lundi 30 octobre 2006

Un automne poétique

L’automne, tout comme le printemps, n’est pas une saison mais une intersaison ; il est une simple transition nous faisant lentement quitter l’été pour l’hiver. L’automne n’en est pas moins « ma saison », cette période de l’année qui m’a vu naître, celle où le soleil nous irradie à l’aube et au crépuscule de ses incroyables teintes rouge orangées, celle où le végétal retourne à la terre, celle où l’esprit divague entre le cycle de la vie et celui de la mort.
L’automne est la période poétique par excellence (avec le printemps, l’autre intersaison !). De nombreux poètes ont été inspirés par l’automne parmi lesquels Victor Hugo, qui publie à l’automne 1831 le recueil de poèmes Les feuilles d’automne ; Charles Baudelaire à qui l’on doit un Chant d’Automne, dans Les Fleurs du Mal, en 1857 ; Arthur Rimbaud, qui évoque l’automne dans le texte Adieu, inclus dans Une saison en enfer (1873) ; Guillaume Apollinaire, auteur de l’Automne malade, dans Alcools, recueil édité en 1913.

Voici les Rêves d’Automne d’Alphonse de Lamartine, publiés dans les Méditations poétiques, en 1820 :

« Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire.
J’aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits.
C'est l’adieu d’un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore et d’un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme et m’aurait répondu ?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr.
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux. »

Voici Les Sanglots de l’automne de Paul Verlaine, parus dans les Poèmes saturniens, en 1866 :

« Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone.
Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure,
Je me souviens des jours anciens et je pleure.
Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte
De-ci de-là, pareil à la feuille morte ».

Voici L’automne de Roumi, paru sur ce blog le 30 octobre 2006 J :

Un Automne de la couleur du sang,
Balayé par le souffle fort du temps,
Voici ce que tu es et moi je t’aime.
Dans mon esprit sombre tu sèmes
L’ivresse de mon bonheur résolu
Et de mes rêves à jamais déchus.
Je te cède, ô raffinée mélancolie :
Je bois ton poison jusqu’à la lie.
J’offre mes mains froides à ce vide
Mais las, je m’effondre seul, livide,
Sur cette terre tapissée de feuilles
Qui forment mon tendre cercueil ;
M’offrant une bien douce chaleur,
Je m’embrase des mille couleurs
De ces si frémissantes frondaisons
Que tu fais pâlir, Nouvelle saison.

Mon corps baigne dans mes larmes
A l’ombre de chênes et de charmes
Aux corps presque nus et décharnés
Qui voilent l’horizon lointain désolé.
L’amour est mort, l’amitié lointaine !
Chacune de mes actions bien vaines
Me guide là où j’erre sans raison :
Tu es mon labyrinthe, Arrière-saison.

Seul l’astre aux rayons mordorés
Peut encore m’exhorter à t’adorer,
Vie composée de ces jours mornes
Où nulle fantaisie n’est une borne ;
Ses rougeoyant faisceaux percent
Mon cœur douloureux et le bercent
Tandis que son bel halo annulaire
Est promesse d’une alliance légère.

C’est donc au soleil que ma destinée
Je confie pour cette longue odyssée
Sur la voie où l’on meurt et renaît,
Résistant pour que ce vent mauvais
Ne me détourne point de mon destin
Et d’un espoir jamais tout à fait vain.
Bel Automne, incarnation du sublime,
Tu me déchires entre abîme et cime.

lundi 23 octobre 2006

Et si l’on parlait d’autre chose ?

En être… ou ne pas en être…
Mon blog est né le onze mars et j’ai vécu six mois et demi sans qu’il soit agrégé à tn-blogs. On peut très bien vivre sans avoir un blog agrégé à tn-blogs. Grâce aux liens affichés chez des amis et à mes commentaires sur la blogosphère, je n’ai pas manqué de visiteurs.
Le 29 septembre dernier j’ai été « nationalisé »/« tn-blogisé » J à la demande d’Ancien Combattant. Bien que n’aimant guère être mis trop en avant, je me suis dit que ma présence sur tn-blogs entérinait une réalité blogosphérique à laquelle personne, y compris moi, ne peut rien. Je reste cependant indifférent au fait d’être ou de ne pas être sur tn-blogs car être référencé par un agrégateur de blogs n’a vraiment rien d’extraordinaire.
Tn-blogs ne devrait être qu’un « lieu de passage » et non un lieu où l’on « s’installe » confortablement. A ce propos, plus tn-blogs fournira de services annexes et plus certains bloggeurs feront preuve d’exigences, se sentant en quelque sorte possesseurs de ce site.
J’apprécie beaucoup tn-blogs que j’utilise quotidiennement ; je n’irai cependant pas jusqu’à manifester un amour débordant pour un simple agrégateur, comme le font certains bloggeurs. Si tn-blogs disparaissait, on les verrait inconsolables, comme en deuil d’un parent proche ou comme un consommateur qui ne trouve plus sa marque de biscuits préférés au supermarché... Tn-blogs n’est qu’un agrégateur de blogs, simple support technique ; il ne faut pas exagérer son importance.
« Tn-blogs » et « blogosphère tunisienne »
Cette exagération découle d’une confusion de plus en plus grande entre « blogosphère tunisienne » et « tn-blogs ». Ce phénomène n’est certes pas nouveau mais il s’amplifie en se développant inconsciemment chez une partie des bloggeurs, en dépit des mises au point régulières de Houssein, concepteur de tn-blogs, à ce sujet.
Certains bloggeurs tentent de plus en plus de s’approprier l’agrégateur tn-blogs, réclamant tel ou tel aménagement, usant de formules possessives à son égard et revendiquant la qualité absurde de « membres » d’un agrégateur de blog, comme si l’appartenance à tn-blogs devenait équivalente à l’appartenance à la blogosphère tunisienne, occultant au passage cette dernière. Les notes relatives à la blogosphère tunisienne dans sa globalité sont devenues aussi rares que celles sur tn-blogs sont devenues fréquentes.
Blogosphère tunisienne et tn-blogs : entre conformisme et marginalité
En émergeant, la blogosphère a naturellement tendance à agréger des individus en communautés. En marge des communautés gravitent des individus qui ne leurs appartiennent pas ou pas tout à fait, soit qu’ils ne souhaitent pas en faire partie soit qu’ils fassent l’objet de mesures ne leur permettant pas d’en être des membres à part entière. Les bloggeurs exprimant des idées politiques contestataires illustrent cette ambiguïté car, tout en regrettant leur non référencement sur tn-blogs, ils cultivent eux-mêmes cette marginalité qui leur permet de se distinguer et de se valoriser par rapport aux autres bloggeurs, qu’ils réduisent à tort à des êtres futiles et lâches. Chacun doit alors s’interroger sur son identité personnelle et son rapport à la communauté, mélange de conformisme et de marginalité.
Si en théorie la blogosphère est un espace de relative liberté d’expression, la formation de communautés fait perdre aux individus qui ne veulent ou ne peuvent les intégrer tout ou partie de leur visibilité et, avec elle, leur faculté à toucher un large public. Dans la mesure où tn-blogs est devenu pour certains bloggeurs l’incarnation de la blogosphère tunisienne, il est logique que ces questions de rapport entre individu et communauté se cristallisent souvent sur tn-blogs ; il est logique également que l’absence de certains blogs sur tn-blogs apparaisse à certains comme une représentation tronquée de la réalité blogosphérique tunisienne. En devenant l’outil d’agrégation le plus utilisé tant par les bloggeurs tunisiens que par de simples curieux, tn-blogs focalise l’attention sur les blogs qui y sont référencés et contribue involontairement à accentuer la marginalisation des blogs qui n’y sont pas référencés.
Pour certains bloggeurs, appartenir à tn-blogs est une marque de reconnaissance indispensable et ne pas être sur tn-blogs est vécu comme une forme d’exclusion. Les candidats à l’agrégation sur tn-blogs sont près à tout pour être référencés, allant même jusqu’à dire qu’ils feront ce qu’il faut pour y être et qu’ils respecteront en particulier les règles édictées par Houssein, règles dont beaucoup de bloggeurs ont souligné la relative subjectivité. Le vrai problème n’est pas la subjectivité de ces règles mais le fait que certains bloggeurs sont prêts à s’aligner sur des règles, quitte à dénaturer ce qu’ils sont et ce qu’ils font, uniquement pour apparaître sur un agrégateur. Quant au bloggeur déjà sur tn-blogs qui envisagerait de faire évoluer la nature de son blog, il devra se demander si ses choix nouveaux restent en conformité ou non avec les règles de tn-blogs. Le risque est donc que tn-blogs contribue involontairement à l’aseptisation et à l’appauvrissement de la blogosphère tunisienne en raison de la perception que certains bloggeurs ont de cet agrégateur.
La question de la pluralité ethnique sur tn-blogs, traitée la semaine passée, a également un lien fort avec les notions de conformisme et de marginalité. Il serait regrettable que chaque bloggeur doive fournir une pièce d’identité et justifier de ses origines sur plusieurs générations, ou encore de ses motivations personnelles. L’unique définition qui compte est celle du membre de la blogosphère tunisienne que l’on peut qualifier d’« être humain lié à la Tunisie » ; toute définition moins neutre et plus précise ferait l’objet de débats sans fin et exclurait de fait un certain nombre de bloggeurs qui sont pourtant bel et bien présents sur la blogosphère. Le libanais Youyou, qui a été exclu de tn-blogs avant d’être rapidement réintégré, n’a jamais demandé à être agrégé, comme d’ailleurs un certain nombre de bloggeurs présents sur tn-blogs ; son agrégation n’a fait que traduire la réalité de son intégration à la blogosphère tunisienne et ce, quelques soient ses origines. La blogosphère tunisienne, beaucoup plus riche qu’il n’y paraît, est un carrefour où l’on vient de partout pour se rencontrer et partager ; tn-blogs n’a pas l’obligation d’être le reflet exact de cette diversité mais son intérêt est quand même de coller au plus près à la réalité de la blogosphère tunisienne.
En définitive, un certain nombre de débats relatifs à tn-blogs et qui s’apparentent à du nombrilisme pourraient sans doute être laissés de côté au profit de discussions primordiales concernant plus largement la blogosphère tunisienne : sa place au sein de l’ensemble de la blogosphère et son ouverture sur les autres communautés de bloggeurs afin de multiplier les échanges ; les moyens à mettre en œuvre pour que tous les blogs tunisiens, quelque soit leur nature, disposent d’une visibilité égale et satisfaisante, afin de défendre la pluralité de la blogosphère tunisienne.


lundi 16 octobre 2006

Je t’ai revue

Ma chère M*****a,
Je t’ai revue durant l’été… Nous sommes condamnés à nous trouver, à nous perdre, à nous retrouver et à nous reperdre...
On se connaît depuis quatorze ans. Je me souviens de la classe de français au collège : tu étais assise juste devant moi. Je me souviens d’un mot que tu avais inscrit sur un de mes cahiers... Je me souviens de tes questions interminables que tu posais aux profs au moment où sonnait la fin des cours ; on attendait que le prof ait fini de te répondre pour sortir...
La vie s’est écoulée... Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de nous deux en vérité, sans doute parce que je me sentais très éloigné du monde où je vivais... Une chose est sûre, tu es l’une des très rares personnes qui ne m’a jamais blessé, insulté et fait de mal durant ma vie d’enfant et d’adolescent. Toi tu avais un cœur contrairement à ceux qui essayaient de m’assommer de leurs rames quand je me noyais dans l’océan noir de mes pensées.
Après le baccalauréat, on s’est perdu de vue. L’université nous a donné notre chance à toi et moi. Nous sommes tous deux ceux qui ont le plus brillant cursus universitaire parmi tous ces gens que nous avons fréquenté. C’était en quelque sorte notre revanche sur la vie alors qu’on partait tous les deux avec certains handicaps.
Nous étions loin l’un de l’autre, ignorant ce qu’étaient devenues nos vies respectives... C’est en janvier 2004 que nos liens se sont raffermis, après environ huit années d’errance sur des chemins différents... on était si heureux de se voir dans cette gare parisienne et on n’a pas fait l’erreur de repartir sans s’échanger nos coordonnées...
Je t’ai écrit très rapidement un mail pour te dire que tu étais l’une des rares personnes à avoir marqué positivement ma période « pré universitaire » et que j’avais une grande admiration pour tes qualités humaines et ton parcours universitaire.
J’étais séduit par ton intelligence si vive, ta façon délicieuse d’écrire, tes rêves, ... Tes qualités éclairaient ton visage et sublimaient ta beauté.
L’année 2004 a été importante pour moi car j’ai décidé de commencer à vaincre ma si grande timidité et de me lancer à la recherche de l’âme soeur. A vingt-cinq ans, j’avais enfin envie d’agir après avoir pris le temps de réfléchir, de mûrir, de comprendre ce que je souhaitais. Tu es réapparue dans ma vie précisément à ce moment là.
Avec toi, j’ai appris à dire des mots doux à une femme, des mots d’affection, des mots d’amour-amitié. Je t’offrais tous ces mots, te surnommant « ma princesse »... tu m’appelais « mon chevalier ». Parfois tu ne m’écrivais pas pendant des semaines, me laissant dans l’angoisse, et ensuite tu m’écrivais beaucoup, me rendant enthousiaste et euphorique.
Au bout de dix mois, tu as changé, m’écrivant un mail avec une formule du genre « J’ai compris... c’est impossible... ». J’ai eu le cœur brisé par tes mots ; sans doute m’étais-je pris à ce jeu délicieux et avais-je en moi un très maigre espoir de ne pas être un simple ami pour toi… De ton côté, tu m’as annoncé ton prochain mariage et manifestement tu n’imaginais pas conserver près de toi un garçon ami aussi affectueux que moi. Je t’ai répondu que je suis affectueux avec tous mes amis et que je ne savais plus comment faire avec toi si je devais changer de mots à ton égard. Pour ne pas te mettre mal à l’aise, je t’ai dit aussi que tu ne m’avais jamais intéressé le moins du monde...
Et puis j’ai disparu, sombrant dans le silence et songeant souvent à toi... J’avais honte de rester silencieux et de ne savoir comment te parler... mais comment parler à quelqu’un qui ne peut pas entendre mes mots d’affection ? J’ai préféré me faire oublier, sans pour autant chercher à t’oublier. Je suis sûr que tu as pensé aussi à moi durant cette période de silence.
Je t’ai revue au mois de juillet dernier... à la gare... On s’est regardé... Tu es toujours aussi belle... tes yeux sont sublimes... On s’est embrassé et on a discuté pendant environ un quart d’heure de l’avancement de nos situations professionnelles respectives, glissant quelques remarques plus intimes au passage... je t’ai dit que j’écris des poèmes... je n’ai pas osé, en revanche, te parler de ta vie sentimentale... pas envie de savoir...
On est à nouveau reparti chacun de notre côté... j’étais heureux de voir que tu conserves ta bienveillance à mon égard en dépit de tout ce temps où je n’ai pas su comment te parler, craignant toujours de perturber ton équilibre...
C’était il y trois mois... on ne se reverra sans doute pas avant longtemps sauf si l’on se croise à la gare... je n’ose toujours pas t’écrire un mail et j’ai toujours peur de ne pas trouver des mots à la fois justes pour moi et acceptables pour toi. Tu seras toujours à la fois proche et loin de moi...

lundi 9 octobre 2006

Les timbres tunisiens I (1888-1939)

J’aime beaucoup les timbres postes. Ils font rêver et voyager ; ils permettent aussi souvent de découvrir et d’essayer de comprendre. Le timbre poste peut paraître insignifiant mais il nous apprend beaucoup de choses.
J’aimerais présenter un peu les timbres tunisiens ici et souligner l’intérêt de leur examen. J’ai choisi pour cette note de m’intéresser à la période 1888-1939, c'est-à-dire de l’année d’apparition des premiers timbres postes tunisiens aux débuts de la seconde guerre mondiale ; la suite viendra plus tard...
Par une convention franco-tunisienne du 20 mars 1888 a été créé l’Office Postal Tunisien, ancêtre de la Poste Tunisienne actuelle.
Avant 1888, il y avait en Tunisie des bureaux de poste tunisiens mais aussi étrangers, par exemple à Tunis et à La Goulette pour la France, à Tunis, La Goulette et Sousse pour l’Italie. Cette situation n’était évidemment commode pour personne et donc, à partir du 20 mars 1888, le service postal tunisien est unifié par l’Office Postal Tunisien.
Le premier timbre postal tunisien apparaît le 1 ou 2 juillet de la même année et il est suivi par 344 autres jusqu’en 1939. Tous ces timbres reproduisent un nombre de représentations limitées à quinze types – je vais les détailler – et qui sont déclinés en de multiples valeurs faciales allant de 1 centime à 20 francs.
De 1888 à 1906, il n’existe qu’un unique type de timbre qui se caractérise par sa sobriété et représente les armoiries beylicales, visibles en arrière plan d’une arcade. Ce timbre est destiné à mettre en avant la souveraineté du bey sur la régence de Tunis et l'on n’y trouve donc nulle allusion à la place occupée par la France en Tunisie à cette époque.

L’année 1906 marque de grands changements pour les timbres postes tunisiens. Cinq nouveaux types apparaissent, destinés à remplacer celui avec les armoiries beylicales. Les cinq types sont :
- vue de la grande mosquée de Kairouan à travers une arcade avec deux hommes Tunisiens (la composition visuelle de ce timbre rappelle celle du timbre précédent) ;

- scène de labourage dans la campagne tunisienne ;

- vestiges de l’aqueduc de Zaghouan avec un groupe de Tunisiens près des ruines ;

- une galère carthaginoise (ce thème sera repris dans les armoiries de la République tunisienne) ;


- cavalier arabe (sur les timbres « colis postaux », ce qui fait de l’image du cavalier une sorte d’allégorie du postier-messager).

Ces cinq nouveaux types évoquent l’histoire du sol tunisien depuis les Carthaginois (galère) jusqu’à l’époque islamique (grande mosquée de Kairouan) en passant par l’époque romaine (aqueduc de Zaghouan). Ce sont donc des symboles forts de l’identité culturelle tunisienne qui sont mis en avant.
La scène de labourage est intéressante : il semble que les deux laboureurs figurés, qui possèdent une charrue tirée par deux chevaux, sont des colons ; un coq se trouve sur la gauche qui veille sur cette scène. Cet oiseau, symbole de la France, suggère l'attention que la France porte au développement de la Tunisie, notamment dans le domaine agricole, via l'action de ses colons.
Ces types vont être édités longtemps : jusqu'en 1926 (cavalier), 1927 (galère et aqueduc) et 1928 (grande mosquée de Kairouan et laboureurs).
Sur les types de 1906 apparaît pour la première fois le sigle « RF », marquant le protectorat français sur la Tunisie ; parallèlement, l’appellation « Tunisie Postes » ainsi que la représentation du croissant et de l’étoile remplacent la mention « Régence de Tunis ». Il y a donc sur ces nouveaux types philatéliques de 1906 une affirmation plus évidente de la place occupée par la France en Tunisie et un manifeste effacement de ce qui rappelle de manière trop évidente le pouvoir du bey.
De 1901 à 1914 est également édité un type de timbre sans illustration servant de « timbre-taxe » ; il comporte un simple bandeau sur fond de rinceaux végétaux. La mention « Régence de Tunis » y figure mais ce timbre reste d’un usage anecdotique par rapport aux autres types.


Le 1 décembre 1922 un nouveau type de timbre apparaît en plus des précédents : il représente les vestiges du forum et du capitole de Dougga. Ce timbre, édité seulement jusqu’en 1928, met en valeur le patrimoine romain de la Tunisie ; la présence d’un Tunisien assis au premier plan suggère une sorte d’intemporalité et de douceur de vivre en Tunisie.

L'année 1926 marque l’apparition de cinq nouveaux types de timbres destinés à remplacer progressivement la série de 1906. Ces cinq types sont :
- vue de la grande mosquée de Tunis qui semble surgir d’une sorte de fenêtre (la composition visuelle de ce timbre rappelle celle employée pour le timbre avec la grande mosquée de Kairouan) ;

- vue de la mosquée Halfaouine de Tunis (qui semble encore sortir d'une sorte de fenêtre) ;

- vue de l’amphithéâtre d’El Jem avec le village ainsi qu'un chamelier et ses bêtes ;

- porteuse d’eau devant une mosquée ou un marabout situés dans une oasis ;

- scène de cueillette de dattes dans une oasis (sur les timbres « colis postaux »).

L’évolution des types employés en 1926 par rapport à ceux de 1906 est intéressante. La ville de Tunis est désormais représentée par deux timbres figurant deux mosquées et qui se substituent en particulier à celui représentant précédemment la grande mosquée de Kairouan. Ces nouveaux timbres mettent en avant et en valeur la capitale de la Tunisie. Cette dernière est d'ailleurs, avec le village d’El Jem, le seul site localisable figurant sur les timbres du moment.
L’amphithéâtre d’El Jem remplace quant à lui l’aqueduc de Zaghouan et la galère carthaginoise. Le choix de l’amphithéâtre vient de son aspect monumental exceptionnel et de l’impression saisissante que produit sa vision dans le paysage du Sahel ; ce type est bien plus évocateur et marquant que celui montrant les ruines de l’aqueduc de Zaghouan et plus concret que celui de la galère carthaginoise qui n’est qu’une représentation et non un vestige matériel.
La scène avec la porteuse d’eau et celle de cueillette des dattes se placent dans des oasis du sud tunisien, région sur laquelle l'accent est mis dans cette série de timbres de 1926.
Ces types vont être édités longtemps : jusqu'en 1945 (grande mosquée de Tunis et porteuse d’eau), 1947 (amphithéâtre d’El Jem) et 1949 (mosquée Halfaouine).
La civilisation carthaginoise disparaît de la série des timbres classiques mais réapparaît néanmoins en 1928 sur les « timbres taxes » sous forme d’un buste de statue carthaginoise ; ce type, édité jusqu’en 1950, comporte comme le précédent type de timbre taxe la mention « Régence de Tunis » mais son usage reste encore anecdotique par rapport à la nouvelle série de cinq timbres.

En 1928 est édité également un timbre relatant la traversée du Sahara en auto-chenilles de Gabès au Tchad ; le sud tunisien est à nouveau mis en avant. On voit sur ce timbre, sur fond de soleil levant ou couchant, des autochenilles à travers les palmiers d’une oasis ainsi qu’un chamelier avec deux de ses bêtes. Il s’agit du premier timbre commémoratif d'un événement édité en Tunisie.

Certains timbres ont été surtaxés, comme l’indiquent des surcharges, au profit de la Croix Rouge (1915-1916), des prisonniers de guerre tunisiens en Allemagne (1916), de l’Office tunisien des mutilés de guerre (1923) ou encore de l’œuvre tunisienne de l’enfance (1928). A partir de 1928, il existe un timbre pré-oblitéré reprenant le type de la grande mosquée de Tunis. En 1938, l’Office Postal Tunisien surcharge ses timbres de la mention « 1888 1938 » pour célébrer son cinquantième anniversaire.

On notera enfin que les timbres représentant l’aqueduc de Zaghouan, la galère carthaginoise et l’amphithéâtre d’El Jem ont servi à la Poste aérienne tunisienne ; ces timbres sont surchargés de l’image d’un oiseau en vol puis de celle d’un avion.

lundi 2 octobre 2006

Mon présent se conjugue avec ton passé

Il y a huit jours, Marou a rédigé une note faite de citations et mon inconscient, guidé sans aucun doute par ce beau souvenir, vient de me conduire à faire une note sur le même principe.
A Marou, petit Frère Icare...
J’ai ouvert ce petit livre de toi... je l’ai dévoré... je te connais déjà bien mais je ne pourrai jamais te voir... Tu as heureusement laissé ce texte qui me permet de rencontrer ton âme... A travers le temps, ton présent guide le mien ; mon présent se conjugue à ton passé...
Voici quelques unes de tes pensées qui sont comme le reflet de mon âme... J’ai ajouté en gras quelques mots personnels pour établir un modeste dialogue entre toi, le maître, et moi, l’élève...

Lui : « Habitue-toi à écouter attentivement les paroles d’autrui ; entre, autant que possible, dans l’esprit de celui qui parle. »
Lui encore : « Si l’on peut me convaincre et me montrer que je juge ou que j’agis à tort, je serai content de changer ; car je cherche la vérité, qui ne peut être un dommage pour personne ; or celui qui persiste dans son erreur ou son ignorance subit un dommage. »
Lui toujours : « Songe souvent à la liaison de toutes les choses dans ce monde et à leur rapport les unes avec les autres. »
Lui enfin : « Regarde l’intérieur des choses ; qu’ils n’en soit aucune dont la qualité propre ni la valeur ne t’échappent. »
Moi : j’essaie toujours de comprendre comment pense la personne face à moi… j’écoute beaucoup plus que je ne parle et je m’enrichis de tout ce que l’on me dit… je suis attentif au moindre détail… je regarde le plus loin possible de moi pour élargir mon horizon… j’essaie d’élever mes pensées le plus haut possible…

Lui : « Tente de les persuader. Mais agis, même malgré eux, lorsque la règle de la justice t’y conduit. Lorsque l’on use de violence en te contredisant, passe à la complaisance et au calme, sers-toi des obstacles qu’on t’oppose pour pratiquer une autre vertu (...). »
Lui encore : « Le meilleur moyen de se défendre, c’est de ne pas leur ressembler. »
Lui enfin : « Ne juge pas comme juge l’homme qui t’insulte et comme il voudrait que tu juges : vois les choses comme elles sont en vérité. »
Moi : je reste calme et je refuse de sombrer dans les errances de ceux qui m’insulteraient… la violence m’est totalement étrangère… je transmets sereinement et dignement les valeurs humanistes auxquelles je crois…

Lui : « Jette donc tout, ne garde que ce peu de chose. Et encore souviens-toi que chacun ne vit que dans l’instant présent, dans le moment ; le reste, c’est le passé ou un obscur avenir. (...). »
Lui encore : « N’estime jamais utile pour toi ce qui peut te forcer un jour à transgresser la parole donnée, à abandonner le respect de toi-même, à haïr, à soupçonne, à maudire, à feindre, à avoir des désirs qui exigent l’abri des murs de ta maison. »
Lui toujours : « (...) fais chacun de tes actes comme si c’était le dernier de ta vie, en le dépouillant de toute vanité, de toute passion qui l’écarterait de la droite raison, de toute feinte, de tout amour-propre, de tout mécontentement contre la part que t’a attribué le sort. Tu vois combien il y a eu de choses dont il faut se rendre maître pour pouvoir mener une vie heureuse et pieuse (...). »
Lui enfin : « Que de loisir on gagne à ne pas observer ce que dit le voisin, ce qu’il fait ou ce qu’il pense, à voir seulement ses propres actions, pour qu’elles soient justes, pieuses et conformes au bien. (...). »
Moi : j’essaie de vivre humblement, en profitant simplement de l’instant présent et sans trahir ce que je suis… je respecte à chaque instant ces valeurs humanistes qui sont miennes… je suis un juge intraitable pour moi-même et j’évite de juger les autres…

Lui : « Ta vie peut toujours avoir un heureux cours puisque tu peux toujours prendre le bon chemin, juger et agir avec méthode. (...). »
Lui encore : « Adapte-toi au lot qui t’a été assigné ; aime les hommes que le sort a désignés pour vivre avec toi ; mais aime-les d’un amour véritable. »
Lui toujours : « Ce qui arrive à chacun est utile à l’ensemble ; voilà qui suffirait. Mais de plus, si tu observes ce qui se passe d’ordinaire, tu verras que tout ce qui arrive à un homme est utile aux autres hommes. (...). »
Lui enfin : « Etre semblable au promontoire contre lequel se brisent continuellement les flots ; il reste immobile et autour de lui s’apaise le gonflement des vagues. »
Moi : je fais en sorte d’être le maître de ma vie… j’aime et j’offre mon cœur à tous, d’où qu’ils viennent… j’aide les autres à partir de mon expérience personnelle et de mes observations… j’aime être un pilier de sagesse pour ceux que j’aime…

Lui : « Lorsque tu veux éprouver de la joie, songe aux mérites de ceux qui vivent avec toi, à l’activité de l’un, à la conscience d’un autre, à la générosité d’un troisième, ou à telle autre qualité. Rien ne rend plus content que les images des vertus, apparaissant dans les caractères de nos compagnons de vie et se rencontrant, autant que possible, toutes ensemble. Aussi faut-il les avoir présentes à l’esprit. »
Moi : j’ai confiance en la vie à travers ce qu’elle m’offre chaque jour de plus beau… l’affection et l’exemple de ceux que j’aime sont mon sang et mon oxygène…

Tes paroles me bouleversent... Tu as quitté le monde il y a 1826 ans... Tu étais le maître de Rome... tu étais un maître tout court... tu étais, tu es et tu seras l’empereur philosophe Marc Aurèle.