lundi 26 novembre 2007

Vue sur...

Samedi après-midi je suis allé sur la place du Parvis du Sacré-Cœur à Paris, sur la butte Montmartre. Ceux qui me connaissent savent que je ne porte pas la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre dans mon cœur, tant pour des raisons architecturales – encore que l’intérieur ne me déplaise finalement pas tant que cela – que pour les raisons plus que discutables qui ont motivé sa construction entre 1875 et 1914 – l’expiation des supposées fautes qui auraient conduit la France à la déchéance en 1871, à savoir la défaite face à la Prusse et l’insurrection de la Commune de Paris.

Enfin bref je trouve que la place du Parvis du Sacré Cœur est un endroit merveilleux car on peut y tourner le dos à la basilique… et cela tombe bien puisqu’on se trouve alors face à une perspective magnifique, l’une des plus belles vues sur Paris… une vue à partager, ce que j’ai déjà fait plusieurs fois lors des petites visites guidées que j’organise avec ascension de la butte Montmartre par la face nord (la rue du Mont-Cenis). Samedi nous étions deux à contempler cette vue et j’étais le plus heureux des hommes.

Cela m’a rappelé d’autres visions du même genre à Paris où beaucoup de monuments élevés sont accessibles au public et permettent de découvrir de beaux panoramas. Les plus connus sont évidemment la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile, les tours de la cathédrale Notre-Dame ou encore la tour Montparnasse.

J’ai cependant plutôt envie de conseiller des vues moins connues depuis la terrasse du magasin Le Printemps, sur le boulevard Haussmann, ou celle du magasin La Samaritaine (actuellement fermé). On bénéficie également d’un point de vue agréable depuis le temple néoclassique du parc des Buttes Chaumont ou du belvédère du Jardin des Plantes (à voir plutôt en hiver quand les arbres aux feuilles caduques sont dégarnis et dégagent un peu l’horizon). Un de mes meilleurs souvenirs reste assurément l’ascension de la coupole du Panthéon mais il ne semble plus possible d’y accéder actuellement. En sortant de Paris on peut aussi profiter de la vue depuis la fausse montagne du zoo de Vincennes, la terrasse de la Grande Arche de la Défense ou encore, j’en ai parlé il y a peu, celle du château de Saint-Germain-en-Laye qui surplombe une boucle de la Seine.

C’est agréable de contempler la ville dans son étendue, de considérer l’extension de la ville, de découvrir de nouvelles perspectives. On voit la ville autrement et en particulier on perçoit mieux les monuments qui se détachent de la masse et qui rompent la monotonie relative de l’ensemble. On peut s’amuser à reconnaître les monuments les plus connus et on voit aussi mieux le ciel depuis ces points de vue ; j’aime y perdre facilement mon regard pour apprécier les nuances célestes.

On ressent dans ces conditions une sensation de bien-être, de plénitude… on a l’impression de mieux maîtriser l’ensemble de la ville que l’on a à ses pieds. C’est une sorte d’ivresse naturelle que je recherche volontiers, à condition que je ne me sente pas trop au bord du vide et prêt à m’écraser en contrebas, auquel cas cela vire à la crise de vertige.

Je ne peux m’empêcher de penser à d’autres lieux hors de Paris où j’ai ressenti ce bonheur d’avoir pour moi un horizon infini. Je pense tout particulièrement au toit de l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel qui offre une vue sur l’ensemble de la baie ; il faut choisir la visite la plus longue pour profite de cette vue. Il y a aussi un autre endroit où j’ai ressenti ce bonheur infini ; c’est en Tunisie, en haut de l’amphithéâtre d’el Jem où mes yeux divaguaient à la recherche de signes chimériques venus de l’horizon.

lundi 19 novembre 2007

La boîte noire de mon âme (III)

Rappelons le principe de cette bonne vieille boîte noire… elle reprend pour la troisième fois des bouts de pensées récentes qui marquent mon esprit en ce moment.


Je discute sur internet avec deux amis tunisiens… sujets un peu grivois… une sorte de défouloir collectif… j’aime cela… sortir de cette écorce sérieuse où je suis cantonné et où on me cantonne… j’ai une sorte d’obligation de perfection… ne pas dévier d’une ligne droite imaginaire que je serais censé suivre invariablement… j’aime bien dévier pourtant mais entre mes inhibitions et le regard des autres, il n’est pas toujours simple à ma fantaisie de se frayer un chemin !


Tu es là près de moi et tu décides ce que nous allons faire. Enfin ! Cela fait des années qu’on n’a pas pris ce genre de décisions à ma place… et je me laisse conduire par toi là où tu as décidé. Pour une fois je ne suis pas guide dans Paris ! Merci pour ce que tu as fait !


A. termine notre conversation par un traditionnel « tu veux un cadeau ? » Evidemment j’accepte et je reçois comme d’habitude une série de petites images charmantes… et puis je vais dormir…


Quelques mots… quelques mots qui transitent par un chemin un peu détourné… des mots d’espoir… ton regard qui semble vouloir se poser à nouveau sur moi. Je t’attends vite !


J’attends le métro quarante minutes pour aller voir H. Sa fille est fatiguée et pleure beaucoup... Son fils, je le croise au bas de l’immeuble, avec la maman… il revient de promenade et sautille dans tous les sens… je me penche pour l’embrasser mais il se sauve en rigolant… je n’insiste pas… je lui caresse les cheveux… et puis je m’en vais… et il me fait des signes d’au revoir jusqu’à ne plus me voir… et je repars à la gare à pied.


Je t’ai revu… tes yeux toujours fascinants… tu étais près de moi… je te regardais de dos… mon Dieu, ta taille me paraissait infinie… ce qui m’intrigue en toi c’est ce mélange de fantaisie et de classicisme : jean et baskets pour le bas… chemise claire et petit pull de premier de la classe en haut… avec un haut de jogging multicolore en guise de manteau… tes cheveux un peu en bataille et ton visage un brin austère où brillent tes yeux…


Je lis de bon matin le message du p’tit K. qui m’écrit pour me dire qu’il m’adore. Cela me réjouit pour la journée toute entière.


Le train arrive à Paris-gare de Lyon… surprise on arrive aux grandes lignes et non en gare souterraine… bonne idée finalement car j’aime les halles métalliques de la gare de Lyon… c’est comme une invitation au voyage dans le temps… il suffit de fermer les yeux pour respirer le charbon, sentir les vibrations de la traction à vapeur, entendre une cloche ou un sifflet annonçant le départ d’un train, …


Je discute avec toi… tu manges une glace dehors en pleine nuit, sous le froid et la pluie… c’est surréaliste… tu es très attachant… j’aime ta douceur, ta force, ta candeur, ta lucidité, ton humour, ton originalité, … Je suis toujours très touché quand je pense à la confiance que tu as en moi… tu es un petit frère pour moi et j’essaie de veiller attentivement sur toi.


J’aime ces quelques jours de l’année où je suis l’objet d’une attention plus vive… j’aime la parole des uns… je redoute le silence des autres… le bonheur est toujours teinté d’amertume… en tout cas j’ai eu droit à de petites douceurs gastronomiques… il y a donc bien au moins cela d’invariable.


On n’a pas pu se voir vendredi à cause de la grève des transports parisiens… rien que pour cela, j’ai une bonne raison de détester tous ceux qui me privent de toi… comment peut-on séparer ainsi deux âmes et deux cœurs ?! Je voudrais être près de toi pour profiter de ta douceur rassurante… je voudrais être pour toujours auprès de toi.

lundi 12 novembre 2007

Hommage à Jalal al Din Rumi

Cette année 2007 marque le huit-centième anniversaire de la naissance du grand poète persan Jalal al din Rumi (1207-1273). Je me devais de m’associer modestement à cet événement, moi qui ai choisi mon nom de bloggeur en référence notamment à lui.

Voici deux poèmes d’amour de Jalal al din Rumi :

Mon cœur porte ta marque
Il n’erre pas ailleurs
Sans les autres, tout va,
Sans toi, rien ne va plus.

Toi mon vin, mon ivresse,
Mon jardin, mon printemps,
Mon sommeil, mon repos,
Sans toi, rien ne va plus.

***

Ne perds pas ton courage
Si l’ami te renvoie
Il te renvoie ce jour,
Demain il te rappelle.

S’il te ferme la porte
Ne pars pas, sois patient.
Car, après la patience
Il t’asseoit sur le trône.

S’il paraît te fermer
Tous chemins et passages,
Il t’ouvre le chemin secret
Que tous les autres ont ignoré.


Ces deux poèmes sont extraits de Roumi, Amour, ta blessure dans mes veines, un petit livre publié chez JC Lattès en 2004 avec des calligraphies du tunisien Lassaâd Metoui. Si vous aimez les poèmes d’amour et la calligraphie arabe, vous serez doublement comblés en parcourant ce livre.

***

Pour donner une touche plus personnelle à cette note et à cet hommage, il me revient de conclure par un poème… ou plutôt de la prose poétique cette fois…

Parle-moi encore et sans détours… Et moi, saisi d’émoi, je t’admire, dévot de ta belle âme apaisante, et je savoure tes mots délicieux qui m’inspirent et m’enflamment tels les cieux de l’aurore naissante.

Mon cœur ébloui, céleste zéphyr, se réjouit quand ton regard intense captive le mien et ainsi le ravive…Mes peurs ne songent qu’à fuir devant ce rempart de l’insouciance qu’incarne ton être simple et modeste.

De tes douces mains les effleurements n’existent encore qu’en promesses, jeunes pousses du destin, heureux sort... Et pourtant je te fais le serment vertueux d’offrir à toi seul ma tendresse, mon sourire.

Mon reflet dans le miroir… c’est toi.

lundi 5 novembre 2007

Amour... rimant avec toujours...

Si tu t’en irais…
Si tu m’laisserais seul au monde,
Des fois qu’t’aurais eu connu
Quelqu’un qu’t’aimerais encore mieux…


Si tu t’en irais…
Si tu serais plus ma blonde…
Si des fois tu m’aimerais plus…
Ah ! Qu’est-ce que j’serais malheureux !


Car depuis le jour où
Tu m’as dit que
tu m’aimais moi je
Suis fou de toi…


Et si des fois tu
m’aimerais plus autant
y’aurait quelque chose d’u-
sé au fond d’moi.


Si tu t’en irais…
Si t’abandonnerais ma vie…
Si tu voudrais t’en aller
Dans les bras d’un autre cœur…


Si tu t’en irais
Laissant nos âmes désunies…
Si tu tenterais d’m’oublier…
Je n’ferai que verser des pleurs.


Car depuis l’instant
De l’heure où nous fûmes
Amoureux moi j’hum-
ecte mes yeux…


De joie mes larmes,
Loin des alarmes,
Coulent en un charme
Voluptueux.


Je crois bien que j’mourirai
Si un jour
Tu t’en irais.


Si tu t’en irais (1964), chanson parodique de Jean Yanne.

********

Les chansons d’amour à l’eau de rose fleurissaient dans les années 1960. L’humoriste Jean Yanne (1933-2003) décide de parodier ces chansons en 1964 avec un texte dans lequel il prend un malin plaisir à torturer la syntaxe de la langue française… pour notre plus grand plaisir !


Bien qu’étant parodique et sans prétention, ce texte n’en est pas moins, me semble-t-il, beau et émouvant… comme l’illustration de l’expression maladroite mais sincère des sentiments amoureux et de l’angoisse de leur dimension éphémère.


Moi je ne crois pas à la dimension éphémère de l’amour. Je crois au contraire que le lien entre deux êtres peut survivre pour peu qu’on l’entretienne, pour peu qu’on sache se parler et se comprendre, se tolérer et admettre des compromis, régler les problèmes et non les fuir trop facilement, savoir se montrer rassurant au moindre doute de l’autre, ... c’est une question d’attention et de générosité, un don réciproque qui fonctionne d’autant mieux qu’on a choisi dès le départ quelqu’un qui nous ressemble à ce point de vue…


L’amour n’est pas uniquement un concentré de sentiments, de passions, de pulsions… bien que cela soit là souvent ses premières manifestations. L’amour est aussi une forme d’intelligence et même de sagesse… un apprentissage constant dans une situation d’équilibre instable… L’amour n’est pas qu’une question de cœur ; c’est aussi une question d’esprit et de raison… et cet esprit et cette raison doivent justement nous aider quand le cœur souffre ; ils doivent nous aider à relativiser les choses, à dépasser les obstacles, à voir au-delà des actes et des apparences le sens profond des choses et agir sur ces causes pour maintenir une qualité de vie et de bonheur satisfaisante.

Voilà ce en quoi je crois.