dimanche 4 août 2013

Généalogie

Pendant qu'il ne se passe rien en Tunisie - c'est le gouvernement tunisien qui le dit... et aussi mon ami F*** qui est très (trop) gentil pour voir le mal - continuons à mener une vie d'insouciance...


Ce texte aurait pu s'appeler le "repli identitaire" mais au risque d'être mal interprété. Ceci dit quand certains se replient négativement sur leurs origines, supposées ou réelles, et qu'ils se réfugient par exemple dans des grottes protégées par des champs de mines, d'autres cultivent une conscience positive de leurs origines, à travers des recherches ou encore des transferts de connaissances.

En ce moment, je me passionne pour la généalogie qui me permet plusieurs choses. La première est incontestablement de remonter une sorte de chaîne humaine dont le premier maillon, après moi, est mon cher et défunt père ; c'est une façon de l'avoir encore tout contre moi dans mes bras. Il s'agit ensuite de mieux comprendre qui je suis et d'où je viens. Si les générations récentes se sont en effet pas mal déplacées, mes origines semblent plus précises et localisées aux XIXe et XVIIIe siècles... mais il s'agit là de premières impressions, ces recherches étant relativement longues et progressant avec autant de patience que de prudence pour ne pas se laisser emmener vers de fausses pistes.

Au delà des noms ajoutés sur un arbre généalogique, tout l'intérêt réside dans ces petits détails qui peuvent éclairer la vie de nos ancêtres : leur métier, leur niveau d'instruction, le cercle de leurs relations, ...

À ceux qui pensent qu'au fond ce type de recherche consiste plus ou moins en un repli sur soi, assez proche finalement de la philosophie des extrémistes cavernicoles, je dirai qu'il y a de cela en ce sens que cette quête procure une sorte de confort de l'âme, une forme de sentiment d'enveloppement et d'appartenance à quelque chose qui nous dépasse et nous apporte en quelque sorte une force symbolique. Certains en font mauvais usage, il est vrai... il ne tient cependant qu'à nous de ne pas en rester à ce stade primaire de l'appropriation de la conscience du passé.

La comparaison doit en effet s'arrêter là car, la généalogie ne consiste pas seulement à regarder vers le passé et à se regarder soi-même à travers l'image que l'on parvient à concevoir du passé, en fonction de son propre vécu ; il s'agit aussi de s'ouvrir aux autres et à d'autres réalités... prendre en considération des réalités parfois peu flatteuses, comme la modestie de ses origines, intégrer la dureté de la vie passée et en tirer une image relativisée de nos propres difficultés, suivre les branches cousines de notre arbre et revenir vers notre époque, vers des gens qui vivent plus ou moins proches de nous, nos cousins ignorés, et qui ont suivi des destins parfois fort différents du nôtre, apprendre à connaître et à apprécier leur altérité...

Le principal intérêt et enseignement d'une démarche de type historique est de nous apprendre qu'à côté d'éléments qui semblent plus ou moins intangibles, le temps qui se déroule est systématiquement et naturellement porteur de changements, et que les évolutions actuelles ne font que succéder à d'autres plus anciennes. À nous d'en prendre connaissance, de se les approprier et de les maîtriser au mieux, sans oublier qu'on ne peut aller contre l'idée même d'évolution qui dépasse de très loin nos simples êtres.