lundi 5 février 2007

Peine de mort… peine de vie...

La question de la peine de mort est revenue sur le devant de la scène ces dernières semaines.

Le 30 décembre 2006, Saddam Hussein a été pendu à Bagdad suscitant de nombreuses réactions, louanges pour certains, condamnations pour d’autres, que ce soit sur le principe de l’exécution ou sur la qualité du procès ; la controverse a également concerné le film amateur montrant les détails de son exécution. Le 15 janvier, les complices de Saddam Hussein, Barzan Ibrahim al Tikriti et Aouad Hamed al Bander ont subi le même sort, le premier ayant même la tête arrachée par la violence de la pendaison. En raison de la personnalité des condamnés, ces exécutions auront eu au moins le mérite de réveiller les débats sur la peine de mort et peuvent contribuer à la réflexion, particulièrement dans les pays qui ne l’ont pas aboli à ce jour.

A Paris a eu lieu du 1 au 3 février 2007 le troisième Congrès mondial contre la peine de mort, à l’initiative de l’organisation Ensemble contre la peine de mort, pour faire le point des avancées dans ce domaine.

La France s’apprête quant à elle à inscrire dans la constitution de la République l’interdiction de la peine de mort, déjà abolie par la loi n° 81-908 du 9 octobre 1981. Le Sénat et l’Assemblée nationale, réunis en Congrès à Versailles, devraient entériner cette modification constitutionnelle dans la seconde moitié du mois de février ; elle interdit absolument la peine de mort, y compris en temps de guerre et assure qu’aucune loi ne peut rétablir la peine de mort en France.

En Tunisie, la peine de mort n’est pas abolie et la justice continue de prononcer, de plus en plus rarement il est vrai, la peine capitale dans des crimes de sang, les délits de violence grave ou tout ce qui touche à la sûreté de l’Etat, sujet délicat s’il en est. La plupart des condamnations à mort prononcées en Tunisie ces vingt dernières années ont été commuées en réclusion à perpétuité par le président de la République, dans le cadre de l’exercice du droit de grâce accordé aux chefs d’Etats. Néanmoins certaines condamnations à mort ont été suivies d’effet en 1990 et en 1991, année depuis laquelle il n’a été procédé à aucune exécution dans le pays. La Tunisie a, dans la pratique, progressé vers l’abandon de la peine de mort mais cette situation reste fragile dans la mesure où elle est ne repose pas sur des bases législatives. C’est en ce sens que des voix s’élèvent, notamment en Tunisie, pour demander que le droit soit mis en adéquation avec la pratique de raréfaction des condamnations à mort et de non application de ce type de peine depuis 1991 ; un appel au vote d’une loi relative à l’abolition de la peine de mort a même été lancé dans le journal Tunishebdo le 17 janvier 2007.

En marge du congrès organisé à Paris ces derniers jours, l’organisation Ensemble contre la peine de mort a souligné à propos de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient qu’ « aucun des 22 pays de la région n’a aboli la peine de mort. Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie notamment n’exécutent plus depuis plus de dix ans, mais condamnent toujours à la peine capitale. D’autres, comme l’Arabie saoudite et l’Iran, pendent ou lapident chacun plus d’une centaine de condamnés chaque année. Qu’elle soit vestige du droit colonial, instrument de coercition de régimes forts, ou appliquée au nom du droit islamique, la peine de mort est inscrite dans le paysage pénal en Afrique du Nord, comme au Moyen-Orient. Malgré tout, des voix s’élèvent pour dénoncer cette pratique ou la questionner. Ils sont députés, juristes, membres de la société civile ou du clergé. Des voix courageuses pour autant de voies vers l’abolition de la peine de mort dans la région. ».

On ne peut qu’espérer des progrès dans ce domaine pour qu’émerge une justice humaniste, apaisée et éclairée, guidée par la seule volonté de ramener à la raison ceux qui se sont écartés des normes juridiques de la société.

Malheureusement, à côté de cette question de la peine de mort, il en est une autre que l’on ignore bien souvent : c’est celle de ce que j’appelle la « peine de vie » et que d’autres appellent la « peine de mort lente ». On lutte en effet beaucoup pour l’abolition de la peine de mort sans trop se soucier de ce qu’on lui substitue. La réponse normative est simple et stéréotypée : la peine de mort est commuée en réclusion à perpétuité, cette « perpétuité » étant réelle ou assortie d’une peine de sûreté (20 ans, 30 ans, ...), délai en deçà duquel toute libération est impossible.

Et après… ???!!! Ceux qui font de grands discours sur la valeur de la vie et sur la nécessité d’abolir la peine de mort ne parlent presque jamais des conditions de vie indignes de ceux qu’ils ont sauvé de la mort, de ceux qu’ils ont finalement condamnés à « la peine de vie ». Au-delà de leur peine judiciaire, application juste de la loi, ces prisonniers à perpétuité, qui auraient été exécutés en d’autres temps, vivent bien souvent sans aucune dignité, à l’isolement, faisant l’objet de brimades. On a le cœur saisi par l’annonce d’une condamnation à mort mais on se moque de savoir qu’un détenu « à perpétuité » vit comme un rat dans une prison, généralement sans avenir et sans espoir. Personnellement j’ai visité une prison française désaffectée et déjà j’étais saisi de dégoût par le côté sordide des lieux. Bien que l’endroit soit propre et bien entretenu, j’ai eu le sentiment que l’atmosphère du lieu ne pouvait que difficilement contribuer à reconstruire les détenus, à les rendre à la vie purgés de leurs comportements répréhensibles. Si l’on ne fait rien, si l’on n’y prend garde, la prison devient un lieu de destruction du détenu, un lieu qui le déshumanise un peu plus encore qu’il ne l’est. Les détenus de longue durée en viennent à faire le deuil de leur vie, à se demandent si être condamnés à la « peine de vie » n’est pas plus inhumain que de mourir sur la potence ou sur la guillotine. Il y a près d’un an, le 25 janvier 2006, on pouvait lire dans un article du journal Le Monde que « Dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube) ont attiré l’attention sur le sort des condamnés qui purgent des longues peines. "Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (...), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous", ont-ils plaidé dans une lettre datée du 16 janvier, publiée le mardi 24. Dans un contexte de durcissement répressif contre la récidive, l’appel dénonce l’allongement de l’exécution des sentences. "Assez d’hypocrisie ! Dès lors qu’on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l’issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes que de nous voir crever à petit feu", écrivent les signataires, qui ont passé entre 6 et 28 années en prison. »

Cet exemple, pris en France, illustre un problème finalement universel. Quelques soient les crimes de ces hommes, comment peut-on à la fois dénoncer la peine de mort et accepter de les reléguer dans une situation aussi inhumaine ? Il ne suffit pas de lutter contre la peine de mort ; il faut aussi lutter pour le respect de la dignité des prisonniers, pour un système pénitentiaire qui les aide à construire leur avenir, à préparer leur réinsertion sociale et non qui achève de les détruire. Une société qui ne sait pas aider ses détenus, ex-condamnés à mort ou non, prend le risque de les voir récidiver, de les traiter sans aucune humanité, et cette perspective est honteuse pour tous.

medium_liste_des_detenus_de_Clairvaux_reclamant_le_retablissement_de_la_peine_de_mort.JPG

Ces prisonniers de Clairvaux ont demandé il y a un an à être exécutés...Abdelhamid Hakkar, André Gennera, Bernard Lasselin, Patrick Perrochon, Milivoj Miloslavjevic, Daniel Aerts, Farid Tahir, Christian Rivière, Jean-Marie Dubois et Tadeusz Tutkaj.

1 commentaire:

Roumi a dit…

COMMENTAIRES PRECEDENTS RETRANSCRITS

Je préfèrerais être exécuté plutôt que d'être emprisonné à perpétuité . C'est ça qu'on a de bien en tunisie. Mais dans nos pays, le seul hic, c'est la torture avant l'exécution ou l'emprisonnement et c'est à mon avis beaucoup plus grave que les exécutions capitales . Et en plus, ça fait un bon réservoir, vivier ou mouroir pour les greffes d'organes . D'ailleurs en tunisie, il y a eu dernièrement des familles qui ont été contactées pour reconnaitre le corps de leur fils, avant l'enterrement, les corps avaient été ouverts et recousus de haut en bas, les têtes étaient fracassées (c'est pas une autopsie) . En tunisie et ailleurs dans le monde arabe, il ne faut jamais tombé vivant au main des forces de " l'ordre, de l'injustice et de la corruption " . On est encore au moyen-âge du point de vue des traitement "humain", on écartele plus et on ébouilante plus vivant c'est déjà ça, mais malheureusement, on empale encore jusqu'à ce que mort s'ensuive . Quand la france te les puissances occidentales voudront bien s'y interesser aux droits de l'homme dans ce pays ou sévit l'équivalent du carpatien empaleur, qu'ils nous le fassent savoir . En attendant, c'est le malheur aux vaincu qui est appliqué comme à l'époque des romains contre carthage . Tfouhe 3alihom race de batard ! Désolé mais je ne peux pas m'en empêcher, surtout qu'en plus, c'est la pire race de lâche qui existe sur terre . Qu'ils soient maudits !

Ecrit par : ouhayed loubya | lundi, 05 février 2007
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Roumi, qu’en penses-tu de qq qui viole et tue sauvagement un enfant de 3 ans ?? Qu’en penses-tu de qq qui tue son ami ou sa mère (ou…) pour un ou cinq Dinars ?? Qu’en penses-tu des tueurs qui tuent en série ou qui tuent pour assouvir leurs pulsions sanguines ?? Que crois-tu que les proches de ces pauvres victimes puissent sentir ?? Personnellement, je trouve que la vie humaine est très précieuse pour être gâchée et je crois à la dignité, au respect et à la justice (que ce soit pour les victimes ou les condamnés en tant qu’êtres humains) … je désapprouve la violence, la torture (l’emprisonnement à perpétuité est une torture pour l’âme) et la peine de mort, cependant, je ne cesse de me poser les questions évoquées ci-dessus, je me mets à la place de la famille des victimes et là je me trouve déchirée face à la complexité de mes sentiments, entre l’idéal et la réalité, entre le pardon et la haine je ne peux pas trancher systématiquement, je suis un être humain !! Si on abolie l’emprisonnement à perpétuité après avoir interdit la peine de mort, alors quelle sera la réaction des proches des victimes ?? Déjà la perte d’un être cher nous laisse des souvenirs si douloureux, alors quels seront nos sentiments quand cet être charrie nous est arraché brutalement par la faute de qq d’autre ?? Je crois que certaines familles vont essayer de se venger quand elles sachent que le coupable va prendre que qques années de prison, ça sera comme s’il est impuni pour eux et là Dieu sait que sera les conséquences (surtout à long terme), peut- être des cercles infinis de sang et de vengeance… peut être que ça sera le retour de la loi de la jungle (j’ai peut être exagéré mais je prends le cas de « Essa3id elmasri » et puis je tiens à préciser que je généralise pas ce point de vue pour tous les condamnés)… Je ne suis pas apte à apporter des réponses, ni de juger les autres mais je pense que pour changer la loi il faut prendre plusieurs éléments en considération et bien peser les conséquences.

Ecrit par : Nature | mardi, 06 février 2007
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@ouhayed loubya : je comprends et respecte ton désarroi mais il ne faut pas rudoyer ses propres concitoyens sinon les idées que l’on développe sont occultées par l'émotion que suscitent des mots qui peuvent choquer certains esprits.

Pour ce qui est des mauvais traitements, ils tombent sous le coup de règlementations nationales et internationales et il est du devoir de chacun, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, de veiller à l’application de ces règlementations respectives. Il est vrai que beaucoup de pays ont des problèmes de ce côté-là, tant la notion de « mauvais traitement » implique de choses. Sans oublier tous ces mauvais traitements, j’ai voulu ici mettre l’accent sur les conditions de l’enfermement de longue durée, notamment comme substitution à la peine capitale. Quand aucun espoir, quand aucune aide, quand aucun but ne sont donnés à ces individus, quand on enferme pour enfermer, on sort de la justice et on entre dans l’inhumanité qui déshonore la société.

Pour ce qui est de la question des exécutés sources d’organe, j’en ai entendu parlé surtout pour l’Asie ou l’on exécute certains prisonniers quand on a un besoin particulier de tel ou tel organe. Mais il faut savoir aussi que cette pratique horrible ne concerne pas uniquement des condamnés à mort ; je me souviens quand j’étais enfant d’avoir découvert le cas d’un jeune garçon sud-américain qui devait subir une opération quelconque et qui s’est retrouvé aveugle car on lui a "volé" ses yeux durant l’opération.

Pour ce qui est de l'intervention des puissances occidentales dans le domaine des droits humains, c’est un problème complexe qui soulève de grandes ambigüités réciproques.
D’un côté tous les Etats cherchent un équilibre en la garantie de leurs intérêts et l’affirmation de leurs principes étiques, ce qui fait que leur action diplomatique s’en trouve généralement limitée. D’un autre côté, on critique très régulièrement les puissances occidentales pour leur ingérence dans les affaires des autres Etats et particulièrement dans le "monde arabe". Il y a donc ambigüité des puissances occidentales tout autant que de ceux qui réclament une intervention des puissances influentes pour un "monde arabe" plus démocratique et qui n’apprécient pourtant pas souvent l’intervention concrète de ces puissances.
Autre ambigüité : certains Etats recherchent activement les coopérations et subventions étrangères et leurs responsables tiennent, par ailleurs, des discours parfois teintés de xénophobie, développant le fameux concept de « complot étranger », dès qu’ils s’adressent à la nation ; ces discours sont souvent repris par les individus crédules qui se retrouvent ainsi à la fois à critiquer l’étranger et à attendre de lui qu’il lui apporte une certaine liberté !
Malheureusement l’intervention extérieure, qu’elle soit occidentale ou n’importe quoi d’autre, ne vaut rien sans des conditions internes favorables. On voit par exemple que la nouvelle Iraq est une sorte de démocratie sans citoyens car sans doute les Iraqiens attendaient-ils plus de liberté mais beaucoup s’en servent pour eux-mêmes et non pour la communauté, aboutissant à un phénomène de destruction plus que de construction. Il ne suffit donc pas de répondre à des aspirations légitimes, il faut encore que les gens soient préparés à leur "métier de citoyen" sinon on aboutit à des drames comme actuellement cette guerre civile iraqienne.
Il faut aussi rappeler que cette ingérence des puissances occidentales dans les affaires du "monde arabe" est une des principales causes du développement du terrorisme islamiste, qui joue notamment sur ce supposé choc de civilisation et sur la pénétration brutale de valeurs occidentales dans le "monde arabe" pour justifier ses actions. Une des façons de répondre positivement et efficacement à ces bombes, c'est de trouver des ressources intérieures pour répondre aux problèmes, de ne pas se tourner systématiquement vers l'extérieur comme unique recours, ce qui peut donner l’impression d'une certaine faiblesse immédiatement exploitée par certains.

Toutes ces choses amènent à penser que, au delà du rôle indispensable que doivent jouer les puissances occidentales en matière d'affirmation de certains droits élémentaires, le véritable fondement des avancées démocratiques se trouve au sein de chaque nation, en chacun de nous, citoyens de tel ou tel Etat. Nous sommes tous responsables du développement de la démocratie et/ou de son maintien par le biais de l'éducation et de tout ce qui peut développer l'intelligence et faire de nous des citoyens adultes, responsables, qui savent équilibrer leur vie entre la tradition, les évolutions nécessaires et les enrichissements venant de l'extérieur. Cela doit venir de l’école, de la famille, des proches, des médias intérieurs ou extérieurs, ... grandir ça prend du temps. On ne peut en tout cas pas toujours tout attendre des autres et chacun peut s’engager à sa façon dans ce domaine.


@nature :
« Roumi, qu’en penses-tu de qq qui viole et tue sauvagement un enfant de 3 ans ?? Qu’en penses-tu de qq qui tue son ami ou sa mère (ou…) pour un ou cinq Dinars ?? Qu’en penses-tu des tueurs qui tuent en série ou qui tuent pour assouvir leurs pulsions sanguines ?? Que crois-tu que les proches de ces pauvres victimes puissent sentir ?? »
Eh bien, j’en pense la même chose que tout le monde… !
J’ai parlé essentiellement de la nécessité de traiter les détenus avec dignité. Je n’ai pas contesté que les peines longues soient souvent nécessaires (« Au-delà de leur peine judiciaire, application juste de la loi » disais-je dans ma note) mais il faut se poser la question de savoir à quoi sert la détention. La détention sert à éloigner de la société un individu jugé dangereux pour elle. La détention n’est pas une fin en soi car l’individu jugé dangereux à un certain moment peut ne plus l’être par la suite, dans un délai variable... parfois aussi il peut rester dangereux toute sa vie. La détention est en tout cas un moment qui devrait, en théorie, être privilégié pour aider le détenu, pour lui faire prendre la mesure de ses actes, pour lui proposer un projet d’avenir, l’accompagner dans son redressement moral... si ce processus conduit l’individu condamné à perdre sa dangerosité, pourquoi le garder enfermer vingt ou trente ans ? Ce n’est pas la durée de détention qui compte mais la durée concrète du processus d’évolution du condamné vers son possible retour parmi la société. La détention à perpétuité (perpétuité réelle) n’est utile que pour les détenus qui restent dangereux, en dépit de l’aide que l’on peut leur apporter… mais encore faut-il avoir essayé de les aider, ce qui est rarement le cas vu les moyens minables qu’on met dans les prisons partout dans le monde. On préfère bel et bien que les gens pourrissent et crèvent en prison plutôt que d’avoir la satisfaction de les avoir rendu à la vie et à la société. Cela vient en partie de ce sentiment à peine dissimulé, pervers et très répandu dans nos sociétés, que le détenu ne mérite pas grand égard, qu’il doit passer son temps à souffrir en détention et qu’il n’avait qu’à pas se mettre dans une telle situation. Ainsi on le condamne doublement et, pour les très longues peines c’est une forme de mort lente doublée de torture morale... qui ne vaut pas mieux que la vraie peine de mort.

« Si on abolie l’emprisonnement à perpétuité après avoir interdit la peine de mort, alors quelle sera la réaction des proches des victimes ?? (…) Je crois que certaines familles vont essayer de se venger quand elles sachent que le coupable va prendre que qques années de prison ».
La souffrance des familles de victimes, personne ne la nie... cette souffrance est reconnue par la société à l’instant où la justice prononce son jugement ; elle est aussi reconnue à travers d’éventuels soutiens ou réparations qui peuvent être accordées avant, pendant et après le jugement. Le risque de vengeance existe toujours contre le coupable et cela quelque soit le type d’affaire et le délai de libération : un an, dix ans, trente ans, ... En attendant de se venger directement sur le coupable, certains esprits nobles et courageux n’hésitent pas à se venger sur les proches du coupable (ses parents, sa femme, ses enfants, ...) par une forme de torture morale à laquelle la société prend d’ailleurs souvent sa part de responsabilité car on n’aime pas beaucoup en effet les proches de condamnés. La haine est un crime moral car elle consiste à vouloir réparer la souffrance en infligeant la souffrance ; la vengeance est un crime social puisqu’elle se substitue à la justice de la société. La vengeance n’est d’ailleurs pas une forme de justice puisqu’elle ne se base que sur des sentiments, des pulsions immédiates et unilatérales qui conduisent notamment aux guerres militaires, aux guerres civiles, aux guerres de religions, ... belles perspectives si on laisse faire ! Celui qui se rend justice lui-même devient lui-même un criminel. La justice existe pour se substituer à ces bas instincts inacceptables en société ; la justice, inspirée par l’Etat, est là pour montrer le chemin, pour faire preuve d’une certaine audace, pour dépasser les intérêts et sentiments personnels et privilégier ce qui est bon pour la communauté. Est-il bon d’entasser toujours plus de gens dans les prisons sans rien faire pour les aider à s’en sortir ? Est-il bon d’entretenir ou de développer la haine de la société chez certains individus incarcérés et détruits moralement par des traitements inhumains ou par l’absence d’avenir ? En réalité, ces questions ne touchent pas uniquement les détenus de longue durée mais tous les détenus. Paradoxalement on a peur de détenus condamnés à 30 ans de prisons et qui pourraient dans cet intervalle redevenir des individus convenables si on les aidait… et on oublie que régulièrement sortent des prisons ceux qui ont été condamnés pour des crimes moins graves à un an, deux ans… parmi ceux-là on en trouve aussi qui ont été détruits par la prison et qui, pour cette raison, présentent des risques pour la société… d’autres risques… des risques générés par notre incapacité à les prévenir par un accompagnement satisfaisant de tous les détenus.

Ecrit par : Roumi | mercredi, 07 février 2007
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Je suis d'accord avec ta réponse et les arguments que tu y développes . Mais j'èspère que tu n'as pas pensé que j'évoquais une intervention militaire style irak ou autres . Je ne crois absolument pas à ces nations qui envoien hommes et matériels pour le consacrer à libérer des peuples du joug de leur dictateur . Chaque fois que cela ce fait, c'est pour s'en accaparer les richesses ou pour protéger un autre état de la région .
Ce que je souhaite, c'est que des dirigeants, des députés du parlement européens par exemple se manifeste de plus en plus pour soliciter de leurs dirigeants qu'ils fassent pression sur les nôtres dont l'effroyable étreinte se fait de plus en plus oppressante . Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il est inadmissible que l'on puisse recevoir un dirigeant comme moubarak pour ne nommer que lui à cette occasion, puisqu'il y a preuve de torture et violence dans ses prisons (des vidéos circulent sur le net) . En effet, comment peut on aujourd'hui admettre qu'un chauffeur de taxi egyptien qui s'interpose entre des policiers et son cousin, se retrouve dans un poste de police avec des bourreaux en train de lui enfoncer un manche à balais dans le derrière . En tunisie du temps de bourguiba, un policier tenait une bouteille verticale sur le sol et deux autres appuyaient de tout leurs poids sur les épaules du suppliciés qui devait s'empaler sur cette bouteille . Aujourd'hui cela n'a pas disparu et des tunisiens se sont fait carrément empalé comme à l'epoque de la campagne de napoléon en egypte jusqua ce que mort s'ensuive . C'est horrible et je trouve inadmissible que l'on puisse serrer la main de dirigeant pareil et des les recevoir en grande pompe . Le monde est un grand village avec son conseil d'anciens et malheureusement ces anciens sont tous sauf respectables. Si c'était le cas, il ne tolèreraient pas de telles exaction à notre époque et cela quelque soit les raisons invoquées par nos dicateurs qui transforment une partie de la population en paria qu'il faut maltraiter et torturer . Je suis révolté, cela ne peut plus durer ainsi et plus tard des reproches leur seront fait . Il faut que cela cesse, il faut que des organisations des droits de l'homme se penchent sur ces dossiers et qu'elles fassent pression sur leurs gouvernement pour de telles actes aussi ignobles n'est plus lieu dans nos pays . Trop c'est trop !

Dernièrement des jeunes désoeuvrés certainement excédés par la répression qu'ils subissaient ont choisit les armes pour s'exprimer .Ils se sont fait tailler en pièces et les survivants se sont certainenemnt fait écharppés à l'heure actuelle . Ca sera la même chose dans les autres pays et ça sera la même répression et effectivement oui, l'occident sera tenu pour responsable à leurs yeux comme il l'est aujourd'hui parce qu'il se tait et accepte la répression sous de faux prétextes de combattre l'islamisme . La question est de savoir si l'occident veut se rapprocher des peuples ou de leurs dictateurs ? Je pense que l'occident qui nous habitué à une vision sur le long terme est actuellement en train d'adopter la vision à court terme pour ses relations avec le monde arabe . Les dictateurs ne sont pas éternels et les révolutions auront lieux avec des décalages par rapport aux autres pays, mais elles auront lieu quand même . C'est de cela que l'occident doit tenir compte s'il veut regarder vers le long terme .

Ecrit par : ouhayed loubya | mercredi, 07 février 2007
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@ouhayed loubya : j'ai bien lu ton dernier commentaire. J'ai envie de plagier une célèbre formule en disant que la diplomatie a ses raisons que la raison ne connait pas. :) Personnellement je ne crois pas à la force de persuasion de la diplomatie pour l'évolution vers la démocratie. Je me souviens encore de commissions onusiennes examinant benoitement les avancées de certains pays dans ce domaine ; on voit que ce n'est pas forcément par là qu'il faut attendre son salut personnel.

Il y a effectivement une vision à court terme mais pas uniquement des pays occidentaux... une vision aussi à court terme de certains régimes qui pensent éteindre des incendies par la force alors qu'on les éteint par l'intelligence collective... une vision à court termes des peuples soumis qui s'imaginent que ce sera mieux en attendant alors que cela ne peut que se dégrader.
Comme je l'ai déjà dit ici ou ailleurs, à chacun ses responsabilités et beaucoup d'observateurs notent que les changements profonds ne peuvent venir que de l'intérieur car tout ce qui vient de l'extérieur risque d'entretenir des ambigüités même si cela est fait de manière juste.

Ecrit par : Roumi | lundi, 12 février 2007