jeudi 30 juillet 2009

Je me suis ennivré de ton innocence

La semaine s'achève presque déjà sans que ce blog ait été alimenté comme il se doit. Je n'ai pas eu une minute à moi ces derniers jours et ce sera ainsi sans doute durant tout ce qu'il reste de l'été, si l'on peut encore parler d'été à Paris... juillet aura été particulièrement gris, frais et pluvieux.

Dans cet environnement morne, je remuais dans mon esprit diverses questions qui sont actuellement au cœur de mes préoccupations. Le temps est toujours un puissant levier qui agit sur nos humeurs... il se trouve que, soumis à un certain nombre de difficultés passagères, la couleur du ciel fait ton sur ton avec mon âme.

Enfin j'ai reçu ce matin un petit mail inattendu. C'est lui... il me demande comment je vais. Mes yeux s'allument alors que je viens à peine de me lever. Il a écrit ce message en pleine nuit... je l'imagine un peu solitaire. Je lui réponds... je commence à lui écrire un roman, comme d'habitude puis je me ravise car je souhaite lui téléphoner. A quoi bon lui écrire en détail ce que je lui dirai bientôt au téléphone ? Je coupe donc ce message et l'envoie. La réponse ne tarde pas... ses encouragements viennent me conforter. Il me taquine et me provoque ; il me dit que c'est le message le plus court qu'il ait jamais reçu de moi !

Je ferme les yeux et je pense à lui... qu'il est doux... qu'il est bon ! Pourquoi n'est-on pas réuni à cette heure, en ce jour ? Pourquoi devons nous nous sourire au lointain ? Certes je suis heureux de te lire, certes je connais bien ce vertige de la distance qui nous sépare... mais je ne me sens pas aujourd'hui l'envie de m'en contenter. Pourtant il le faut !

Il y a peu j'ai cru te voir près de moi... mes hallucinations reprennent ! Je vois ceux qui me manquent... au loin ta silhouette ou ton visage... je regarde bien... mon cœur trépide... je regarde mieux... c'est une erreur ! Esprit cruel qui me berce d'illusions vaines ! J'ai dévisagé ton double pendant une heure dans le train, apprenant au passage, en tendant l'oreille, qu'il était de Zarzis... cela ne m'a étonné qu'à moitié ! Il est sûr en tout cas que c'est toi que je voyais en lui.

J'ai relu d'anciennes lettres que nous avions échangées il y a bien longtemps déjà ; je me suis ennivré de ton innocence, de ta douceur. J'ai laissé tes mots me caresser à nouveau avec émotion. J'ai considéré combien tu étais resté fidèle à toi-même depuis ce temps, combien tu étais conforme à cette image charmante qui émane si justement de toi. J'ai songé à ma chance. de te connaître.. j'ai pensé aussi à la distance qui nous sépare et aux sacrifices qui en découlent.

J'ai laissé un frère à Tunis.

Je t'aime.


mercredi 22 juillet 2009

Le Tunisien est taquin

J'ai découvert cet aimable poisson rouge au sourire carnassier scotché dans mon dos ce midi. Mon collègue tunisien a eu la bonté de me donner une tape "amicale" dans le dos et en a profité pour accomplir son vil forfait.

Résultat : je suis sorti du boulot avec ce poisson dans le dos et l'ai gardé sans le savoir trois quarts d'heure. Quarante-cinq longues minutes pendant lesquelles j'ai dû être la source d'amusement pour ceux qui m'ont croisé un peu partout... Heureusement j'ai mangé à la cantine le dos contre le mur ! Je ne sais quel miracle m'y a poussé mais en tout cas c'est heureux. Bon enfin je me fais peut-être des idées... les gens qui mangent à la cantine et tous les autres dehors, tous ces citadins blasés de tout, ont souvent la vue basse, négligente, fuyante, ... je peux donc espérer que ce poisson bien visible pourtant n'ait pas attiré trop l'attention.

Autant dire aussi que je rumine ma vengeance... Ce ne sera pas simple car le Tunisien est aussi taquin que malin ; je risque donc de ne pas pouvoir à mon tour lui coller un poisson dans le dos. Il va évidemment beaucoup se méfier. Je dois donc trouver autre chose...

lundi 13 juillet 2009

Une Celtia au goût amer...

J'avais oublié l'espace d'un instant la peur de te perdre... Le ciel tunisien me redonnait des forces, développant ma joie de te revoir bientôt, une joie cependant pétrie d'angoisse, il est vrai. Ma sérénité s'accordait avec la contemplation de ces grands espaces aux teints pastels, ; elle convenait à merveille au dialogue intime que j'ai toujours su mener avec les pierres aux veines marbrées ou encore les arbres vénérables qui s'élèvent vers nos rêves, autant de reflets fertiles dans le ciel.

Puis vint l'annonce, brutale, dans cette beauté à demi-déserte, profanée par le nom de ton départ. Puis vinrent mes larmes au milieu de la nuit ; personne ne les voyait mes larmes... personne n'a passé sa main sur mon épaule. Des bras accueillants pour m'étreindre il y en avait, certes, mais à Tunis... et encore n'auraient-ils pas compris l'étendue de mon désarroi, à 1500 kilomètres de toi, l'espoir brisé dans cet écrin trompeur.

Une Celtia au goût amer... je l'ai bue en ta mémoire, pour ces dix ans passés à apprendre de toi. Tu m'apprenais en vérité à apprendre sans toi ; ce sera désormais le cas, une éventualité qui ne s'était jamais offerte à ma conscience jusqu'à présent.

Puissent les hommes, pressés et négligents, accorder malgré tout un pan de leur mémoire à ceux qui les ont fait grandir !



mardi 7 juillet 2009

Notre chemin

Notre chemin a de la chance ; il est le seul à savoir où il mène et par où il passe.

Ceci dit on sait parfaitement qu'il mène à la mort en passant par des moments de tristesse et d'autres de bonheur ; ce qu'il nous manque c'est de savoir en fin de compte à l'avance ce que sont ces moments de tristesse et ce que sont ces moments de bonheur. Sans doute le saurons-nous bien assez tôt ! Ce ne serait sans doute pas un grand avantage d'avoir le don de connaître à l'avance ces différences étapes d'une vie. Cette ignorance où nous sommes permet d'ailleurs de se dire que tout reste permis en terme d'espoir et que notre marge d'action demeure immense.

J'étais il y a peu une petite vague lavant la plage de La Marsa (qui en a bien besoin !)... je m'y suis trempé les pieds et le bas des jambes à l'ombre du soleil déclinant. C'était. simple et beau ; c'était vivifiant et inattendu. Je m'étais en effet promis de ne plus jamais me baigner en plein jour mais les conditions n'étant alors pas foncièrement défavorables, je me suis laissé aller à cette douce perspective. L'eau jouait avec moi, allant et venant, parfois douce et parfois rude. Cela a duré un bon moment mais l'échelle du temps est démultipliée dans de telles circonstances où l'on se met à savourer chaque instant. J'étais pensif, essayant de digérer toutes mes émotions plaisantes ainsi que les deux chocs rudes qui se sont abattus sur moi, dont l'un en plein dans ce bonheur.

J'ai songé à ce bonheur, rare et éphémère, et il se rappelle à nouveau à moi, chaque jour depuis. Là-bas repose une part de moi, de mon âme. J'y ai abandonné non sans peine un rêve après l'avoir vécu autant qu'il était possible. La douceur de ce souvenir me poursuivra longtemps ; peut-être même pourrais-je le revivre à nouveau mais toujours à titre temporaire ; tout l'art consistera à ne pas regretter ce qui ne peut pas être et à s'envelopper du voile doux de ce qui a été, de ce qui pourrait être à nouveau, entre souvenir et espoir minimaliste. Faire de ce minimum un tout, un continent, un univers, celui là même où je dessinais de savants itinéraires, où je partais à la découverte de l'inconnu, à la recherche de fruits sucrés, à la recherche d'émotions me coupant le souffle. Mon bateau avait trouvé son île ; elle disparait aux grandes marées de mes larmes mais reparaîtra là-bas où ailleurs au jour de mon sourire retrouvé.

Mer, tu m'as bercé... Sable, tu m'as épousé... Vent, tu m'as étourdi... Où que je sois, je suis à toi, mon coeur, mon âme...