La plupart des jeunes filles ou femmes maghrébines représentées dans les cartes postales anciennes, dans la première moitié du XXe s., étaient des prostituées juives ou musulmanes, photographiées dans les quartiers réservés des grandes villes d’Afrique du nord. Ces femmes, qui posaient souvent les seins nus ou plus rarement entièrement dénudées, étaient l’image de la féminité orientale que l’on souhaitait diffuser en Europe : des femmes belles, aux formes généreuses, portant des tenues raffinées, faisant écho aux nombreuses « beautés orientales » immortalisées par les peintres classiques tels que Delacroix ou Ingres.
Kadoudja est différente de ces femmes. Elle ne dévoile de son corps que sa tête et ses bras ; elle semble même se désintéresser du regard que l'on porte vers elle. Elle regarde droit devant elle avec une certaine fierté. A quoi ou à qui pense-t-elle ? Son mystère reste entier... Kadoudja devait avoir à peu près 20 an en 1900 !
Cela m'est égal, Kadoudja... moi je t'aime au-delà du temps qui nous sépare ! J'aime ce que tu es tout simplement... une femme sublime, une femme qui mérite le respect, une femme tout simplement...
Carte postale ancienne (cliché vers 1900) « Kadoudja »
Poème dédié à Kadoudja
Ma belle Kadoudja, lorsque je t’ai regardé,
Mes yeux n’ont su se résoudre à te quitter.
Je resterai donc ainsi toujours à contempler
Tes longs cheveux et puis tes yeux de jais.
Je mettrai à ton front ce bijou scintillant ;
Je passerai autour de ton bras tremblant,
Tous ces bracelets d’argent cliquetants,
Et poserai enfin mes lèvres sur ta joue.
Oui, Kadoudja, ne dis rien, je le sais,
D’Alger ou de Tunis tu es prostituée.
Mais quel homme peut donc te juger ?
Non ! Ton regard ne doit pas s’abaisser.
Moi aussi je m’en moque et je t’aime !
Et je frôle tes dentelles transparentes.
Pour rendre tes émotions apparentes.
Ma Kadoudja, suis moi, je t’emmène !
Roumi