dimanche 28 décembre 2008

Un coeur simple



Michael Buble, Everything.

Une bien belle chanson qui a causé ce dimanche quelques dégâts des eaux... au niveau de mes yeux. Cela me rappelait étrangement une soirée de juin 2006... un message inoubliable assorti d'un poème... cette pensée empreinte de nostalgie s'est incarnée à nouveau hier à travers cette chanson, pour mon plus grand bonheur. J'aime ce qui est simple et parle le langage du coeur ; la simplicité se perd malheureusement et l'on s'ingénie à créer toutes sortes d'artifices pour se donner de la contenance, pour se montrer sous un jour que l'on estime plus flatteur. La vérité, lorsqu'elle éclate, n'en est que plus douloureuse à admettre par soi et à contempler par les autres. Autant donc partir dès le départ sur les meilleures bases possibles : être soi-même et faire le don de soi aux autres. Aujourd'hui la simplicité d'un coeur est devenue le meilleur cadeau, le plus rare qui se puisse être.

Mes pensées vont à toi qui incarnes au mieux cet idéal humain... "You're every line, you're every word, you're everything."

lundi 22 décembre 2008

La famille beylicale au début des années 1930

Si les visages des derniers beys nous sont familiers grâce à la photographie, il est plus rare de voir des portraits de membres de la famille beylicale. Voici donc quelques portraits des personnalités les plus importantes de la famille au début des années 1930.

Ces individus sont tous parents au premier, deuxième, troisième ou quatrième degré. Ils sont donc tous les héritiers d'un prestige dynastique qu'ils partagent collectivement puisque le
pouvoir se transmet à l'homme le plus âgé de la famille - le bey -, le second dans l'ordre dynastique devenant héritier sous le titre de bey du camp.

On notera encore le port de la coiffe caractéristique de cette famille comportant des ornements métalliques représentant les armes beylicales. Enfin il faut signaler le port usuel de la moustache. Le petit Salaheddine est bien le seul à ne pas la porter !

Le nom des beys est par convention indiqué en rouge ; le nom des individus présents dans cette galerie de portraits est par convention indiqué en MAJUSCULE.
Les individus sont présentés par ordre alphabétique.

AHMED II BEY (1862-1942), possesseur du Royaume de Tunis (1929-1942), fils de Ali III Bey (1882-1902), frère de ISMAÏL, père de TAÏEB, oncle de ABDELAZIZ, AZZEDINE (2), BECHIR, SADOK et TAHAR, cousin germain de MAHMOUD, cousin au deuxième degré d'AZZEDINE (1) , LAMINE et MONCEF.

MAHMOUD (1866-1939), bey du camp (1929-1939), fils du prince El Adel, petit-fils de Hussein II Bey (1824-1835), cousin germain de AHMED II BEY (1929-1942).

ABDELAZIZ (1894-1961), fils du prince Souleïman, petit-fils d'Ali III Bey (1882-1902), neveu d'AHMED II BEY (1929-1942) et d'ISMAÏL, cousin d'AZZEDINE (2), BECHIR, SADOK, TAHAR et TAÏEB.


AZZEDINE (1) (Mohammed) (1875-1931), fils de Habib Bey (1922-1929), frère de LAMINE (futur Bey, 1942-1957), oncle de SALAHEDDINE, cousin au deuxième degré d'AHMED II Bey (1929-1942), ISMAÏL et MAHMOUD, cousin au troisième degré de MONCEF.


AZZEDINE (2) (1883-1953), futur bey du camp (1943-1953), fils du prince Mustapha, petit-fils d'Ali III Bey (1882-1902), neveu d'AHMED II BEY (1929-1942) et d'ISMAÏL, frère de SADOK, cousin germain de BECHIR, TAHAR et TAÏEB.


BECHIR (Mohammed el) (1881-1942), futur bey du camp (1941-1942), fils de Hédi Bey (1902-1906), neveu d'AHMED II Bey (1929-1943) et d'ISMAÏL, frère de TAHAR, cousin germain de ABDELAZIZ, SADOK et TAÏEB.

ISMAÏL (1859-1928), bey du camp (1922-1928), fils de Ali III Bey (1882-1902), frère d'AHMED II Bey (1929-1942), oncle de AZZEDINE, BECHIR, SADOK, TAHAR et TAIEB, cousin germain de MAHMOUD.


LAMINE (Mohammed el Amine) (1881-1962) (futur Bey, 1943-1957), fils de Habib Bey (1922-1929), frère de AZZEDINE (1), père de SALAHEDDINE, cousin au deuxième degré d'AHMED II Bey (1929-1942), ISMAÏL et MAHMOUD, cousin au troisième degré de MONCEF (futur bey, 1942-1943).

MONCEF (Mohammed el) (1881-1948) (futur bey, 1942-1943), fils de Naceur Bey (1906-1922), cousin au deuxième degré d'AHMED II Bey (1929-1942), ISMAÏL et MAHMOUD, cousin au troisième degré de LAMINE (futur Bey, 1943-1957).


SADOK (Mohammed es) (1883-1955), futur bey du camp (1953-1955), fils du prince Mustapha, petit-fils d'Ali III Bey (1882-1902), neveu d'AHMED II BEY (1929-1942) et d'ISMAÏL, frère d'AZZEDINE (2), cousin germain de ABDELAZIZ, BECHIR, TAHAR et TAÏEB.

SAÏD (-) : il s'agirait sous toute réserve du fils du prince Husseïn, petit-fils de Hussein II Bey (1824-1835), arrière-petit-fils de Mahmoud Bey (1814-1824), neveu de Naceur Bey (1906-1922).

SALAHEDDINE (1919-2003), fils de LAMINE (futur Bey, 1943-1957), neveu d'AZZEDINE (1).

TAHAR (1877-1941), futur bey du camp (1939-1941), fils de Hédi Bey (1902-1906), neveu d'AHMED II Bey (1929-1943) et d'ISMAÏL, frère de BECHIR, cousin germain de ABDELAZIZ, SADOK et TAÏEB.

TAÏEB (Mohammed) (1902-1989), fils d'AHMED II Bey (1929-1942), neveu d'ISMAÏL, cousin d'AZZEDINE (2), BECHIR, SADOK et TAHAR.

ZACHARIA SAÏD (1877-1931), petit-fils du prince Taïeb, arrière-petit-fils de Hussein II Bey (1824-1835), gendre de Naceur Bey (1906-1922), beau-frère de MONCEF (futur bey, 1942-1943).

[This post is about the beylical family, tunisian sovereign dynasty, under the french protectorate, around 1930].

lundi 15 décembre 2008

Agathe Cléry

Agathe Cléry est le nouveau film d’Étienne Chatillez.


Rien ne semble devoir entraver l’existence d’Agathe Cléry une jeune femme belle et ambitieuse, heureuse en amour et à la réussite professionnelle éclatante. C’est sans compter une maladie rare – la maladie d’Addison – qui va foncer progressivement sa peau. De blanche elle devient donc noire, épreuve vécue d’autant plus dramatiquement par Agathe qu’elle n’apprécie guère les individus au teint coloré ; le dilemme pour elle est immense puisqu’Agathe se voit devenir ce qu’elle déteste !


La vie d’Agathe Cléry est ainsi bouleversée à tout point de vue tant en raison des regards environnants, certains positifs et d’autres non, que de sa propre appréciation négative, tout ceci la conduisant à penser que son existence ne vaut plus d’être vécue dans de telles conditions. Elle apprend toutefois grâce à la bienveillance de ses parents, de sa meilleure amie et d’un médecin, à reconstruire progressivement sa vie en découvrant plus intimement les difficultés de la vie de ceux qu’elle stigmatisait auparavant.


Une fois un équilibre précaire retrouvé sur le plan professionnel et personnel, la vie d’Agathe basculera à nouveau, comme un perpétuel mouvement du bonheur au chagrin, des demi-certitudes au doute, … C’est véritablement la succession de cette double épreuve qui servira de révélateur à la bonté humaine, authentique et sincère d’Agathe Cléry mais aussi à celle de l’homme qu’elle aime et qui l’aime.


L’idée d’un chemin initiatique passant par la métamorphose temporaire et conduisant à une sorte de rédemption de l’âme a été souvent mise en oeuvre dans l’Art sous toutes ses formes. Ainsi l’Antiquité nous a-t-elle livré l’histoire, connue par l’africain Apulée de Madaure, d’un homme transformé en âne, vivant de nombreuses aventures sous cette apparence avant de reprendre sa forme humaine et d’entamer une vie nouvelle et meilleure sur le plan spirituel. La transformation physique temporaire précède donc de peu la transformation morale ; elle la favorise même quand le premier réflexe serait d’y voir un simple désagrément.


D’aucun trouveront cette idée pour le moins convenue, presque banale et simpliste ; la comédie est là cependant pour présenter par le sourire ou le rire les sujets parfois les plus dramatiques. C’est le cas de la question fondamentale de l’acceptation de l’Autre, ici considérée sous l’aspect de l’origine ethnique. L’histoire d’Agathe Cléry, presque caricaturale de même que ses réactions et celles parfois de son entourage, interpelle judicieusement le spectateur sur l’absurdité de ces préjugés et l’interroge sur ses propres limites.


Contrairement à ce que pourraient suggérer l’affiche et la bande-annonce, ce film ne sombre pas dans une vision trop manichéenne de la réalité qui consisterait à traiter simplement de la difficulté pour certains Européens à accepter la différence. Cette réalité est confrontée à d’autres préjugés qui sont de même nature et nous renvoient finalement tous dos à dos dans cette réflexion salutaire.


La seule réserve que j’émettrais à l’égard du film est celle de l’emploi du terme « raciste », un terme accrocheur mais qui, suscitant une forme de passion, peut éloigner certains d’entre nous de cette réflexion qui devrait pourtant être généralisée ; le « racisme » n’est qu’une forme extrême de la xénophobie, c'est-à-dire la peur de l’Autre, l’incompréhension face la Différence ; ces difficultés sont, à des échelles diverses, très communes, touchant à peu près tout le monde puisqu’elles ne s’appliquent pas uniquement à la question ethnique mais à toute situation nous confrontant à une forme de différence.


La leçon ultime du film Agathe Cléry est que la peur et l’incompréhension peuvent se règler naturellement si chacun d’entre nous s’emploie à tendre la main aux autres, si chacun d’entre nous s’efforce d’apprendre à connaître et apprécier l’humanité dans sa diversité. C'est simple... mais c'est très juste.


Un film à voir donc, très léger et agréable, servi par de remarquables acteurs, dont Valérie Lemercier qui donne au personnage d’Agathe Cléry toute l’énergie et l’intensité dramatique nécessaires au succès de ce type de comédie. On notera aussi le mélange de dialogues parlés et chantés, ces derniers produisant une sorte de sentiment euphorique très appréciable pour s’évader quelques instants des réalités de notre temps.

Ultimes mots... mes tendres pensées pour toi mon Coeur qui m'as emmené voir ce film...


lundi 8 décembre 2008

Les larmes de Mohamed

Mohamed vit en Tunisie. Il a tout pour réussir sa vie. On dirait un ange : il est beau comme un coeur, gentil comme un agneau, pur comme le fut le premier homme, attentionné comme un prince sage et bon... il a conservé une sorte de candeur et de spontanéité que la plupart des gens perdent malheureusement très vite. Il ne triche pas face à ceux qui lui ressemblent ; son coeur intègre sait parler aux coeurs intègres. Il a également de fortes passions, une culture originale et il a fait des études. Et puis tout s'est cassé dans sa tête... certes il n'a pas sombré mais il surnage depuis longtemps déjà entre deux eaux, regardant sa vie lui filer un peu entre les doigts. Sa vie justement lui apparaît fade et il peine à savourer les moments heureux, vécus comme de simples parenthèses obscurcies d'une ombre mélancolique persistante.

Sa vie pourrait être magnifique mais il a un grand poids dans son coeur. Mohamed aime les bras à la fois doux et fermes des hommes ; Mohamed est homosexuel. Il a toujours rêvé d'une belle histoire d'amour ; il aime la tendresse et a effleuré parfois le bonheur. Il aime les mots et, même s'il dit avoir du mal à les formuler, ses messages sont toujours très touchants. Mohamed se demande souvent comment vivre en Tunisie en étant ce qu'il est ; il ne trouve pas de solution et cela le paralyse tant dans sa vie sentimentale que dans l'ensemble de son existence. Il sait en vérité que son idéal ne saurait exister que dans l'exil mais encore faut-il pouvoir partir, en avoir la possibilité matérielle, en avoir aussi la force car il est cruel de ne pouvoir concilier facilement deux aspects fondamentaux de son identité. Souvent il dit qu'il a renoncé à certaines choses, qu'il ne cherche plus son idéal ; il se plaît à croire qu'il recherche l'inverse de ce qu'il veut au fond de lui. Cela est bien triste mais bien compréhensible.

Mohamed a cloisonné sa vie. Sa famille et ses amis ignorent cette blessure qui déchire son coeur. Mépris ou indifférence... on peut effectivement hésiter longtemps entre ces deux perspectives, craindre de tout perdre, voir l'Enfer succéder à l'Enfer. Mohamed ne parle pas à ses amis de l'homosexualité car il craint de les perdre, car il les aime trop pour les perdre. Mohamed a deux profils MSN, deux adresses mails, l'une pour la famille et les amis, l'autre pour discuter avec des garçons comme lui. En cela il ressemble à tant d'autres garçons ayant les mêmes sentiments et les mêmes peurs... et donc les mêmes réflexes.

Mohamed séduit parfois des femmes et il se noie dans ces passions éphémères et destructrices de ce qu'il est véritablement. Comme beaucoup d'homosexuels tunisiens, il songe à se marier pour respecter les apparences et préserver ce respect qu'il craint de perdre en vivant tel qu'il est effectivement. D'autres homosexuels se tournent vers la religion et pensent trouver leur salut dans une sorte de mortification ; l'ancien amoureux de Mohamed est de ceux-ci désormais. Si certains s'accommodent tant bien que mal de ces mensonges que l'on peut au fond comprendre tellement leur détresse est grande et liée à la force du poids social, je ne crois pas que Mohammed serait de ceux qui peuvent cesser de former le moindre rêve, de ceux qui peuvent mentir sans états d'âme. Mohamed a l'âme belle, vagabonde ; la fantaisie est naturelle chez lui ce qui rend d'autant plus douloureux le fait de le voir triste, comme ce goëland aux ailes trop lourdes évoqué par Baudelaire, comme un bel ange qui aurait injustement perdu ses ailes.

La nuit, Mohamed vient me parler souvent sur internet. On partage beaucoup de rires, d'émotions et de confidences. Je dois aussi être fort pour lui, l'écouter, le réconforter parfois et étreindre son âme ; je ne manque jamais de lui rappeler combien je l'aime, qu'il est mon frère, mon ange, ... Et puis vient le silence de la nuit, la solitude du lit où je m'allonge, les draps gelés et parfois mes propres larmes destinées à évacuer certaines confidences douloureuses, chargées d'émotions puissantes et dont il faut se libérer.

Il me parle de suicide parfois et j'ai peur car en parler n'est jamais neutre, même s'il prétend rigoler. C'est clairement l'expression d'une souffrance, une demande d'attention également, un avertissement peut-être. Pour moi c'est forcément le début d'une vigilance accrue, une attention portée à la haute qualité du dialogue. Cela étant dit, tout drame serait de la responsabilité collective d'une société qui ne sait pas rendre heureux certains de ses membres au prétexte qu'ils sont différents. On sait parfaitement que les jeunes homosexuels ont notamment un taux de suicide plus élevés que les autres jeunes à cause de l'isolement où ils sont, du silence qu'ils croient devoir maintenir par peur, du silence qu'on leur oppose aussi souvent. On ne sait pas reconnaître leur détresse, on feint de l'ignorer et puis un jour certains d'entre eux nous quittent et il est trop tard.

Mohamed se confie à moi qui suis si loin de lui par la distance mais si prêt par le coeur. Je fais de mon mieux pour lui mais il faut être lucide ; je suis loin et seul quand il a besoin de proximité et d'être entouré.

Mohamed a beaucoup d'amis... mais il se sent seul malgré tout. Mohamed se sent souvent triste même dans les occasions heureuses. Ses espoirs l'abandonnent, ses rêves se font plus rares ; il a le plus grand mal à avancer dans sa vie désormais et les efforts qu'il doit produire sont d'autant plus difficiles.


Mohamed est peut-être votre frère, votre cousin, votre ami ou collègue... il vous aime et n'ose pas vous parler de ce qu'il est de peur de vous perdre. Vous ne le regardez pas assez pour savoir ou alors vous savez mais ne dites rien ?

Aujourd'hui il vit...

Mais demain... ??!!

Aidez-le avant d'avoir à le pleurer...

Aimez le tel qu'il est...

lundi 1 décembre 2008

Impression Soleil Couchant


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Quand sourdent les chatoiements mornes
De la voussure céleste délavée d’automne,
Mes espoirs embrassent le soleil couchant,
Au nimbe vaporeux de la couleur du sang.
Mon horizon c’est toi, encore à demi-voilé,
Que caresse mon regard d’azur passionné.
Ton cœur flamboyant devient ma boussole,
Conteur des plus savoureuses paraboles…
Viens… assiège mon âme… captive moi !
Je le jure, j’en fais serment : je suis à toi !
Transperce-moi de tes rayons chaleureux !
Brûle-moi tout le corps et le plus heureux
Des hommes je serai ! Ô tendre voyageur,
Reviens moi vite ; je t’attends, mon Cœur !

lundi 24 novembre 2008

Musée haut, musée bas

Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes, est une comédie consacrée à l'univers des musées et plus globalement à celui de la culture et de l'art. Le film est conçu sous formes de scènes parfois brèves et parfois plus longues - peut-être un peu trop même pour certaines - où évoluent de nombreux personnages appelés à se croiser ou à suivre des trajectoires indépendantes ; l'addition de ces divers tableaux crée une histoire cohérente, celle d'un grand musée, aux riches collections, qui vit intensément, tant dans les salles d'exposition que dans ses coulisses. On peut d'ailleurs dire que c'est ce musée imaginaire qui est la véritable vedette du film.

Comme toute vraie comédie, ce film est une satire sociale qui nous renvoie une image à peine exagérée de certains comportements typiques dont nous sommes parfois les témoins en tant que visiteurs. De même pour ceux qui fréquenteraient les musées par l'envers du décor, ce qui est souvent mon cas, il est aussi très amusant de voir la façon dont sont évoqués les membres du personnel du musée, depuis le directeur jusqu'à la femme de ménage, sans oublier l'autorité de tutelle, ici représentée par le ministre de la Culture.

Tout y passe : visiteur traîné de force au musée, passionné plus ou moins averti qui passe à côté de chefs-d'oeuvre parce qu'il n'apprécie qu'un unique artiste ou un unique courant artistique, individu traversant les salles sans se préoccuper de ce qu'elles contiennent, béotiens qui aimeraient comprendre un peu mieux l'art, sans oublier ceux qui font semblant de tout connaître, mère de famille voulant éveiller ses enfants à l'art, groupe scolaire insupportable, ...

Le directeur du musée, appelé à la moindre difficulté, redoute par dessus tout que son musée, temple de la culture, ne soit envahi par la nature dont l'homme a su, selon lui, si bien s'extraire ; il est loin d'imaginer le drame qui se prépare ! Tel conservateur ne jure que par la pendule de Montaigne, une autre par son exposition d'art africain. Les gardiens du Musée André Malraux s'ouvrent à une visiteuse complaisante de la dureté psychologique de leur métier, qui consiste à vivre dans le beau la journée et de retrouver des choses ordinaires le reste du temps, ce qui totalement insupportable. Quant au ministre de la Culture, il en rappelle un autre avec son col Mao, et l'on perçoit bien la détresse de cet arbitre du bon goût chargé d'inaugurer une exposition d'art photographique contemporain d'un goût très douteux (à noter aussi la présence d'un cardinal !).

Les artistes ne sont pas épargnés, de Léonard de Vinci aux impressionnistes. Mais c'est surtout l'art contemporain qui est moqué, à travers les performances d'artistes : deux excentriques, Sulki et Sulku (qui seront bientôt dans un bâteau !), parlent de l'art de manière pédante entre deux performances tandis que des visiteurs (pas plus de sept à la fois !) sont conviés à former avec leur guide et le gardien l'oeuvre d'art d'un artiste absent. Un jeune artiste homosexuel, poursuivi par sa mère castratrice, va finir par réaliser sous le regard admiratif du public l'oeuvre de sa vie, manifeste artistico-psychanalytique poussé à sa plus rude extrêmité.

Tout ce petit monde évolue donc avec ses acquis, ses certitudes, des caractéristiques touchantes ou agaçantes selon les cas et circonstances... toujours est-il que le drame final, un grand moment burlesque, va tout remettre en question. L'effet d'originalité est garanti et, au delà, c'est peut-être une invitation qui nous est faite à réfléchir sur la notion de musée, de culture, d'art, ...

Le musée représente toujours aujourd'hui une sorte de temple, que ce soit pour ses concepteurs ou ses visiteurs ; l'art y est souvent sacralisé mais la spontanéité humaine vient régulièrement entamer cette sorte d'idéal collectif. L'art appartient en fait à chacun, tel que chacun se le représente et le musée peut alors apparaître tout à fait contradictoire, refuge du conformisme, lieu cristallisant certaines fractures sociales, générateur d'artifice. Il y aurait sans doute beaucoup à dire à ce propos et le film Musée haut, musée bas est là pour nous le rappeler judicieusement et d'agréable façon.


lundi 17 novembre 2008

Jardin d’amour


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Jardin d’amour, ô bel écrin, tu frémis
Du souffle apaisant des tendres amis :
Qu’ils reposent, à jamais entrelacés,
Sur ce palanquin de fleurs parfumées !
Ô jardin d’amour, corbeille prodigue,
Tes pommes, grenades, pavots et figues
Mûrissent, las, hors de portée de cœurs
Qui se croient du Temps les vainqueurs.
Le papillon regagne son arbre à myrrhe
Et le paon plus personne ne l’admire…
Le vent sème une pluie de roses bénites,
Larmes doucereuses d’une Aphrodite,
Amante religieuse pleurant son Adonis
Mais déjà prête à l’oublier avec Pâris.


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