jeudi 2 avril 2009

J’ai envie d’écrire un poème

Cela fait déjà un mois et demi que je n’ai pas écrit un seul poème ici ou ailleurs. On croit toujours avoir vécu le meilleur avant… on se trompe… mais on s’égare tout autant en pensant qu’on aurait définitivement touché le fond à la dernière tempête. On peut toujours faire mieux dans le pire !

Si je dis cela c’est parce que, mes poèmes étant généralement liés à une personne précise et l’amour étant l’un des moteurs qui donne envie à la fois de s’exprimer et aussi de s’adresser à quelqu’un, les nuages du ciel amoureux peuvent avoir une influence sur mes élans poétiques. Mes derniers poèmes avaient un nom, un visage… de beaux yeux et de belles mains… et des caractéristiques moins faciles à apprécier sans doute.


Que faire alors ? J’ai laissé la terre reposer un moment ; je sens le printemps qui bouillonne en moi, encore assez timidement. Je peux écrire ce que j’appelle un « poème orphelin », un poème qui n’est destiné à personne. C’est rare… c’est triste… du moins, j’estime pour ma part qu’un poème sans son destinataire est une chose triste… et je cherche toujours au-delà de l’instant de création, à trouver un destinataire à ces fameux poèmes orphelins ! Le poème suivant s’adresse donc à quelqu’un que je ne connais pas ou alors à quelqu’un que je connais mais à qui je ne pense pas en ce moment. Il faut parfois un an pour que je trouve le destinataire donc comme diraient nos chers amis helvètes, « y’a pas le feu au lac ! » :)


Respire donc ! Il n’y a pas le feu au lac !

Oublie enfin de cette horloge le tic-tac ;

Ouvre grand les yeux et ton cœur distrait

Pour éloigner ce qu’il recèle d’abstrait.


Toi qui imagine exister à cent à l’heure

Ta vie entière n’est en fait qu’un leurre

Où tu te contentes toujours d’effleurer

Ce qu’il te faudrait bien plutôt aimer…


Pour t’épargner ces tristes artifices

Je me dévouais en vains sacrifices,

Rêvant encore du sublime pour toi,


Sans hélas jamais susciter ton émoi.

Désert mélancolique, sans repères,

Ton ombre est la contrée où j’erre...


Tiens… finalement ce poème n’est pas si orphelin que cela… il est même encore pour toi !

9 commentaires:

Djam2305 a dit…

Peine perdue ou peine perdue ? :)

Roumi a dit…

@Mad Djerba : je crois bien que c'est tout cela à la fois ! :)
Même si l'on sait que l'on doit tourner parfois des pages, on ne peut s'empêcher de songer au chapitre précédent, plus encore lorsqu'il a laissé un goût d'imperfection majeure ; même si je ne peux rougir de mes propres actes, le constat de leur inutilité n'est guère enthousiasmant.

24Faubourg a dit…

coucou, je suis passée te dire bonjour, et je voulais te demander par la même occasion pourquoi est-ce que je ressens de la tristesse à chaque fois que je passe par ici, mais quand tu viens chez Ice c'est tout autre chose!

Chiron a dit…

Écrire pour quelqu'un qui n'existe pas, je ne sais pas si c'est possible. Même si le destinataire n'a ni visage ni corps, il reste de lui l'impact de cette présence absente dans l'encre de nos émotions. Et combien même nous écrivons pour nous, pour ce destinataire ultime.

Roumi a dit…

@24Faubourg : bonjour et merci. :)
Pour ce qui est de ta question, je dirais que l'humour et la tristesse sont souvent liés. Il n'y a qu'à penser à certains grands humoristes dont on sait qu'ils étaient profondément désespérés dans leur vie personnelle. Certaines formes d'humour populaires émanent également de milieux où le bonheur n'est pas d'une folle évidence.

Je ne suis heureusement pas profondément désespéré mais j'assume en revanche cette sorte de partage de ma personnalité entre une gaieté débordante dans les mots par moment et d'autres moments plus mélancoliques. C'est un peu comme une montagne avec ses deux versants. :)
La poésie est souvent mélancolique aussi, il faut bien le dire, de même que l'écriture intimiste est généralement motivée par divers questionnements. Ceci dit j'écris des choses plus heureuses aussi et notamment des poèmes plus heureux mais encore faut-il que la période y soit propice ; cela a été le cas à la fin de l'automne et au début de l'hiver... de sérieux espoirs... et puis un retour à la réalité plus que cruel qui m'a ramené à une relative sècheresse sentimentale qui s'est imposée à moi depuis déjà des mois en vérité. Ce qui m'a frappé en tout cas c'est que l'espoir m'avait donné pas mal d'inspiration et que la négligence dont j'ai été gratifié m'a cassé les jambes pour un bon moment dans le domaine de l'inspiration liée à la sphère amoureuse. A part cela je ne me sens pas triste ; on n'est pas triste quand on a la "chance" de savoir se contenter de pas grand-chose ; en même temps il s'agit là d'une situation qui rend sensible et fragile. C'est ce qui fait tout ce que je suis... ce fil et cette recherche constante d'équilibre. :)

@Chiron : je te remercie pour ton message. Je peux te garantir qu'il est possible d'écrire pour quelqu'un qui n'existe pas ! :) Je l'ai fait déjà plusieurs fois. Un de mes meilleurs poèmes, que je ne peux pas publier ici, a été écrit pour une personne inconnue ; je l'ai offert un an plus tard à la personne qui à ce moment-là semblait la plus à même d'incarner ces mots. J'ai écrit encore des poèmes à partir de simples images de personnes existantes, passées ou présentes, mais totalement inconnues cependant.
Alors il est vrai qu'il reste parfois l'impact de nos sentiments... mais il arrive que l'on écrive sur des sentiments et expériences dont on ignore tout, que l'on se glisse tout à fait dans la peau d'un autre que soi. Dans ce cas il s'agit d'une création tout à fait orpheline si je peux dire, sans aucun repère. Parfois même c'est encore plus beau que lorsque l'on écrit avec ce que tu appelles joliment l'encre de nos émotions. Je ne peux pas développer tout cela ici car il y a des choses très intimes mais j'espère t'en parler personnellement un jour.
Enfin nous écrivons aussi pour nous en effet mais j'ai étrangement toujours tendance à l'oublier. :)

ice a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec ton point de vue sur l'humour et la tristesse.
Je crois aussi que c'est à ce moment là qu'on est capable de lacher les pires vannes qui soient:-).
Je trouve que ton poème est superbement mélancolique, sauf que je le préfère adressé à personne que plutôt à celle que tu penses.
Ton blog ne m'inspire pas de la tristesse mais plutôt de la mélancolie, une invitation à rêver, à méditer aussi, j'aime bien le concept, c'est pour cela que je viens souvent:-).

Bonne continuation.

Roumi a dit…

@ice : c'est vrai que parfois on peut avoir le meilleur humour dans les pires moments. Il n'y a qu'à songer aux fous rires durant les enterrements qui ne sont pas rares, pour peu qu'un détail parfois insignifiant s'y prête.

Ce poème n'est pas le meilleur ni celui que je préfère mais en effet il a quelque chose que les autres n'ont pas : il me semble que c'est la mélancolie liée à l'absence du coeur aimé. Je ne me souviens pas d'avoir souvent écrit à ce propos sous forme de poème. Il y a des hasards étranges dans la vie : ce coeur qui m'a délaissé a essayé de m'appeler aujourd'hui... je ne sais pas pourquoi ; je suppose que cela n'avait pas d'importance capitale... les mots dont j'ai besoin, je ne crois pas devoir les espérer. Il faudra bien faire avec ce vide manifeste.

Comme toi, je pense plutôt à un environnement mélancolique ici ; après tout la vie ressemble le plus souvent à cela... un bonheur traversé d'un doute... une peine teintée d'espoir.
Je suis content si cela invite au rêve ou à la méditation. C'est un peu ce que je souhaite : une sorte d'émulation. Chacun porte en lui ses propres réponses mais le fait de contempler un coeur ou une âme exposés à l'air libre peut contribuer à découvrir le fonctionnement de son propre mécanisme. :)

Merci de venir, mon petit. Tu es adorable. ;)

Anonyme a dit…

bonjour, je passais par là...

Tu as incontestablement beaucoup de talent, mais comme le disais un commentaire au dessus, c'est quand même un peu triste tout ça.

Pourquoi pas juste essayer de faire un poème un peu plus coloré et joyeux, je suis sûr que cela aura de l'influence sur ton humeur par la suite.

Le plus juste c'est juste ...d"essayer.

Bonne continuation.

Q.D

Roumi a dit…

@anonyme : merci pour ton message. Pour ce qui est de poèmes plus colorés et joyeux, il y en a sur ce blog parmi les poèmes déjà publiés ! Mon humeur ici n'est pas nécessairement la même qu'ailleurs. J'ai une vie que j'aborde avec simplicité malgré de grandes épreuves ; je ne me plains pas dans mon quotidien. Je suis plutôt celui qui est là pour les autres et dont les états d'âme passent souvent en dernier. J'évite assez souvent d'ailleurs de tout dire de ce que je ressens autour de moi. Je suis généralement d'humeur joyeuse. Quand j'écris, je laisse mon esprit se libérer de tout et mon esprit est assurément mélancolique quand je suis seul face à moi-même. Ce que j'écris découle de ces questionnements intimistes qui sont assez légitimes et qui sont souvent laissés de côté pour que je puisse me consacrer aux autres. C'est une forme de liberté que d'écrire tout cela et à partir du moment où les mots ont éclos, c'est que la douleur est éteinte. J'écris sur les sentiments humains, parfois difficiles qui nous traversent ; je traduis en mot ce que certains ne savent pas exprimer. J'essaie de montrer le cheminement parfois tortueux de l'esprit, les doutes, les ambigüités, ... un peu tout. Il y a de moi là dedans évidemment mais je parle souvent du passé, comme si je portais un regard en arrière pour progresser et peut-être aussi pour faire progresser d'autres personnes. Je crois aussi que la poésie est très souvent mélancolique ; on n'a jamais reproché à Baudelaire, Lamartine ou Rimbaud d'écrire des poèmes tristes et sans doute n'étaient-ils pas des gens tristes pour autant, du moins en permanence. J'écris peu de choses humoristiques ici ; il me semble toujours que l'humour, s'il est nécessaire et même vital en ce qui me concerne, n'est pas ce que j'ai envie de communiquer ici. Je réserve l'humour à l'oral ou encore à des correspondances privés ou des réponses sur d'autres blogs. Il y a cependant quelques textes humoristiques ici mais c'est rare car j'ai tendance à croire que je suis plus à même de décrire les sentiments humains en écrivant que de faire rire. Je crois aussi que le rire n'est pas pris autant au sérieux que le reste ; je préfère que l'on me considère pour des choses sérieuses ; même si au fond de moi il n'y a pas de coupure entre toutes ces formes d'expression, je sais que certaines personnes ne conçoivent pas le mélange des genres. Je préfère à la rigueur qu'on retienne de moi cette image mélancolique qui existe en moi mais qui n'est qu'une part limitée de ma personnalité.