lundi 23 février 2009

Suivre son étoile...

Je n'ai rien préparé à l'avance cette semaine. Je suis donc à ce moment précis devant la fameuse page blanche et son vertige bien connu. J'ai pensé un instant à l'équilibre de ce blog qui nécessiterait la publication d'un texte vaguement culturel cette semaine à propos du patrimoine tunisien. Ce genre de texte a l'avantage de créer un pic de consultation sur le blog, ce qui n'est pas pour me déplaire, ayant besoin comme tout le monde d'encouragements de toutes sortes pour être plus motivé encore que je ne le suis à titre individuel.

Cela étant dit, les textes culturels ne s'improvisent pas et donc il faut laisser cela pour une semaine ultérieure ; en outre, je songe à des demandes personnelles... telle personne aime plutôt mes textes culturels... telle autre préfère des récits plus intimistes, comme ma chère soeur alsacienne (je t'embrasse si tu me lis !).

Bien donc on va faire dans l'intimiste encore une fois... dire que cela me déplaît serait d'ailleurs mentir. J'aime décortiquer les sentiments humains pour mieux les comprendre moi-même d'abord puis en parler à tous ceux qui ont la bonté de me lire.

Je dois dire que mon coeur est assez perturbé en ce moment. Le ciel s'est obscurci quelque peu et le soleil s'est éclipsé. J'aurais voulu le retenir plus encore que je n'ai fait, cela n'aurait même pas été possible. Je me suis investi pleinement pour faire vivre de fortes convictions, les partager... et... rien... le vide, le vertige, la solitude d'une âme qui ne trouve pas de réponse à ses questions, qui demeure privée de l'écho attendu.

Ce qui est cruel est de s'investir pleinement dans une démarche en laquelle on croit fermement et de ne récolter que du sel qui brûle et donne des larmes. Donner, se donner et ne rien recevoir est difficile. Il y a une expression française qui dit qu'il ne faut pas donner de la confiture aux cochons ; il est vrai que l'on donne parfois des plats trop raffinés à ceux qui ne les méritent nullement.

Passé le moment du désarroi, il est temps de refermer le pot de confiture, non sans difficulté car on ne sait en général pas faire ce geste. Celui qui donne sans compter se rend malade de ne plus donner ; il croit reprendre et même voler. La bonté a ses limites heureusement ; on finit par se ressaisir et retrouver une forme de dignité dont on était pour le moins privé, un reflet de son âme dont la perte était sensible.

C'est un processus de maturation plus ou moins lent selon chaque individu et il me faut sans doute plus de temps qu'à d'autres pour mener à bien cette démarche mais j'y vais sûrement, mettant dans la balance tout le poids de ce qu'il y a en moi de sagesse. Ce n'est pas du luxe d'être sage dans ces circonstances même si on le regrette parfois dans d'autres circonstances. L'essentiel est de parvenir à initier le déplacement des "pesanteurs" émotionnelles dans la bonne direction, au bon moment !

Bref j'étais donc dans cet univers un peu obscur, le soleil se faisant d'une pâleur pour le moins désespérante, la nuit tombant même et avec elle le froid dans mon cœur, quand mon regard s'est trouvé captivé par une de ces lueurs timides que l'on ne voit d'abord pas et qui semble presque improbable tant on ne voit que l'encre du ciel impassible. Cette lueur scintillait légèrement comme pour me dire "je suis là" ; effectivement j'ai fini par m'apercevoir que derrière ce scintillement qui était pour moi se cachait une étoile douce qui inspire l'apaisement, la confiance et une sorte de joie qui se nourrit d'espérances.

Une simple étoile... une poussière dans la nuit infinie... je ne la quitte pas du regard, attendant que le jour se lève...

lundi 16 février 2009

La haine de MSN

La haine n’est absolument pas mon rayon… mais enfin haïr un logiciel informatique ne porte préjudice à personne. Depuis longtemps déjà je souhaite parler de MSN et ce texte sommeillait ; je me suis contenté de le réveiller et de le toiletter un peu avant de le publier.

J’ai toujours gardé une certaine distance par rapport aux nouvelles technologies, face à l’idée que la nouveauté serait forcément liée à la notion de progrès. Je suis assez curieux pour découvrir tout ce qui se fait de neuf mais jamais aveugle au point de les mettre au centre de ma vie si j’estime que cela ne répond pas à mes aspirations profondes. Ce qui suit n’est donc pas la réaction épidermique d’un vieillard de 30 ans quasi expirant et qui peinerait désespérément à s’adapter à la modernité !

J’ai installé MSN à la fin de l’hiver 2006, à l’époque même où je débutais mon blog, il y a près de trois ans. Depuis cette époque, je ne me suis pas départi de ce sentiment de malaise à l’égard de MSN, devenu très souvent pour moi une source de peine, de tristesse voire même d’intense souffrance.

Aujourd’hui la façon de communiquer ressemble de moins en moins à ce qu’elle était il y a encore dix ou quinze ans. Même s’il m’arrive ponctuellement d’utiliser MSN, Facebook et autres joyeusetés de notre temps, je reste profondément attaché aux principes de communication de la fin de mon adolescence et du début de ma vie d’adulte : la qualité accordée aux échanges, l’attention portée à l’interlocuteur, la faculté à consacrer du temps aux choses les plus essentielles, … tous ces principes étant souvent malmenés avec les nouveaux modes de communication.

Si l’on rencontre quelqu’un physiquement, on adopte un comportement totalement différent, le comportement classique, « à l’ancienne » pourrait-on dire. Quand on croise une connaissance dans la rue, on se consacre pleinement à cette personne pendant un temps qu’on estime raisonnable, suffisant, … on ne se met pas à parler à cinquante personnes en même temps, on ne fait pas quinze choses différentes en même temps, on essaie de se montrer attentif.

Avec MSN, on s’honorerait presque de faire voler ce modèle de simplicité en éclat ; il n’est pas rare que certains interlocuteurs se vantent de battre des records de toute sorte : nombre de contacts référencés, nombre de conversations simultanées, ... Si beaucoup ne présument pas de leurs forces et se lancent dans de multiples conversations – ce terme étant d’ailleurs peu adéquat –, j’appartiens à l’espèce rare de ceux qui ne peuvent pas suivre plus d’une conversation en même temps. Les rares fois où j’en ai eu deux, je me suis senti perdu, pas assez attentif pour les deux.

Peu de gens disent qu’il faut se limiter dans ce domaine, par conscience de ses propres limites et respect pour ses interlocuteurs potentiels. Pour ma part j’ai besoin de concentration pour discuter avec quelqu’un et c’est ainsi que j’ai en général une unique conversation à un moment donné. Cela présente des inconvénients il est vrai car il faut dès lors instaurer une sorte de priorité, se consacrer à certains plutôt qu’à d’autres, se consacrer aux discussions qui visent à aider quelqu’un avant celles qui ne servent qu’à passer le temps, …

Cela peut passer aussi par la restriction du nombre de contacts ; je n’accepte sur MSN que des gens que je connais déjà, à qui j’ai volontairement donné mon adresse et avec qui ce mode de conversation sera en général un complément du reste et non l’essentiel. Il n’est pas question en tout cas que MSN devienne un mode de prise de contact vu l’ambiance globalement négligente qui y règne ; je me souviens d’avoir ajouté plusieurs personnes au début à leur demande et ils n’avaient en fait rien à me dire… preuve qu’il vaut mieux commencer par des modes plus classiques de prise de contact si on veut arriver à quelque chose d’intéressant.
On peut aussi gérer les contacts par le blocage de certains voire même de la quasi-totalité d’entre eux de manière temporaire.

Finalement en réfléchissant bien MSN a plus une fonction utilitaire à mes yeux ; je trouve que c’est intéressant quand je travaille avec un ami sur un texte par exemple ou encore quand je dois aider un ami qui souffre et qu’on a besoin d’un véritable dialogue pour avancer. On peut être sûr en général que ces conversations sont de qualité dans la mesure où il y a une réelle motivation à se retrouver à deux.

Pour les autres conversations, celles où on passe le temps, la motivation est moins évidente et on se permet donc des choses qui sont le reste du temps peu agréables.
Il y a d’abord ceux à qui l’on écrit et qui font les morts ; ils sont là sans être là. Certains mêmes se déconnectent aussitôt qu’on leur a envoyé un message sans même un mot ou changent de statut précipitamment sans dire un mot encore. Dans la vraie vie, quand on croise quelqu’un il est rare qu’on s’enfuie en courant pour ne pas le voir ou qu’on ne réponde pas à un bonjour… tout devient possible sur MSN !

Il y a également ceux qui répondent à chaque message au bout de dix minutes, ce qui logique puisqu’ils ont quinze conversations en cours ou qu’ils font autre chose. Alors on a des gens comme moi qui sont concentrés et répondent au plus vite pour que la conversation soit fluide et intéressante… et puis d’autres qui prennent tout leur temps pour répondre, qui ne sont pas attentifs et qui répondent brièvement. Parfois même les réponses sont hors sujets et destinées à d’autres interlocuteurs… la virtuosité a ses limites !

On ressent aussi parfois les fluctuations du niveau d’attention d’un contact. À un moment donné, il va se consacrer plutôt à l’une de ses conversations et les autres n’ont qu’à attendre voire à s’en aller. Certains le disent d’ailleurs carrément par des formules du genre « j’ai ma copine qui est là donc salut tout le monde »… et quand ils ne le disent pas on s’en rend parfois compte à leur silence brutale, d’autant plus quand la fameuse copine est aussi sur MSN et vient précisément de se connecter.

Il faudrait encore évoquer les disparitions brutales. On parle sur MSN à un interlocuteur et puis au bout de quelques minutes, il devient muet, ne répondant pas au dernier message et manifestement pas captivé par cette conversation ! Donc il n’y a là aucune salutation élémentaire comme l’usage le recommande en temps ordinaire.

Il y a également les conversations tendues… le gars qui vient nous prendre la tête à minuit pour un problème important en nous tirant dessus comme un sniper ; cela se termine souvent un peu mal, les esprits s’échauffent… parfois c’est l’impasse absolue et on se retrouve seul, désespéré à la suite d’une conversation qui remet en cause des choses profondes… une discussion sans le recul nécessaire, sans le calme nécessaire à une réflexion saine et constructive.
Dans la même veine, il y a le chantage : « tu ne veux pas faire telle chose… tu ne veux pas me dire telle chose ? ok alors je dois y aller… ok je vais me déconnecter car je suis fatigué et je veux dormir ».

On ne saurait oublier le florilège des phrases malheureuses du style : « ce n’est pas que je m’ennuie avec toi mais il est tard » ou « tu es bien gentil mais j’ai autre chose à faire… » ou encore « j’étais venu pour parler à untel mais comme il n’est pas là je vais parler avec toi ». Il y a la variante « Untel me manque beaucoup », sous entendu « c’est avec lui que je voulais parler, pas avec toi… mais puisque que tu es là je ne vais pas te forcer à partir et je vais faire l’effort de te parler… »… parler de la personne à qui il devait parler ! On peut dire qu’on ne s’ennuie pas sur MSN ; c’est le miroir de certains comportements humains mais disons qu’ils sont parfois peu visibles dans la vie courante et très exagérés sur ce genre de messagerie instantanée.

Hasilou moi j’ai l’impression qu’on se prend en quelques sortes des gifles assez régulières sur MSN. Même si les intentions sont rarement négatives, le résultat peut l’être ! Âmes sensibles s’abstenir ! Justement la mienne est sensible… Ce qui me frappe ce sont les changements de comportements des gens ; normaux dans la vie et parfois très négligents sur MSN, comme si c’était un monde à part, avec des usages de politesse différents. Pourtant nous y sommes autant des humains, à la recherche de contacts humains. C’est un peu grave si MSN contribue à dégrader l’image de certaines personnes. C’est sans doute lié à une forme de pression qui nait de cet outil, que l’on ne veut pas maîtriser et qui finit par nous maîtriser. Le fait notamment de gérer beaucoup de conversations en même temps génèrent forcément un stress qui va se ressentir éventuellement sur la façon de se comporter. Moi je suis déjà parfois stressé avec une conversation donc pas la peine d’imaginer ce que cela donne avec une deuxième conversation !

J’ai gardé le pire pour la fin… la dépendance à MSN. On se connecte… on regarde désespérément la liste de ses contacts… on attend et on espère que l’un d’eux se connecte… c’est la passivité à l’état pur et une forme d’état de manque qu’on espère combler. Dès qu’un de nos contacts arrive, on lui saute dessus vu qu’on attend depuis longtemps parfois. Que se passe-t-il ensuite ? On se parle mais en ayant dans la moitié des cas rien ou pas grand chose à se dire, surtout si on se parle tous les jours ou même plusieurs fois par jours. Je me souviens encore une fois d’un être cher qui m’a dit cette phrase d’anthologie « je ne t’écris pas de mail car je n’ai rien à te dire… par contre si tu veux on peut parler sur MSN »

lundi 9 février 2009

La lettre que je ne t'ai pas envoyée

J’ai retrouvé le brouillon d’une lettre écrite il y a déjà bien longtemps et restée à l’état d’ébauche. J’ai pensé la publier car elle est intéressante ; c’est la lettre d’un amoureux esseulé. Ceci dit, cette lettre n’étant pas achevée, elle n’a pas bénéficié des diverses réécritures auxquelles je procède souvent avant d’envoyer effectivement mes courriers. J’ai donc repris aujourd’hui ce texte et je l’ai retravaillé afin de le sortir du contexte précis qui l’a vu naître et lui donner une valeur plus générale.


« Je crois qu’il est grand temps que je t’écrive ; j’aurais pu le faire auparavant, chaque jour même depuis que nous avons dû nous éloigner temporairement l’un de l’autre. J’aurais pu également t’envoyer des SMS. Mais à quoi bon ?! Écrire dans le vide n’esst pas très stimulant et c’est même un reflet peu enviable de sa propre solitude. Ne pas écrire laisse planer le doute d’une non solitude et je m’y raccroche comme toujours – cela arrive souvent – où je suis confronté au silence des autres. Je n’aime pas mendier ce qui est élémentaire, ces élans vitaux tels que l’attention régulière et les marques de tendresse ; il y a un côté humiliant à solliciter cela, plus encore à recevoir ce qui ne serait qu’une simple « réponse » à ses propres sollicitations plutôt que de beaux actes touchants de spontanéité. J’entends souvent dire « écris-moi tant que tu veux, cela me fait bien plaisir de te lire » ; il s’avère que l’on donne parfois un trop grand confort aux gens en leur disant qu’on les apprécie, qu’on les aime, qu’ils nous manquent, … cette sécurité affective les installe dans l’inertie quand nous-mêmes vivons parfois dans le doute de la place que nous occupons dans leur cœur.


Chaque jour depuis notre éloignement temporaire, j’ai espéré que les choses soient comme elles avaient toujours été entre nous. Hors nous sommes passés depuis quelques temps du jour à la nuit, de la chaleur au froid, du dialogue au silence, … Cela est douloureux. Certes il faut convenir que chaque jour ne peut ressembler exactement au précédent… les sentiments sont loin d’être linéaires et il faut savoir s’adapter, porter son regard au loin, voir la vague d’espoir au-delà du creux troublant. Nos devoirs respectifs nous conduisent donc logiquement à maintenir pour soi et pour l’autre un cap, à fixer des repères suffisamment rassurants pour que chacun se sente guidé, orienté, le cœur éclairé par l’éclat d’une boussole au visage charmant et vénéré.


Tu as invoqué diverses raisons pour expliquer cette situation actuelle. Des raisons valables, on en trouve toujours quand on cherche bien ; il n’en reste pas moins que ces raisons creusent le vide et installent le silence entre nous, ce qui n’est pas très sain. Bien qu’ayant une vision ambitieuse de l’investissement que l’on doit mettre dans les sentiments humains, je demeure très raisonnable dans mes aspirations et ne recherche rien de fusionnel, de ces liens qui nous rendraient tout à fait esclave l’un de l’autre. Aimer l’autre implique que l’on sache lui conserver une certaine liberté, que notre regard lui conserve une part d’ombre, mystérieuse et envoûtante ; cet équilibre est une recherche constante, une recette dont les proportions varient en permanence, un défi à relever à deux avec la volonté de créer chaque jour, de se dépasser pour soi et pour l’être en qui notre âme trouve son meilleur reflet. Nous pouvons commettre de faux pas dans cette démarche ; nous sommes humains, avec nos faiblesses, nos maladresses. Peu importe si nous savons dépasser ces obstacles et nous consacrer résolument à l’espoir, maintenir un lien à un niveau suffisamment pour le rendre exceptionnel.


Nous ne sommes les victimes ni de la société, ni de notre univers familial ni de nous-mêmes. Il nous revient de trouver les chemins étroits par lesquels nous évader, avec le sentiment délicieux d’être ailleurs quand nous sommes en vérité ici, avec la sensation d’un cœur toujours léger même quand rien ne prêterait objectivement à la joie. Il faut se battre pacifiquement et rechercher sans cesse les moyens d’agir, refuser les excuses que l’on s’offre personnellement et placer l’action au service des autres au premier rang de nos priorités. L’équation du bonheur peut se résumer en trois mots : attention, réflexion, action. »

lundi 2 février 2009

Déclin des blogs, déclin des liens humains

Chacun a pu constater le tassement de l’activité de la blogosphère durant l’année écoulée, ceci étant dû en particulier au développement des réseaux sociaux au premier rang desquels se trouve Facebook. De nombreux bloggeurs convaincus ont ainsi déserté partiellement ou totalement leur blog. J’ai voulu illustrer ce phénomène de manière plus concrète en partant de ma liste de blogs préférés (voir la colonne de droite de ce blog).


On y trouve dix-sept blogs qui forment un ensemble constitué au hasard d’affinités de lecture ; on ne pouvait donc au départ présager de l’évolution de ces blogs et ils sont en cela représentatifs du destin variable que suivent les divers blogs tunisiens.


Le principal phénomène mis en évidence est le ralentissement de la mise à jour de ces blogs en 2008. Sur la période du second semestre 2008, qui devrait théoriquement représenter environ 50% des parutions de l’année, on remarque que pour la majorité des blogs (10 sur 17) il y a un déficit de publication tel que la production est équivalente à 1/3 (AntikoR, Bla-bla-Blog, Jounayd, Marou), 1/4 (Nihed), 1/5 (Shams) voire même 1/10 (Antar, Imperator) de celle du premier semestre. Deux blogs enfin n’ont eu aucune activité durant le second semestre (Iznogood, Xander).

Certains blogs sont relativement stables en revanche, de ce point de vue (Asthenia, Hannibal, Mani, Mariouma, Ulyssen).


Le second phénomène mis en évidence est la baisse significative du nombre de notes sur douze de ces blogs entre 2007 et 2008. Cette baisse va d’environ 20% (Bla-bla-Blog), 1/3 (AntikoR, Ulyssen), 50% (Asthenia, Hannibal), 60-65% (Antar, Marou), 80-85% (Imperator, Shams) et même 90-95% (Iznogood, Mejhoul, Xander). Une minorité de blogs semblent en situation stationnaire voire même en légère augmentation entre 2007 et 2008 (Jounayd, Mariouma, Nihed) mais ce constat doit être tempéré du fait qu’ils ont été créé dans le courant de l'année 2007.


Pour les blogs créés en 2005 et 2006 on peut constater également de fortes chutes du nombre de notes publiées sur une période plus étendue. Entre l’année de plus forte production et l’année 2008 la chute est souvent impressionnante : 1/3 (AntikoR, Ulyssen), 50% (Bla-bla-Blog), 60% (Marou), 85% (Asthenia), 90% (Antar, Hannibal, Imperator) et même 95%-98% (Mejhoul, Xander).


S’il y a donc une réduction de l’activité de ces blogs en 2008, il en est une autre sans doute moins perceptibles sur la longue durée des deux ou trois ans écoulés. La décrue du nombre de notes semble suivre une sorte de courbe exponentielle, s'aggravant d'année en année chez les bloggeurs ici considérés. Facebook n’est que le dernier en date et le plus visible et évident des facteurs de cette évolution.


Il faut donc chercher des explications complémentaires. Notons en particulier que dans cette liste la plupart des blogs sont relativement anciens, ayant été créés en 2005 (4) ou 2006 (7), les autres étant de 2007 (5) et 2008 (1). Leur existence moyenne est donc de deux ou trois ans environ, ce qui permet d’envisager chez certains bloggeurs une sensation de lassitude, le blog étant parfois vécu, selon les périodes, comme un bienfait ou un fardeau. Cependant peu de bloggeurs vont jusqu’à détruire définitivement leur blog, même s’ils n’ont manifestement plus la motivation initiale pour l’alimenter.


Des événéments privés, notamment professionnels, peuvent également expliquer pour certains la moindre activité de leur blog. Ceci dit cette explication ne pourrait sans doute, pas plus que les autres, être considérée comme l'unique justification de tels changements. Il s'agit sans doute plutôt de combinaisons de différents facteurs.


Cette notion de temps consacré au blog nous ramène en tout cas vers Facebook et les autres réseaux communautaires, qui n'ont pas attendu 2008 pour se développer même si cette année a été particulièrement marquée par eux. Il est clair que ces réseaux sociaux peuvent séduire en partie par le gain de temps qu'ils procurent. Plutôt qu'un texte plus ou moins long sur un blog, beaucoup préfèrent désormais quelques mots publiés sur leur profil Facebook notamment.


Quoi que l'on pense de ce mode de communication, force est de constater qu'il est particulièrement indigent en raison de la forme qu'il prend... quelques mots ne remplacent pas un discours construit, structuré, argumenté, ... quelques mots ne compensent pas la dimension esthétique de l'écriture. La médiocrité indéniable de cette forme d'expression sommaire appelle la médiocrité des commentaires et donc des échanges ; on est passé du texte enrichi de commentaires sur le blog à des lambeaux d'expression sur les réseaux communautaires. On peut déplorer la perte de certains bloggeurs, pour leur sensibilité, leur intelligence, leur talent à écrire, ... toujours est-il que la paresse a largement gagné et que beaucoup semblent se satisfaire désormais de ces modes d'expression moins exigeants en temps et en qualité.


On peut y voir un net déclin de la qualité des liens humains. L'émulation des esprits a plus gagné dans l'écriture, la lecture et le commentaire des blogs que dans les actuels échanges semi-automatisés, deshumanisés, impersonnels, ... des réseaux sociaux. Le blog était une sorte de richesse offerte au monde... le réseau social est bien souvent une médiocrité contenue en vase clos, d'autant plus quand on se contente de cela et que l'on a renoncé à une démarche toute autre, il est vrai, mais dont le souvenir ne peut que rappeler la supériorité en terme de qualité d'échanges.


Les blogs qui subsistent, qui résistent même devrais-je dire à ce déclin général, en subissent les effets néfastes, le lecteur s'accommodant de moins en moins aux textes longs et renonçant à commenter autant qu'auparavant. Nous sommes tous acteurs de ce qui se passe... et quand je lis la détresse de certains amis qui se laissent enfermer dans cet univers de vacuité des échanges humains, je ne peux que m'interroger sur ce qui les poussent à se jeter à corps perdu dans des logiques qui sont opposées à leurs besoins fondamentaux. Nous avons vécu longtemps sans les blogs il est vrai... mais avec eux nous avons vécu des moments bien meilleurs qu'aujourd'hui où, sous le regard de nos "amis", nous nous regardons le nombril sur les sites tels que Facebook.


Illusion du temps maîtrisé... méprisé, devrait-on dire plutôt. Revenez à l'authenticité avant de vous apercevoir de ce que vous détruisez, souvent irrémédiablement ! Et priez pour qu'au milieu du champ de vos ruines personnelles, vous découvriez un petit édifice par vous oublié mais encore suffisamment accueillant.