lundi 26 mars 2007

La première note (II)

Après avoir vu la semaine passée quels étaient les premiers mots de la première note, il convient de se pencher maintenant sur le mode de présentation personnelle des bloggeurs.
Tout comme on l’a dit des premiers mots la semaine passée, la présentation personnelle de l’individu est une chose qui compte toujours beaucoup dans les contacts humains ; ils permettent de savoir un peu mieux qui est la personne « face à soi ». Par présentation individuelle, on entend des informations personnelles telles que l’identité, l’âge, le lieu d’origine et/ou d’habitation, les études, le métier, la situation familiale, ... Plusieurs comportements peuvent être distingués en ce qui concerne la présentation individuelle du bloggeur dans sa première note :

- absence de présentation individuelle. On a vu la semaine passée qu’un certain nombre de bloggeurs entament leur blog sans formule de salutation initiale ; on ne s’étonnera pas de retrouver les mêmes ou à peu près dans cette catégorie de bloggeurs qui ne font pas leur présentation individuelle dans la première note :
Adib, Amira aux Emirats, Anis, Antikor, Asthenia, Aziz, Cameleon, Dadddou, Elyes, Ex-blonde, Exilée, Hannibal, Heliodore, H&M, Imperator, Iznogood, Kristou, Lili, Marou, Péché Mignon, Rached, Roumi, Senem, TunisianTouch, Youyou.
Il s’agit généralement d’une volonté de ne pas se présenter formellement, comme l’indique Imperator : « Parler de sa vie ? ce n’est pas si intéressant. ». Pour d’autres, cette présentation n’est qu’une question de temps ; ainsi Aziz précise dans sa première note : « Pour ce Premier post et avant de vous parlez de moi (...) ». Certains bloggeurs ne jugent donc pas nécessaires de se présenter immédiatement mais envisagent de le faire progressivement, dans le cadre de notes intimistes. La présentation individuelle peut aussi être considérée comme inutile dans la mesure où certaines informations apparaissent dans la page du compte « bloggeur » ou dans une page « à propos » sur le blog lui-même. Il faut enfin rappeler, comme on l’a dit la semaine passée, que certains bloggeurs commentent les autres blogs avant d’en créer un, ce qui leur ôte l’idée de se présenter à nouveau lors de la création de leur propre blog. D’autres ont sans doute la ferme intention d’en dire le moins possible.
On notera aussi que Cameleon attend sa deuxième note pour faire une présentation détaillée d’elle-même.

- présentation succincte ou détaillée : La présentation succincte ou détaillée consiste à donner plus ou moins d’informations personnelles.
L’identité, qui est l’élément fondamental dans une présentation classique, est très rarement indiquée dans le cadre d’une première note de blog. Quand elle est donnée, il s’agit généralement du prénom : Lamine (prénom indiqué dans l’adresse mail visible sur le blog), Wafa, Xander, Zyed (titre du blog et signature des messages). Plus rarement le bloggeur indique son prénom et son nom : Houssein, Nizar Chaari (identité contenue dan l’adresse du blog), Ulyssen (identité contenue dans l'adresse du blog), Tarek (identité contenue dans l’adresse du blog). On sait que l’anonymat est précisément l’une des choses qui favorisent l’apparition des blogs et la plupart des bloggeurs tiennent à préserver ces informations ; le plus explicite à ce propos est Mejhoul (« l’inconnu »). Dans le même ordre d’idée, il est rare de voir la photographie d’un bloggeur sur son blog... et encore moins dans le cadre de la première note ; on peut mentionner Nizar, qui a mis une photo de lui dans sa première note (et dans au moins la moitié de ses notes jusqu’à présent :p), ainsi que Senem et Ulyssen qui ont publié leur photographie dans leur deuxième note.
L’âge est rarement indiqué : SaFOne, Wafa, Xander. Cependant on peut souvent retrouver cette information sur le profil bloggeur ou dans la page « à propos ».
Un certain nombre de bloggeurs se présentent en tant que tunisiens, ce qui indique qu’ils ont conscience de s’adresser à un public potentiellement plus large que celui des bloggeurs tunisiens : Houssein, Mejhoul, SkyDancer, Wafa, Xander. On doit lier à ce constat le fait que quelques bloggeurs rédigent la première note non pas en français, comme c’est généralement le cas, mais en anglais : Hannibal, Tarek, Xander, Zyed.
Certains bloggeurs précisent également quelle est leur occupation principale : étudiant (Mejhoul, Tarek, Wafa, Xander) ; étudiant et salarié (Houssein) ; animateur (Nizar).
SaFOne déclare de même à ce propos « vous allez apprendre a me connaître a travers mes posts ».
On notera le cas particulier de Soulef qui dit beaucoup de choses sur elle dans sa première note, mais sous une forme littéraire et non selon un système de présentation conventionnel.

- présentation de l’arrivée sur la blogosphère : Quelques bloggeurs remplacent leur présentation personnelle par un récit, parfois détaillé, du long chemin qui les a mené jusqu’à ouvrir un blog :
Infinity, Nature, Ulyssen.
Ulyssen va même jusqu’à remonter jusqu’en 1999, année de sa première connexion à internet : « salut ! Voilà c’est mon premier essai des blogs, cette mode qui a envahi la toile depuis quelques années, c’est drôle quand même je me souviens encore de la première fois que j’ai navigué sur internet il y a 7 ans, c’était en 1999 dans un publinet a menzah9 (pour les gens qui connaissent un peu Tunis). J’étais ébahi devant cette fenêtre qui s’ouvrait devant moi et a l’époque je ne pensais pas que je ne pourrais plus vivre sans le web ! (...) ».
Quant à Nature, elle explique sans doute de la manière la plus explicite ce qui l’a conduit à arriver sur la blogosphère : « Sous les faits du hasard, il y a quelques semaines, j’ai découvert la blogosphère tunisienne. Sous les faits du hasard, il y a quelques semaines, j’ai découvert la blogosphère tunisienne. J’ai été émue par tant d’émotions et de partage d’idées enrichissantes. Pour moi, les portes du destin se sont ouvertes sur le "jardin blogosphérique", où les notes sont des fleurs, les commentaires représentent les rosées du matin qui ornent délicatement les pétales et les pensées ailées - symboles du partage et de grandeur d’esprit - sont assimilables à des fées. Les fées de l’obscurité (les soupirs, les pleurs, les désespoirs, les malheurs, le caché, l’ignoré…) comme les fées de la lumière (l’espoir, les sourires, les rêves, les ambitions, les passions,…) sont gardées par des bloggeurs qui en prennent soin et assurent leurs épanouissements. Chaque jour, à chaque blog visité, à chaque note lue, mon désir d’intégrer cette grande famille virtuelle accroît. ».
Ce genre de récit est bien une forme de présentation personnelle mais elle ne consiste pas, dans ce cas, à donner les informations de base sur son identité.

- présentation du blog et non du bloggeur : dans quelques autres cas, le bloggeur donne l’impression de s’effacer, au moins partiellement, derrière son blog. C’est le cas d’
Antikor : « AntikoR Weblog est né. Aujourd'hui, c'est le 1er janviers, une date particuliere pour certains, banale pour d'autres, ce qui est sure c'est que cette date ne sera pas banale pour AntikoR WeBlog, en effet, chaque 1er janvier , ce blog fetera son anniversaire . Pourkoi je parle ainsi de mon blog, comme si c'etait quelque chose qui a une ame, qui vit ?? je ne sais pas , peut etre parce que je voudrai que ce blog aie une ame propre à lui, un blog ayant une Ame ?? Un blog vivant, certes il le sera si je m'en occupe comme.. et comme tout bébé , bébé AntikoR WeBlog grandira .., son espérance de vie dépendra de la mienne, et aussi de celle de mon Pc , de mon temps libre , et de ce qui me passe par la tete ... C'est çà un blog, un etre virtel vivant grace à un ètre reel , son auteur, et à l'ensemble des "bloggeurs", ce sont les Blogsitters ! ». Ce mode de présentation est une rareté et masque peut-être l’envie de ne pas se dévoiler personnellement.

(à suivre)



lundi 19 mars 2007

La première note (I)

Dès que je découvre un nouveau blog et que je le trouve intéressant, mon premier réflexe est de consulter l’ensemble des archives de ce blog en commençant par la première note. Je lis ainsi toutes les notes du blog, dans l’ordre chronologique, pour apprendre à connaître, ne serait-ce qu’un peu mieux, la personnalité et les pensées du rédacteur. Cette lecture exhaustive que je fais est, me semble-t-il, une belle façon de manifester mon attention, de la même façon que je me montre attentif aux gestes ou paroles des gens que j’aime.
Mars est un mois extrêmement riche en matière de "blogoversaires", néologisme dont je doute qu'il soit accepté avant longtemps par le Dictionnaire de l'Académie Française mais enfin passons... Je profite de l'occasion pour publier une étude succincte de la « première note », cette photographie touchante et significative de l’éclosion d’un blog. A cette fin, j’ai relu la première note d’une trentaine de bloggeurs tunisiens, ce qui représente environ 10% de l'effectif de tn-blogs (350 blogs agrégés au 19 mars 2007).
Les premiers mots de la première note
Le ou les premiers mots comptent toujours beaucoup dans les contacts humains, en règle général ; ils sont souvent révélateurs de la personnalité de celui qui les prononce et marque l'interlocuteur. Aussi est-on naturellement attentif à ces premiers mots, prononcés par d'autres, tout autant que soucieux de ceux que l'on prononce soi-même. Partant de ce principe, les premiers mots écrits sur un blog ont la même valeur et il convient de distingueur les différentes façons d’inaugurer un blog :
- adresser des mots de bienvenue au lecteur, méthode la plus conventionnelle qui revient d’emblée à placer le blog comme un véritable espace de rencontre, avec dialogue calqué sur le modèle des contacts plus classique : « welcome », « hello », « bonjour », « bienvenue », « salut » (Asma, Hannibal, Imperator, Marou, Mejhoul, Nature, SafOne (deuxième blog), SkyDancer, Ulyssen, Zyed). SafOne (premier blog) substitue aux salutations écrites l’image d’un escalier sur lequel est déroulé un tapis rouge en signe de bienvenue. Il est important de souligner que les bloggeurs qui usent de salutations initiales sont souvent aussi ceux qui s'interrogent au commencement de leur blog sur leur place dans la blogosphère, sur ce qu'ils vont écrire, ...
- écrire directement une note, comme si l’on poursuivait un discours ou un dialogue déjà entamé auparavant (Adib, Amira aux Emirats, Anis, Asthenia, Aziz, Dadddou, Iznogood, Rached, Roumi, Senem, Soulef, TunisianTouch). Cette pratique suggère l’idée de continuité, d’enracinement déjà solide dans la blogosphère ; pour certains, déjà commentateurs des autres blogs, cet enracinement est bien réel ; pour d’autres, qui sont manifestement nouveaux sur la blogosphère, c’est l’affirmation d’une présence récente mais déjà parfaitement assumée.
- forme mixte des deux précédentes solutions, consistant en une note qui mélange une introduction et un texte classique (Elyes).
- divers : Antikor annonce tout simplement la naissance du blog, le comparant à un enfant (« AntikoR Weblog est né ») ; Caméléon débute par une question (« Pourquoi ce blog ? ») ; Infinity dit « merci » à Houssein qui l’a aidé à créer son blog ; Kristou s’exclame « Enfin ! » et Xander exulte de joie (« Here I am ! Here I am ! This is me. ») ; Lamine verse dans l'humour, en intitulant sa première note « rien du tout », de même que Youyou (« Le Blog est mort, vive le blog :) »). Péché mignon se souhaite à elle-même la bienvenue (« Bienvenue à moi ! »). Le premier mot du titre de la première note de Tarek est « My ! » (« Moi ! ») et le premier mot du texte de sa première note est « I » (« Je »)... very significant, isn't it ?!
La première note est parfois vécue comme une véritable épreuve, comme en témoigne Wafa (« Première note !! Enfin, fallait-il galérer à ce point ???!! »). Quant à Heliodore, pas inspiré par le côté formel de la première note, il décide de passer directement à la deuxième note : « Le premier message à poster est toujours le plus difficile à écrire. C’est pour cette raison, que je vais passer directement au second message ! ».
(à suivre...)

dimanche 11 mars 2007

Un excellent gâteau...




Aujourd’hui je me repose exceptionnellement et c’est aux lecteurs de ce blog d’écrire... les commentaires de plus de cinq lignes donnent droit à un bisou !

lundi 5 mars 2007

Hommage au postier tunisien

J’aime les lettres... j’aime les écrire... j’aime les lire... La Poste représente donc pour moi quelque chose de beau, quelque chose de noble... du moins en théorie car, plus les années passent et plus mon rêve se brise...

Merci à toi, postier négligent, toi qui éprouves les plus grandes difficultés à envoyer une lettre en France si le mot France a été malencontreusement oublié par l’expéditeur. Tu ne prendras bien souvent pas la peine d’ajouter toi-même le mot France, même si c’est évident, et d’acheminer cette lettre, contrairement à certains de tes collègues d’autres pays. Tu n’auras généralement pas la curiosité de chercher où se trouve une ville étrangère ou de reconnaître un pays par la structure de son code postal, pourtant bien caractéristique d’un pays à l’autre. Tu préféreras renvoyer cette lettre directement à l’expéditeur, s’il a pris soin d’indiquer son adresse. Merci de t’en tenir strictement à ton travail et ne nous rendre ainsi service quand on commet une petite défaillance.

Merci à toi, postier incohérent, toi qui distribues sans honte, avec une semaine d’écart, des lettres parties de France le même jour, depuis le même bureau, ayant pris le même avion, ayant certainement fait tout le trajet dans le même sac, blotties les unes près des autres, et ayant la même destination, Tunis et sa banlieue, à un ou deux kilomètres près. C’est vrai qu’on ne s’en rend pas compte mais, pour qu’une lettre fasse un kilomètre de plus que sa « cousine », il faut parfois une semaine supplémentaire. Quoi de plus logique ? Tu fais toujours tout ton possible, cela va de soi.

Merci à toi, postier rançonneur, toi qui « soulages » de leur argent tes propres concitoyens en leur faisant croire qu’une taxe de deux dinars, s’ajoutant au tarif d’affranchissement de 600 millimes, fera arriver plus rapidement une lettre en France. Tu as volé deux dinars à un de mes frères et sa lettre a mis treize jours à me parvenir, alors que le délai moyen d’acheminement n’est que d’une semaine au tarif normal. Tu as bien raison d’enrichir les caisses de ton entreprise en prétendant qu’une simple lettre peut arriver plus vite que le délai moyen ; tu es bien le seul à croire encore à ce genre de miracle.

Merci à toi, postier maniaque, qui n’as pas distribué deux grosses lettres pour un de mes frères alors que l’adresse était correcte, toi qui t’es ensuite acharné comme un sadique pour y tamponner en plusieurs exemplaires la mention « non réclamé » et qui m’a renvoyé le tout en France au bout de deux mois. Merci de m’avoir empêché de souhaiter convenablement un anniversaire à un être cher ; merci de m’avoir empêché de lui présenter des vœux de bonne année lorsqu’il en était encore temps. Rien ne presse évidemment.

Merci à toi, postier violeur, toi qui as ouvert le petit colis pour mon frère. Ta paranoïa t’y a fait découvrir un simple DVD culturel, tout ce qu’il y a de plus ordinaire... tu aurais dû en rester là, constatant qu'il n'y avait là rien d'anormal, mais tu a poussé le zèle jusqu’à ouvrir la lettre personnelle qui était jointe à ce DVD. Tu as violé gratuitement le secret de la correspondance ; tu as posé tes sales yeux et tes mains dégueulasses sur ma lettre. Tu as lu les mots d’amour que j’adressais à mon petit frère pour son anniversaire. Tu m’as violé... tu nous as violé... Tu dois être fier de toi quand tu rentres le soir, la tête pleine des mots des autres, et que tu embrasses tes enfants, sous les yeux admiratifs de ta femme... malheureusement pour toi, on ne te récompensera même pas pour tes basses oeuvres... mais moi je t’offre la médaille du plus misérable des cafards.

Le secret de la correspondance est garanti en Tunisie par l’article 9 de la Constitution ainsi que par les articles Premier, 10 et 29 du Code de la Poste (loi 98-38 du 2 juin 1998) ; selon l’article 29 du Code, la violation du secret de la correspondance tombe sous le coup de l’article 253 du code pénal qui prévoit une peine d’emprisonnement de trois mois.

L’article 9 de la Constitution, modifié par la loi constitutionnelle 2005-51 du 1er juin 2002, exclue néanmoins du secret de la correspondance « les cas exceptionnels prévus par la loi », cas précisés notamment par les articles 20 à 26 du Code de la Poste qui habilitent les autorités compétentes à « constater » l’existence d’« envois (...) qui sont de nature à porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publics ».