocktail au café, j’ai sacrifié mes économies pour avoir aujourd’hui plus de 1200 livres d’histoire chez moi… que ceux qui ont fait autant d’efforts que moi pour connaître l’Histoire me donnent des leçons d’histoire et je les accepterai avec le plus vif intérêt… Que ceux qui se moquent de moi, pensant que je suis mal informé, que ceux qui prétendent que je ne peux pas comprendre parce que je ne suis pas ceci ou cela commencent par s’informer eux même comme je l’ai fait, qu’ils apprennent leur propre histoire et celle des autres, qu’ils aient le courage de lire ce qui ne flattera pas leur orgueil personnel comme je l’ai moi-même souvent fait. Je serais toujours heureux de discuter avec des gens qui auront entamé cette même démarche d’apprentissage historique, même à une échelle modeste ; j’ai le plus grand respect pour ceux qui s’engagent dans ce processus de connaissance, une démarche qu’on doit poursuivre toute sa vie durant… Je peux parfois partager mon expérience avec certaines de ces personnes qui ont fait cette démarche, comme hier où j’étais avec mon frère H. qui est marocain et, comme moi, pour le camp de la « paix ». Mon frère H. a lu des centaines de livres d’histoire, philosophie, sociologie, … ; lui, il ne brasse pas l’air pour rien. Ah oui pourquoi connaître l’histoire ? Ben tout simplement parce qu’on ne comprendra jamais le présent si on ignore le passé ; on ne peut pas comprendre le vécu, le ressenti de chacun si on se guider par ses pulsions personnelles… Si on livre son esprit à la haine, on ne peut pas rechercher des solutions intelligentes et responsables aux problèmes existant…on ne peut pas discuter avec un autre dont on ignore tout et que l’on méprise avant même de le connaître… Ceux qui ne comprennent pas cela, qu’ils continuent à exprimer des idées primaires, qu’ils continuent à arranger leurs notions indigentes d’histoire à leur sauce, pensant naïvement que cela passe, que cela est convaincant… pour des ignorants oui, c’est parfait…mais l’ignorance c’est la mort tandis que le savoir c’est la vie… n’avoir à la bouche que la haine, se complaire dans un statut de victime éternelle indemne de toute faute et aussi colporter, parfois inconsciemment, des idées infâmes, telle que celle, reprise depuis 2000 ans, du juif traître à sa patrie, forcément riche et exploitant la misère de ses concitoyens, cela sert des intérêts partisans, oui, cela sert le parti de l’ignorance et de la haine… la paix, elle, elle recule un peu plus chaque jour avec les irresponsables de tous les bords. Ce que les rares gens sensés s’attachent à construire lentement, la haine collective du plus grand nombre le détruit en quelques secondes. Le chemin de la paix vaut de l’or pour tous et celui qui s’en écarte se perd et se perdra encore et toujours. Moi j’ai décidé de prendre ce chemin et tant pis si je n’y rencontre presque personne.
Les gens de gauche pensent que je suis de droite… les gens de droite pensent que je suis de gauche… Désolé moi je vote pour les moins cons et cela varie d’une fois sur l’autre (ah oui, je précise que moi j’ai le choix quand je vote) ; parfois j’ai bien du mal à déterminer quel est le moins con parce que certains font des concours dans ce domaine… parfois je me désespère tellement que je mets mon enveloppe vide dans l’urne n’ayant pas réussi à trouver mon bonheur ; en tout cas, ayant se principe de voter pour le moins con, il est clair que ma voix n’appartient à personne. Ah… mais c’est très grave ça… c’est louche… il faut se placer sur l’échiquier politique... « Que penses-tu de telle ou telle chose ? Rien ? non, c’est impossible… moi j’ai un avis sur tout… moi je peux parler de tout… pourquoi toi tu restes souvent silencieux ? Pourquoi on ne sait pas souvent ton avis dans certains domaines ? ». Moi j’aime pas donner mon avis souvent ; j’aime écouter, j’aime lire, j’aime réfléchir, prendre mon temps avant de dire ce que ce je pense… et je sais aussi que parfois, sur certains sujets, je n’ai rien à dire alors je me tais parce que je n’aime pas faire semblant que je sais quand je ne sais pas. Certaines personnes apprécient de pouvoir me demander des conseils en raison de ce recul que j’ai par rapport aux autres ; mais beaucoup de gens aussi ne comprennent pas cela. On est dans une société de la parole, de la parole expéditive, de la réactivité immédiate et épidermique, … Moi l’historien je vis dans un espace-temps différent, j’analyse les choses sur la durée. Souvent les hommes politiques n’analysent pas les choses très en finesse, souvent ils réagissent de manière primaire et immédiate, flattant ainsi les propres sentiments de l’opinion mais ne jouant pas leur rôle de guides avisés de la société. Comment puis-je alors avoir une passion débordante pour telle ou telle idée politique ? Comment expliquer aux gens qui croient encore à ce clivage gauche/droite qu’aujourd’hui la vraie fracture est entre conservateurs (de tous bords) et réformateurs (de tous bords) ? Comment faire comprendre aux gens qu’aujourd’hui ce qui nous menacent, ce n’est pas telle ou telle idée partisane mais la force de l’immobilisme, l’inertie de nos sociétés qui vivent dans le refuge idéal d’un passé révolu ? De gauche comme de droite, il faudrait changer des choses, cesser de croire qu’on peut continuer de vivre sans changements dans des modèles politiques et sociaux convenant aux réalités d’il y a vingt, trente ou quarante ans… ; il faudrait que les gens arrivent à comprendre que certaines réformes sont indispensables, d’un intérêt fondamental contre la sclérose qui nous guettent collectivement et que ces réformes dépassent les vulgaires enjeux partisans ? Les gens me blâment de ne pas mieux me positionner en politique mais eux ils réagissent en fonction des intérêts d’un camp particulier et finalement ils ne veulent souvent rien changer parce que changer c’est forcément revenir sur ce que les uns ou les autres ne veulent céder à l’intérêt général par égoïsme… mais à part cela, c’est moi qui ai le tort d’être insaisissable, de n’être pas suffisamment clair dans mes idées… mais je suis clair je crois...
Pour les uns je suis hétéro… pour les autres je suis homo… Désolé je suis vierge… et hétéro ; évidemment un garçon vierge à 27 ans, ça intrigue certains ; évidemment un garçon timide, un peu maladroit, ça fait rigoler d’autres ; évidemment un garçon qui exprime facilement ses sentiments envers ses amis, ça suscite une certaine incompréhension, des doutes vicieux. Je voudrais à ce propos signaler, à mon grand regret, que depuis quatre ans, ce sont exclusivement des Tunisiens qui m’ont traité d’homo… ça doit faire réfléchir je pense…Je repense avec peine au regard lubrique que les gens ont posé souvent sur mon meilleur ami et moi, par exemple un jour où il m’a accompagné dans un hôtel à Monastir pour que je prenne une chambre pour moi…ça fait mal les questions intimes blessantes qu’on nous a posé à d’autres moments, à nous qui sommes deux frères…ça fait mal cette espèce de regard curieux et ces pensées presque à voix haute « alors c’est lui l’ami de K. ? Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire tous les deux ? Pourquoi ils sont là ensemble en Tunisie ? J’aimerais tant savoir s’il se sont enculés… c’est pas possible que leur amitié soit pure vu leur différence… ». Ça fait mal ensuite de voir ce grand frère que j’aime tant me demander de n’avoir aucune marque d’affection dans la rue, me dire qu’on doit se cacher pour s’embrasser simplement comme feraient n’importe quels frères… lui il a peur du regard des autres… il a honte qu’on le regarde mal… moi aussi j’ai honte, moi aussi j’ai peur… mais je suis tellement désespéré, on m’a tellement fait une mauvaise réputation pour rien que j’ai plus à prendre de précautions… quoi que je dise, quoi que je fasse, de toute façon ça sert à rien, les gens ont le regard sale sur moi, quoi qui arrive les gens ont leur idée fixe…Tiens, je pense aussi à toi mon petit frère, toi qui m’as dit que tu es bi alors même que tu n’as jamais couché avec un garçon… et tes copains d’école tunisiens ils partousent entre mecs pour satisfaire leur frustration sexuelle, traitant sans doute les autres de pédés mais refusant d’accepter ce qu’ils sont eux même… rejetant leur propre honte, leurs propres fantasmes refoulés sur les autres. Je pense aussi à toi, le jeune garçon coiffeur de Sousse, toi qui m’avais abordé en pleine rue pour me faire des propositions pas convenables…bien que tes intentions n’aient pas été pures et que les raisons qui t’avaient poussé à m’aborder moi plutôt qu’un autre étaient blessantes, je n’ai jamais pu t’en vouloir... mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel mépris ?
Pourquoi depuis 27 ans les gens veulent-ils me classer dans des cases précises et pourquoi ça les énerve de ne pas y arriver ? Pourquoi les gens se trompent-ils constamment sur mon compte ? La première fois qu’on m’a appliqué ce système binaire c’était : « il va mourir avant la naissance ou alors il va vivre mais être attardé mental et physique ». C’est la première fois de ma vie que j’ai déçu des gens en ne respectant pas ces deux alternatives imbéciles…
J’avoue que quelque part ça me ravit de voir la tête ahurie de ceux qui n’arrivent pas à admettre qu’on puisse échapper à tout classement, des gens qui ne saisissent pas la nuance qui existe en toute chose. Moi j’aime le paradoxe, je porte le paradoxe en moi. Je suis quelqu’un de paradoxal, avec des sentiments parfois contradictoires… mais je travaille afin d’aboutir à une personnalité sage et modérée, continuellement à la recherche de l’équilibre, contrastant avec ce système binaire implacable que certains cerveaux s’emploient à imiter comme de vulgaires machines. Je hais ce manichéisme aveugle, ce dualisme entre le bien et le mal, mode de pensée si répandu, y compris parmi ceux qui se plaignent d’entre être les continuels martyrs.
Puisqu'on ne peut être qu’une chose ou son contraire et que je le refuse, puisque la critique est interdite et que je revendique le droit de critiquer des idées antagonistes, puisque les partisans de ces idées contraires sont toujours persuadés de la perfection de leur mode de pensée par rapport à celui qui est inverse… eh bien qu’on pense ce que l’on veut de moi, qu’on continue à se poser des questions sur moi alors que je ne me pose précisément pas ces questions ; j’essaierai de survivre à tout cela comme je le fais imparfaitement depuis toujours. Ma fierté sera toujours d’être un pont qui peut servir à rapprocher deux êtres, deux idées, deux mondes... encore faut-il apprécier ce pont, percevoir son utilité et l'utiliser judicieusement....



Le pont de Mostar (Bosnie), construit en 1566, détruit par la folie des hommes le 9 novembre 1993... reconstruit et rouvert le 23 juillet 2004...

mardi 18 juillet 2006

Si tu savais comme je pleure

Si tu savais comme je pleure

Voyant s’éloigner le bonheur

D’un peuple trop tourmenté…

Beaucoup rêvent de l’étouffer

Mais il sera toujours vivant,

Dans nos âmes très présent.


Je pense à ta peur, à ta peine,

A tes espérances si vaines…

Un vent de mort vient balayer

D’un souffle toutes les années,

Heures passées à reconstruire

… Et maintenant il faut fuir !


Ces criminels frères de sang

Qui tuent tous des innocents

Se rejoignent dans l’inhumain

Et détruisent tout lendemain…

Aveuglés par leur vaine fureur.

Si tu savais comme j’ai peur…


Je t’aime, je t’aime mon Youyou

Mes mots sont si maladroits…

J’aimerais adoucir ton coeur

Accablé de si grands malheurs

Je pense à ton cœur si doux…

Aux rêves auxquels tu crois.


Mon Frère, ne perd pas l’Espoir…

Le courage est la seule Gloire.

Le chemin est long et tortueux

Pour que ce cèdre majestueux

Ne soit jamais un arbre mort

Et vive toujours et encore !


Pour mon petit frère Youri

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P.S. Ceci est un poème, pas une note politique… pour l'apologie de tel ou tel camp, voyez d'autres blogs. Merci de votre compréhension.

vendredi 14 juillet 2006

14 juillet

Roumi… entre la France et la Tunisie… je parle assez peu de la France… c’est un tort… mais en ce 14 juillet, c’est bien le jour idéal pour le faire !

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Je lève les yeux au ciel et j’aperçois dans l’azur infini ces trois couleurs…

… ce bleu si profond, « bleu de France », dans lequel les yeux se noient songeant à de si beaux rêves…

… ce blanc si pur, d’une exquise douceur, qui procure un grand apaisement pour l’âme.

… ce rouge si chaleureux qui embrase les cœurs et leur donne force et courage.

Ce drapeau raconte l’histoire de France des 217 dernières années ; il en est le témoin quotidien.

… le marquis de La Fayette, héros de l’indépendance américaine, qui crée en juillet 1789 l'emblème tricolore sous forme d'une cocarde en signe de concorde entre le peuple (bleu et rouge, couleurs de Paris) et son souverain (blanc, couleur de l’étendard royal)…

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… la création officielle du drapeau français le 15 février 1794 (27 pluviose de l'an deux de la République)…

… le remplacement du drapeau tricolore par le drapeau blanc lors de la restauration monarchique entre 1814 et 1830…

… la révolution de 1830 au cours de laquelle on propose de remplacer les trois couleurs par le drapeau rouge ; l’intervention d’un poète, Alphonse de Lamartine, pour sauver le drapeau…

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… le rejet du drapeau tricolore par le comte de Chambord (1820-1883), prétendant au trône de France ; son intransigeance lui vaut de se priver d’une restauration monarchique en France après la chute de Napoléon III…

… les trois couleurs, surchargées de la croix de Lorraine, emblème de la Résistance Française durant la seconde guerre mondiale…

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… les drapeaux « frères » ; la plupart des drapeaux à trois bandes tricolores se sont inspirés partiellement de celui de la France…

… les avions de la patrouille de France qui inscrivent dans le ciel de Paris trois couleurs éphémères…

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jeudi 6 juillet 2006

La Marsa : de la résidence beylicale à l’indépendance

Je dédie cette note à Mehdi qui aurait dû l'écrire à ma place...
La Marsa est située à 19 kilomètres au nord-est de Tunis, au bord de la mer Méditerranée. Ce lieu correspond partiellement à l'emplacement de Megara, ancien faubourg de la ville antique de Carthage.


La Marsa (« le Port ») a été depuis au moins la fin du XVIIIe siècle une petite capitale d’été de la Régence de Tunis. Le bey y venait en résidence d’été dans un vieux palais d’époque hafside (XIIIe-XVIe siècles). Au milieu du XIXe s., Mohammed Bey construit un nouveau palais, connu sous le nom de Palais de la Couronne (Qasr al Taj) ; ce palais est agrandi à la fin du XIXe s. par Ali Bey qui y réside l’essentiel de l’année. Les membres de la cour beylicale établissent également leur résidence d’été à La Marsa pour demeurer à proximité du souverain. Une caserne de la garde beylicale est établie à La Marsa.






Tout au long des XIXe s. et XXe s. de riches Tunisois ainsi que des Européens, à partir de 1881, se font également construire des résidences d’été qui leurs permettent de vivre au contact du pouvoir politique et de profiter du climat plus agréable de la côte. Certains touristes viennent profiter de la mer à La Marsa ; ils peuvent notamment loger à l’hôtel nommé Au souffle du Zéphyr.

Les diplomates étrangers sont également présents. Dès 1774, Ali Bey met une résidence de La Marsa à disposition du consul de France. Cette résidence d’été des consuls de France est transformée après 1881 en palais d’été du résident général de la République française qui devait rester en contact permanent avec le bey. D’autres diplomates disposent d’une résidence à La Marsa, notamment le consul anglais, dès le début du XIXe siècle.



La Marsa est également marquée par une forte présence religieuse durant le protectorat. Le palais de l’archevêque est établi à l’est de La Marsa du côté de Jebel el Manar (la colline du Phare). On y trouve également le petit et le grand séminaire formant les futurs prêtres ainsi qu’une mission de religieuses de Notre-Dame d’Afrique.

En dehors de la période estivale, La Marsa est une petite ville modeste et peu peuplée, comportant divers quartiers aux noms évocateurs : Bahar el azreq (la mer bleue), Tahebeg el kelb (signification obscure), el Hawash (les enclos), Diar el jebel (les maisons de la colline). On y trouve le vieux café du Safsaf, connu pour son puits à noria actionné par un chameau.


Les habitants de La Marsa sont essentiellement des paysans cultivant des arbres fruitiers et des légumes revendus sur les marchés de Tunis. A partir de la fin du XIXe siècle, les Européens y cultivent également la vigne, la plus importante étant celle de l’Archevêché.

La Marsa devient une commune en 1912 et bénéficie très tôt d’équipements permettant son développement : une gare sur la première ligne ferroviaire tunisienne – ligne de Tunis à La Goulette et La Marsa par la berge du lac – concédée en 1871 à la compagnie anglaise Tunisian Railways Compagny Ltd, puis gérée par la compagnie italienne Rubbatino (1876), par la compagnie ferroviaire Bône-Guelma (1898) et enfin par la Compagnie des Tramways de Tunis (1905). Cette dernière transforme la ligne en tramway électrique, construit le tronçon du T.G.M. traversant le lac par le chenal maritime et permettant de constituer une boucle au bout de laquelle se trouve La Marsa. Il faut alors 29 minutes pour relier Tunis à La Marsa et plusieurs stations sont aménagées : Archevêché, La Corniche, Marsa Plage, La Résidence, Marsa Ville, Consulat Anglais et Sidi Daoud.
Le premier réseau de téléphone, reliant Tunis à La Goulette et La Marsa est installé dès 1891. L’électricité, produite dans la centrale électrique à La Goulette, arrive dès 1905. L’eau vient du réseau de Tunis, alimenté notamment par les sources de Zaghouan. La Marsa dispose également d’un bureau de poste et télégraphe, un poste de police ainsi que des écoles.

Des années 1920 jusqu’à l’indépendance, de nombreuses familles modestes, certaines tunisoises et d’autres venant du reste du territoire, viennent trouver un logement à La Marsa. Certains continuent à aller travailler à Tunis tandis que d’autres cherchent à travailler sur place. Ces nouveaux arrivants s’implantent dans des quartiers neufs en bordure de la côte ainsi qu’à Gammarth ; certains logent dans des gourbis. La population de La Marsa est de 3001 individus en 1926, de 5669 en 1936 et de 14225 en 1956. Les étrangers – Français, Italiens et Maltais –, y représentent 25 % en 1926 et 15% en 1936.