dimanche 9 décembre 2012

Papa

Comment imaginer l'inimaginable ? Comment ne pas voir ton sourire ? Comment ne pas entendre ta voix à la fois sûre et tendre ? Comment ne pas songer à ta douce affection ? Comment ne pas penser encore et encore à tout ce que nous avons partagé ensemble ? Comment oublier tout ce que je te dois ?
Depuis trois mois déjà, ces questions résonnent dans ma tête.
Dire que tu es absent me pèse ; dire que tu n'es pas là me révolte.
Tu es moi ; je suis toi, du moins pour moitié.
Quand je songe à tout ce que tu m'as appris, j'ai l'espoir que tu sois encore un peu avec moi et que ceux qui m'entourent puissent encore te voir un peu à travers moi.
Je ne cesse de te dire que je t'aime, espérant que ce lointain écho puisse t'atteindre.

Tu étais l'homme de ma vie...

"Mon coeur t'appartient ; il n'erre pas ailleurs" (Roumi)

jeudi 24 mai 2012

La démocratie : un luxe surfait, inutile et coûteux...

[Je n'ai pas perdu le goût de l'écriture même si j'ai moins de temps à y consacrer. J'ai retrouvé une ébauche de note (vieille d'au moins un an) consacrée à la démocratie et il m'a semblé intéressant de la finaliser, à la lumière de l'actualité récente ou un peu moins récente.]

En ces temps où un seul et unique mot agite bien des gens - je veux parler du concept de "démocratie" -, il ne me semble pas inutile de rappeler qu'elle est loin de représenter une réalité transcendante.

Petit retour en arrière : la Démocratie ou régime politique caractéristique des Athéniens. Ce "gouvernement du peuple" était un régime phallocrate - les femmes n'y tenaient aucun rôle -, xénophobe - l'Athénien méprisant, comme tous les Grecs d'ailleurs, les individus ne parlant pas grec et n'ayant pas la même attirance pour les divinités du panthéon grec... et ayant créé le statut de métèque pour les étrangers riches, traités comme des mineurs juridiques -, à tendance oligarchique - pouvoir concentré dans les mains d'une fraction aisée de la société -, esclavagiste - l'esclave pouvait certes se racheter au prix fort -, belliqueux -les cités grecques privilégiant l'affrontement militaire et plus encore si elles n'étaient voisines que de quelques kilomètres -  et impérialiste - les Athéniens voulaient faire le bien partout, à leur avantage -. .

La République des Romains - "la chose publique" -, elle était du même tonneau que la démocratie athénienne, y compris durant la période impériale où les monarques successifs ont maintenu la fiction d'un pouvoir partagé entre le peuple, son assemblée principale - le Sénat - et l'empereur, assimilé au premier des magistrats. Dans les faits des dynasties de notables se répartissaient les pouvoirs à tous les niveaux de l'Etat, fournissant au peuple les distractions ("du pain et des jeux") nécessaires à sa léthargie politique.

Je m'arrêterai là pour les faits historiques... simplement destinés à rappeler que les concepts ont un sens et une histoire et que le fait de les invoquer à tout bout de champ est passablement absurde, par exemple quand on déplore le sort de la Grèce actuelle qui serait notre modèle politique depuis toujours. Si elle a sans doute peu évolué - on voit combien la xénophobie et le clientélisme la pourrissent actuellement -, on ne peut déplorer là des errements qui seraient apparus seulement dans un passé récent... et on ne peut pas se revendiquer de ce modèle sous prétexte qu'il est l'héritier de ceux qui ont finalement laissé un nom plus qu'un véritable concept !

Quant à l'euphorie se traduisant par d'intarissables commentaires sur ce qui va et ne va pas, ce qu'il faudrait faire ou non, ... elle relève au mieux de la naïveté et au pire du cynisme. Cela fait déjà un certain temps que je vote "blanc" ou que, étant absent lors d'une élection, je ne cherche pas à me faire remplacer par une personne munie d'une procuration. La perspective de voter ne me séduit même plus. Je me souviens de ce jour où, du haut de mes dix-sept ans à peine entamés, je suis allé à la mairie me faire recenser et m'inscrire par anticipation sur les listes électorales... J'étais fier pour une fois... soucieux de mettre à profit ce droit à l'expression et satisfait d'être ainsi reconnu en tant que membre à part entière de la société des adultes. Je me voyais même dire "enfin...", moi qui avais toujours été attentif à la vie publique depuis l'enfance. Le temps a passé cependant et avec lui certaines illusions d'un jeune âge qui, pour avoir été vite emporté par ma précocité, n'en demeurait pas moins un brin naïf.

Aujourd'hui je contemple les professions de foi de diverses listes : des feuillets pas très différents des publicités qui envahissent nos boîtes à lettres et qui prétendent tous, à leur façon, nous convaincre de leur supériorité. Pourtant, à bien y regarder, les fondements idéologiques affirmés sont les mêmes : souci de la cohésion sociale, particulièrement à l'égard des plus vulnérables, respect de l'environnement, volonté de développement économique, aménagement cohérent de l'espace, ... Ils disent tous la même chose, insistant simplement plus ou moins sur tel ou tel point. Ils sont aussi tous d'accord pour dire que cela ne va pas fort, que les temps sont difficiles et qu'il faudrait faire des efforts... mais on attend toujours ces efforts et ceux qui sauront nous les imposer.

Le fruit des élections c'est l'émergence d'une majorité, témoin de l'opinion majoritaire du moment. À vrai dire, les élus représentent plus une coterie que l'ensemble des électeurs de leur ressort même si le jeu de la démocratie impose à tous de reconnaître l'élu comme celui de tous. Pourtant ces personnes élues qui ont toujours prétendu être à l'écoute de tous deviennent souvent un peu sourdes une fois aux responsabilités. On peut même dire que le pouvoir sorti des urnes est une forme d'autoritarisme précaire. Il peut certes être défait par les élections ultérieures mais certains actes peuvent être lourds de conséquences et difficiles à tempérer par la suite. Surtout est-il important de noter l'arrogance des élus et de leurs opposants, chacun s'affrontant au nom de certitudes paraît-il inconciliables, de valeurs dont tel ou tel serait le détenteur, ... autant d'éléments d'une pensée qui n'est pas celle de l'intérêt public mais celle des intérêts d'un groupe qui s'estime supérieur aux autres et préfère l'affrontement à l'esprit de synthèse qui est certes moins valorisant pour l'ego mais permet d'avancer de manière plus collective. Le ton martial ("combat", "lutte", "adversaire", ...) montre assez combien il ne s'agit pas d'apaiser le groupe mais bien de le dominer. Rassurons nous cependant : nos adversaires politiques préférés appartiennent généralement aux mêmes milieux socio-culturels et ont suivi les mêmes parcours initiatiques et universitaires, de quoi duper largement notre confiance.

La démocratie n'a pas forcément fait toute la preuve de son utilité. Pour moi qui ai la trentaine, je n'ai fait que vivre sous des gouvernements qui ont creusé les déficits et dont les acteurs ont l'impudence de se représenter à nos suffrages pendant des décennies en prétendant vouloir appliquer de vieilles recettes périmées qui ont fait la preuve de leur inefficacité. Et on paie pour cela... on paie pour organiser des élections, donner la parole à des incapables, gaspiller des tonnes de papier pour des bulletins et enveloppes qui sont au final notre venin quotidien.

Certains feignent l'humilité ; ils ne sont pas plus innocents et ni moins incompétents que ceux qui aboient de leur cou de dindon enflé de testostérone. Si un changement majeur nous attendait véritablement, il aurait déjà eu lieu... ou alors c'est un changement qui n'en finit pas de se produire, chacun prétendant faire table rase du passé proche mais personne n'y parvenant en vérité.