lundi 18 février 2008

L'heure de...

L’heure de se connaître… Quelques mots de toi m’intriguent et ton regard d’ange fragile me touche… je me lance, avec le désir de recevoir un peu de ton attention et t’offrir un peu de la mienne. Nous apprenons à nous connaître… et un hasard un peu triste nous offre l’occasion de nous retrouver assez vite à Paris.

L’heure de la rencontre… un soleil radieux m’éblouit et je me perds au milieu des étals vides du marché de la place Monge. Tu es là, je le sais, mais invisible. Je connais à peine ton visage mais je sais que je te reconnaîtrai… ton regard est gravé en moi et je n’ai plus qu’à le rechercher parmi tous ces regards inconnus, étonnés que je les dévisage fébrilement. Je fais le tour des entrées du métro à ta recherche… à la troisième sortie, je me sens ridicule de ne t’avoir encore pas retrouvé. Je tourne en rond et m’angoisse tandis que tu m’attends sagement, un livre entre les mains. Comment te faire relever la tête et être sûr que c’est bel et bien toi ? Je compose le numéro de ton portable… tu relèves la tête… c’est toi. Nous entamons quatre heures de promenade dans Paris avec au programme une sélection de mes lieux de prédilection que je désire t’offrir, un moment que j’aimerais inoubliable pour toi qui connais si peu Paris ; sans l’avoir prévu je ravive certaines de tes émotions, comme lorsque nous parcourons le parc des Buttes Chaumont, dont ta maman t’a déjà bien parlé. Nous nous égarons également, le temps de quelques minutes, dans cet univers urbain… errant jusqu’à la porte des Lilas. Autant de pas faits ensembles et qui nous ont rapproché l’un de l’autre. Autant de mots échangés qui nous ont donné confiance quand nous éprouvions une forme d’anxiété.

L’heure de la séparation… Un jeu étrange s’instaure au terme de notre rencontre… chacun essaie sans doute de se persuader qu’il ne redoute pas cette séparation pourtant peu agréable. Tu m’invites à partir, tout en me demandant en quelque sorte si je pourrais me passer de toi… et puis tu me retiens finalement par le bras et me guide vers le quai ou un train t’éloignera de ma vue.

L’heure du retour… le train encore… je m’y endors comme toujours. Vient ensuite la correspondance, instant bref où le temps est suspendu entre deux mondes, respiration où le rythme effréné des activités diurnes trouve son terme. La nuit est tombée en effet sur ce quai de gare et rien ne me détourne plus vers l’horizon. Ma conscience, tel un poids trop lourd, semble comme retenue tout contre moi. C’est le vide de toi qui frappe brutalement à ma porte. Tu me manques déjà.

L’heure de l’incertitude… Je considère, pris d’un certain vertige, l’incertitude du temps qui nous sépare désormais. Déjà partagée entre le bonheur et la peine, l’ivresse et l’angoisse, mon âme redevient cette mer agitée qui m’est si familière. Je te trouve bien silencieux et invente les épisodes tragiques de ta vie au gré de mes doutes. Je m’accuse de crimes imaginaires pour comprendre ton mutisme : j’ai été le dernier des nuls ! Je finis par me rendre à cette évidence jusqu’à ce que tu m’écrives que tu penses à moi et à cette tendresse amicale qui nous lie.

L’heure de la nostalgie… Il est quinze heures et j’ai le ventre vide… je traverse tout Paris pour rejoindre une de mes boulangeries favorites et y trouver mon bonheur. Je suis seul et quelques appels téléphoniques, restés sans réponses, ne me font guère espérer mieux pour les minutes à venir. Déjà une semaine… je remets mes pas dans les nôtres… je traverse la rue Geoffroy Saint-Hilaire et tu m’apparais… tes beaux yeux verts qui pétillent… ton allure gracieuse… Retour au jardin des Plantes où une froideur insupportable a laissé place à la douceur qui accompagnait ta venue. J’ai mal, les mains et oreilles gelées, … j’ai mal au cœur à ne savoir ce que je fais seul ici… je sors du jardin des Plantes et contemple le terrain dénudé des anciens locaux des universités de sciences, à l’angle des rues Cuvier et Jussieu. C’est la vision du temps qui passe et nous use, de ces ruines modernes comprimées sous un ciel obscur… mes pérégrinations romantiques me conduisent au pied de la tour de Jussieu et d’autres bâtiments qui ne sont plus que coquilles vides, fragiles écorces dont la vie s’est enfuie. La librairie de l’Institut du monde arabe me tend les bras et je m’y jette à corps perdu, noyant ma solitude du moment dans ses livres tunisiens. Une fois cela fait je retrouve ma bonne humeur et je répète en moi ces quelques mots d’espagnol appris pour toi :
"Te quiero mi hermano… de todo mi corazon".

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou roumi,
cette rencontre a l'air de t'avoir beaucoup touché, en tout cas tu réussis à transmettre à tes lecteurs beaucoup d'émotion. Ton dernier paragraphe m'a fait sourire, lorsque tu parles de ta petite virée parisienne dans les alentours de jussieu. J'avais certains cours dans l'ancien batiment de cuvier aujourd'hui à l'état de débris. Il faut dire que ce n'est pas une grande perte vu l'état des anciens locaux! Mais j'ai toujours le meme sentiment bizarre en passant devant, le sentiment que le temps s'écoule quoiqu'il arrive sans nous attendre...

Roumi a dit…

Bonjour.
Oui c'est vrai que j'étais touché, très touché même car cet ami est plein de qualités ; je ne vais pas en faire le détail, d'autant qu'il pourrait passer par ici et il faut qu'il reste modeste. :p

Je suis très heureux si je transmets quelques émotions. C'est le but que je recherche même si je ne sais pas toujours si cela est réussi ou non.

Pour ce qui est des bâtiments détruits vers Jussieu, ils ont gardé quand même l'ancien pavillon d'entrée, qui a un certain charme et un certain intérêt patrimonial, architectural, ... Pour le reste des locaux, même sans y être rentré vu que je n'ai pas fait d'études scientifiques, j'imagine bien qu'ils n'étaient pas en excellent état. Cela se voyait de l'extérieur ! Voilà donc tant mieux pour ceux qui profiteront des locaux ultérieurs. :)

En même temps, comme tu le dis et comme je l'avais dit aussi, cela fait un peu mal de voir le temps qui passe à travers ce champ de ruine. Pour moi cet endroit n'était d'ailleurs plus le même depuis quelques années... Il fut un temps pas si lointain en effet où l'on voyait sur le sol les rails d'un ancien tramway, à l'angle des rues Cuvier et Jussieu. Cela avait un charme fou et le jour où le bitume a recouvert ces rails m'a fait mal déjà. Curieusement, c'est dans cette même rue que de nouveaux changements viennent me rappeler encore ce temps qui passe et efface certains de nos repères, nous forçant à nous raccrocher à des souvenirs qui n'ont plus de support concret. Pour moi le pire dans ce domaine a été le jour où, passant non loin de l'endroit où je suis né, j'ai découvert un champ de ruine en lieu et place de l'hôpital où j'avais ouvert les yeux. Ce fut un choc très rude mais enfin on s'habitue à tout en fin de compte.

Iznogood a dit…

Très beau texte mon ami! Tu me surprendras toujours :D Je suis heureux que ton sourire et bonne humeur aient repris le dessus.

Roumi a dit…

@iznogood : merci pour ta venue ici, mon petit grand vizir. :) Je vais essayer alors de te surprendre encore... et pas plus tard que lors de la prochaine note. :)

ulyssen a dit…

rien a voir : je t'ai tagué sur mon blog :)

Roumi a dit…

@ulyssen : voilà, j'ai répondu sur ton blog Habibou. :)

zeneya a dit…

salut, j'espère que je dérange pas avec ce jeu de tag! on m'a tagué je te tague comme je connais pas encore des bloggers, t'es mon premier commentateur! donc voila si ca te dit les règles du jeu sont sur mon blog!

Roumi a dit…

Bonjour Zeneya. Sois le bienvenu sur mon petit nuage. Les réponses à ta demande se trouvent sur ton blog.