lundi 30 octobre 2006

Un automne poétique

L’automne, tout comme le printemps, n’est pas une saison mais une intersaison ; il est une simple transition nous faisant lentement quitter l’été pour l’hiver. L’automne n’en est pas moins « ma saison », cette période de l’année qui m’a vu naître, celle où le soleil nous irradie à l’aube et au crépuscule de ses incroyables teintes rouge orangées, celle où le végétal retourne à la terre, celle où l’esprit divague entre le cycle de la vie et celui de la mort.
L’automne est la période poétique par excellence (avec le printemps, l’autre intersaison !). De nombreux poètes ont été inspirés par l’automne parmi lesquels Victor Hugo, qui publie à l’automne 1831 le recueil de poèmes Les feuilles d’automne ; Charles Baudelaire à qui l’on doit un Chant d’Automne, dans Les Fleurs du Mal, en 1857 ; Arthur Rimbaud, qui évoque l’automne dans le texte Adieu, inclus dans Une saison en enfer (1873) ; Guillaume Apollinaire, auteur de l’Automne malade, dans Alcools, recueil édité en 1913.

Voici les Rêves d’Automne d’Alphonse de Lamartine, publiés dans les Méditations poétiques, en 1820 :

« Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire.
J’aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits.
C'est l’adieu d’un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore et d’un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme et m’aurait répondu ?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr.
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux. »

Voici Les Sanglots de l’automne de Paul Verlaine, parus dans les Poèmes saturniens, en 1866 :

« Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone.
Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure,
Je me souviens des jours anciens et je pleure.
Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte
De-ci de-là, pareil à la feuille morte ».

Voici L’automne de Roumi, paru sur ce blog le 30 octobre 2006 J :

Un Automne de la couleur du sang,
Balayé par le souffle fort du temps,
Voici ce que tu es et moi je t’aime.
Dans mon esprit sombre tu sèmes
L’ivresse de mon bonheur résolu
Et de mes rêves à jamais déchus.
Je te cède, ô raffinée mélancolie :
Je bois ton poison jusqu’à la lie.
J’offre mes mains froides à ce vide
Mais las, je m’effondre seul, livide,
Sur cette terre tapissée de feuilles
Qui forment mon tendre cercueil ;
M’offrant une bien douce chaleur,
Je m’embrase des mille couleurs
De ces si frémissantes frondaisons
Que tu fais pâlir, Nouvelle saison.

Mon corps baigne dans mes larmes
A l’ombre de chênes et de charmes
Aux corps presque nus et décharnés
Qui voilent l’horizon lointain désolé.
L’amour est mort, l’amitié lointaine !
Chacune de mes actions bien vaines
Me guide là où j’erre sans raison :
Tu es mon labyrinthe, Arrière-saison.

Seul l’astre aux rayons mordorés
Peut encore m’exhorter à t’adorer,
Vie composée de ces jours mornes
Où nulle fantaisie n’est une borne ;
Ses rougeoyant faisceaux percent
Mon cœur douloureux et le bercent
Tandis que son bel halo annulaire
Est promesse d’une alliance légère.

C’est donc au soleil que ma destinée
Je confie pour cette longue odyssée
Sur la voie où l’on meurt et renaît,
Résistant pour que ce vent mauvais
Ne me détourne point de mon destin
Et d’un espoir jamais tout à fait vain.
Bel Automne, incarnation du sublime,
Tu me déchires entre abîme et cime.

1 commentaire:

Roumi a dit…

COMMENTAIRES PRECEDENTS RETRANSCRITS

cela me fait enormement plaisir d'etre le premier a lire ta note :)

Ecrit par : zyed | lundi, 30 octobre 2006
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@zyed : mon très cher Zyed, chacun de tes passages ici me fait énormément plaisir et me touche infiniment puisqu'il signifie que nos deux âmes ont partagé ces quelques mots et émotions. :-)
Merci mon petit Frère poète. Bon courage à toi et à bientôt.
Beslama.

Ecrit par : Roumi | lundi, 30 octobre 2006
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J'aime beaucoup l'automne comme saison .. l'odeur des feuilles mortes trempées par l'eau de pluie et tt :)
nice post :)

Ecrit par : ^oth | lundi, 30 octobre 2006
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@^oth : tu as très bon goût mon Ami ; sois le bienvenue au club des automnophiles. :-)
Moi aussi j'aime l'odeur de l'automne, l'odeur de la terre humide sur laquelle les feuilles se décomposent. :-) Et j'aime les pluies d'automne, surtout quand je suis dans mon lit le soir ; j'écoute la pluie tomber sur le toit et cela me donne une impression de confort et de bien être de me sentir à l'abri, protégé par le toit et ma couverture. :-)
Merci pour tes encouragements. A plouch.

Ecrit par : Roumi | lundi, 30 octobre 2006
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@Roumi:
Je viens de parcourir vite fait les notes de ton blog, et comme tt le monde a pu le remarquer, tes qualités de rédaction sont indéniables.

Néanmoins, et ça n'engage que moi( corrige moi si je me trompes), je te trouve un être hors du temps,pas du tt pragmatique, rêveur qui reste dans sa coquille pour noyer son chagrin et sa mélancolie.

Si je pu m'exprimer ainsi, il faut vrmt bouger dans la vie, c pas moi qui vais t'apprendre que la vie ne fait pas de cadeaux. Comme toi je suis très sensible et je me dis tj que cet aspect là me perdra un jour...C'est vrmt difficile de côtoyer et de travailler avec qq êtres humains genre "loups" et c'est tt à fait le terme approprié...

Mon grand le "mur des lamentations" est à jérusalem :))) donc je te conseille de foncer davantage,ne plus perdre ton temps à trop trop trop réflechir ... Ne sois plus attentiste...fais le premier pas dans tt ce qui touche à ta vie.......

Voilà + ou - ce que j'avais à dire,
je te le dis très sincèrement parceque ton blog m'a touché et tu m'a paru "d'après tes notes" un peu désemparé(même si tu ne parle pas parfois explicitement de toi).....

Bonne route et bon courage pour la suite

Ecrit par : De.passage | lundi, 30 octobre 2006
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@de passage : merci pour ton passage et ton commentaire développé.
D'abord je te remercie d'avoir lu quelques notes de ce blog et également pour tes compliments.

En fait je suis très compliqué puisque je peux osciller dans deux directions totalement opposées ; l'une de ces deux directions serait celle que tu décris ; l'autre serait radicalement inverse. J'ai ces deux choses en moi et j'essaie donc d'équilibrer pour me retrouver plutôt dans une attitude médiane en général.

J'ai tendance à parler de mes comportements extrêmes mais ils ne doivent pas cacher ma faculté à la modération. D'ailleurs l'un des adjectifs qu'utilisent le plus les gens pour me définir est "sage". Cela pourrait paraître incroyable mais c'est tout simplement parce que mes contradictions et mes excès passent par une sorte de canal où ils se mélangent et trouvent un compromis qui est la façon dont je me comporte vis-à-vis des autres. Et les gens alors me trouvent sage et viennent me demander des conseils et trouver du réconfort lorsqu'ils n'arrivent pas à trouver de compromis en eux. Ce compromis, il apparaît d'ailleurs souvent dans mes écrits et notamment dans le dernier vers de mon dernier poème : "tu me déchires entre abîme et cime". Ce n'est pas du tout le hasard si ce poème s'achève par cette formule paradoxale et c'est une façon de mettre clairement en évidence que ma voie à moi doit passer entre ces deux extrêmités.

Quand je parle ici de souffrances, de doutes, ... je témoigne au fond non pas de mon comportement ultime mais de ce qui le détermine, de cette lutte en moi pour arriver à ce compromis vers lequel je tends systématiquement. Ecrire permet en partie d'atténuer la violence de ces déchirures et contribue à me mener sur le chemin de cette tempérance.

Autre chose, je dirai que globalement je me sens heureux en dépit des difficultés et souffrances passagères. J'ai relativement de la chance dans ma vie depuis environ 10 ans et je sais m'en souvenir. Et même la chose qui me manque le plus, l'amour d'une femme et la paternité, ne me déprime pas tant que cela ; j'y pense, je trouve que c'est dommage que cela ne soit pas un aspect actuel de ma vie mais je relativise et surtout quand je vois la souffrance que l'amour peut aussi engendrer ; je ne suis peut être pas plus malheureux actuellement en étant seul qu'en ne l'étant pas.

Ne t'inquiète pas, je ne suis pas si désemparé que cela. Je suis même capable de me détacher de mes problèmes... d'en rire... de me moquer de moi-même. Il n'y a pas beaucoup d'humour sur ce blog sans doute... je vais rire ailleurs, chez les autres, en rencontrant des gens que je connais, en écrivant des mails. Je peux donner aussi l'impression d'être fragile et faible... c'est vrai je le suis mais je sais aussi être fort, implacable parfois même... Je suis une chose et son contraire mais souvent on ne retient de moi que l'un ou l'autre de mes comportements et cela sert par la suite à me classer pour la fin de mes jours dans telle ou telle catégorie. Je peux dire très sincèrement qu'il y a des gens qui me connaissent et qui ignorent la moitié de ma personnalité dans la mesure où ils ne veulent voir que l'autre moitié ; je trouve cela infiniment triste mais il est parfois difficile de convaincre les gens du contraire de ce qu'ils pensent. Ce blog est la face visible de l'iceberg Roumi ; l'essentiel est sous la ligne de flottaison blogosphérique. :-)

Oui tu as raison de dire qu'il faut bouger. Il est vrai que j'ai attendu longemps pour bouger par exemple dans le domaine de l'amour. Depuis déjà un certain temps, je me suis réveillé mais sans résultat en tout cas jusqu'à présent. Pour le reste, je suis dynamique et très impliqué dans tout ce que je fais.

J'espère t'avoir au moins un peu rassuré ! Désolé si mon commentaire est un peu embrumé... c'est qu'il est tard ! :-)

Ecrit par : Roumi | mardi, 31 octobre 2006
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Tu triches Roumi , ton dernier vers est inspire de Flaubert qui en parlant d'Emma disait qu'elle avait une existence au- dessus des autres , entre ciel et terre ,quelque chose de sublime , puis dans une seconde instance il reprend et dit qu'elle semblait traverser l'existence en y touchant a peine ..

Ecrit par : chantal | mardi, 31 octobre 2006
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@chantal : message nocturne = retour au bord d'un certain grand lac...
Je ne triche pas, ma chère Chantal. Tu sais pourquoi ? Parce que je n'ai dû lire de Flaubert que une ou deux courtes nouvelles dont je ne me souviens même plus... ah si je crois avoir lu la légende de Saint Julien le Pauvre et c'est de Flaubert il me semble.
Je suis littéraire... oui... mais j'ai très peu lu de littérature en fait... pas le temps... toujours en mouvement, toujours en train de penser à cinquante choses en même temps, à m'intéresser à l'histoire, aux sciences, ... Je lis des choses courtes, dans tous les domaines et donc j'ai toujours eu tendance à ne pas aller vers la littérature trop dense, préférant par exemple lire des pièces de théâtre.
Il me faut aussi beaucoup de concentration pour lire et j'ai du mal à trouver cette concentration, que ce soit dans le train, où je dors en général, ou le soir, où la fatigue rend inutile toute tentative de lecture juste avant le sommeil.
Il y a donc peu de chances pour que mes propos soient inspirés des écrits des autres. C'est d'une certaine façon un avantage de savoir que je ne peux écrire que mes propres pensées ; je n'ai pas l'angoisse de copier inconsciemment ce que d'autres ont pu écrire avant moi.
:-) Alors en conclusion je dirais que je suis simplement touché que tu me compares à Flaubert ! :-)

Ecrit par : Roumi | mardi, 31 octobre 2006
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l'automne est ma saison préférée

j'adore ses frimas matinaux

ses sols écorchés a vif

pour de futures semailles

ses lumières indirectes

profilant des ombres de géants

...

Ecrit par : nomad | mercredi, 01 novembre 2006
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@nomad : merci pour tes mots poétiques. :-)

Ecrit par : Roumi | mercredi, 01 novembre 2006
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Geniale la note Roumi !!

Ecrit par : Super Blog | mercredi, 01 novembre 2006
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@Super Blog : merci de ton retour ici ! :-)))

Ecrit par : Roumi | mercredi, 01 novembre 2006
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Vive le poète le plus génial du monde :-))))))!

Ecrit par : Nan | jeudi, 02 novembre 2006
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@Nan : je suis ravi de te savoir de retour et j'espère que tu as fait un beau voyage. Je te remercie beaucoup pour ton message, mon très cher Anis, mais tu sais que "la modestie est la mère des vertus" alors je pense qu'il y a beaucoup de poètes bien meilleurs que moi. :-)
A bientôt.

Ecrit par : Roumi | jeudi, 02 novembre 2006
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@Roumi , de ton automne , des rayons de soleils bien érigés couvrent ta destinée tendrement ...faisant de ta vie uniquement le printemps ...Quel talon ! avec tes mots , la terre s'irrigue à travers les bons sillons...

Ecrit par : soulef | jeudi, 02 novembre 2006
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@soulef : merci pour tes mots poétiques et tes compliments. Espérons qu'il poussera toujours de belles choses dans ces sillons. :-)

Ecrit par : Roumi | vendredi, 03 novembre 2006
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present est
IK

Ecrit par : imperator | vendredi, 03 novembre 2006
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@imperator : pas bavard le frérot... :-) mais je mets une petite croix devant ton nom sur la feuille de présence. :-)
Euh, il faudra que je te donne un cours de latin... je pense que tu en as besoin. :-)
A plouch.

Ecrit par : Roumi | vendredi, 03 novembre 2006
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Lire et relire cette note est un vrai plaisir!!! :)
J'adore le recueil de ces vers (y compris les tiens), ils sont tous sublimes. A chaque saison son charme, sa magie... qui enchantent l'âme.

Ecrit par : nature | lundi, 19 février 2007
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@nature : j'ai relu aussi ma note avant de te répondre. J'avoue que je commence à regretter d'avoir qualifié l'automne d'inter-saison (ce qu'il est pourtant) car cette année on peut se croire en automne depuis novembre (si j'exclue quelques passages très froids ici en France). Vendredi j'avais le manteau ouvert à Paris dans la journée.

J'ai relu mon poème ; j'avoue que j'étais impressionné par sa force. Je l'ai redécouvert et franchement je suis assez content de moi. :)

C'est sûr qu'à chaque saison appartient son charme et sa magie... sauf que j'aurais bien aimé écrire un poème sur l'hiver et je n'ai pas pu ! J'ai dû voir un millimètre de neige et cela ne m'a spécialement inspiré ! :))

Ecrit par : Roumi | lundi, 19 février 2007
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Eh bien en Tunisie c'est le printemps en continue même la chaleur est parfois insuportable, à croire qu'on n'a pas eu d'automne, ni d'hivers!!
T'as de la chance de voir la neige, moi j'en rêve de voir!! Elle ne t'a spécialement inspiré mais qui sait, peut être dans d'autres circonstances, elle l'aurait fait. ;)
Bonne continuation.

Ecrit par : nature | lundi, 19 février 2007
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@nature : voir un millimètre de neige, c'est comme ne rien voir ; ça fond avant même qu'on ait eu le temps de réaliser qu'il y avait de la neige et on n'a pas le temps de mettre en marche la machine à fabriquer rêves et poèmes ! :)

Ecrit par : Roumi | lundi, 19 février 2007