Samedi après-midi je suis allé sur la place du Parvis du Sacré-Cœur à Paris, sur la butte Montmartre. Ceux qui me connaissent savent que je ne porte pas la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre dans mon cœur, tant pour des raisons architecturales – encore que l’intérieur ne me déplaise finalement pas tant que cela – que pour les raisons plus que discutables qui ont motivé sa construction entre 1875 et 1914 – l’expiation des supposées fautes qui auraient conduit la France à la déchéance en 1871, à savoir la défaite face à la Prusse et l’insurrection de la Commune de Paris.
Enfin bref je trouve que la place du Parvis du Sacré Cœur est un endroit merveilleux car on peut y tourner le dos à la basilique… et cela tombe bien puisqu’on se trouve alors face à une perspective magnifique, l’une des plus belles vues sur Paris… une vue à partager, ce que j’ai déjà fait plusieurs fois lors des petites visites guidées que j’organise avec ascension de la butte Montmartre par la face nord (la rue du Mont-Cenis). Samedi nous étions deux à contempler cette vue et j’étais le plus heureux des hommes.
Cela m’a rappelé d’autres visions du même genre à Paris où beaucoup de monuments élevés sont accessibles au public et permettent de découvrir de beaux panoramas. Les plus connus sont évidemment la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile, les tours de la cathédrale Notre-Dame ou encore la tour Montparnasse.
J’ai cependant plutôt envie de conseiller des vues moins connues depuis la terrasse du magasin Le Printemps, sur le boulevard Haussmann, ou celle du magasin La Samaritaine (actuellement fermé). On bénéficie également d’un point de vue agréable depuis le temple néoclassique du parc des Buttes Chaumont ou du belvédère du Jardin des Plantes (à voir plutôt en hiver quand les arbres aux feuilles caduques sont dégarnis et dégagent un peu l’horizon). Un de mes meilleurs souvenirs reste assurément l’ascension de la coupole du Panthéon mais il ne semble plus possible d’y accéder actuellement. En sortant de Paris on peut aussi profiter de la vue depuis la fausse montagne du zoo de Vincennes, la terrasse de la Grande Arche de la Défense ou encore, j’en ai parlé il y a peu, celle du château de Saint-Germain-en-Laye qui surplombe une boucle de la Seine.
C’est agréable de contempler la ville dans son étendue, de considérer l’extension de la ville, de découvrir de nouvelles perspectives. On voit la ville autrement et en particulier on perçoit mieux les monuments qui se détachent de la masse et qui rompent la monotonie relative de l’ensemble. On peut s’amuser à reconnaître les monuments les plus connus et on voit aussi mieux le ciel depuis ces points de vue ; j’aime y perdre facilement mon regard pour apprécier les nuances célestes.
On ressent dans ces conditions une sensation de bien-être, de plénitude… on a l’impression de mieux maîtriser l’ensemble de la ville que l’on a à ses pieds. C’est une sorte d’ivresse naturelle que je recherche volontiers, à condition que je ne me sente pas trop au bord du vide et prêt à m’écraser en contrebas, auquel cas cela vire à la crise de vertige.
Je ne peux m’empêcher de penser à d’autres lieux hors de Paris où j’ai ressenti ce bonheur d’avoir pour moi un horizon infini. Je pense tout particulièrement au toit de l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel qui offre une vue sur l’ensemble de la baie ; il faut choisir la visite la plus longue pour profite de cette vue. Il y a aussi un autre endroit où j’ai ressenti ce bonheur infini ; c’est en Tunisie, en haut de l’amphithéâtre d’el Jem où mes yeux divaguaient à la recherche de signes chimériques venus de l’horizon.