lundi 2 juillet 2007

Ouled Gabsi

Plongée dans mon musée personnel…

On y trouve quelques albums de photographies anciennes que je collectionne toujours avec un grand intérêt.

Je tombe sur d’émouvantes photographies d’enfants prises par des touristes français en avril 1938 au sud de la Tunisie… dans l’oasis de l'antique Gabès, avec sa végétation caractéristique de palmiers-dattiers et son oued, canalisé notamment par le « barrage romain » au bord duquel on voit ces enfants se baigner…

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1 commentaire:

Roumi a dit…

COMMENTAIRES PRECEDENTS RETRANSCRITS

Magnifique !!!

Ecrit par : free-race | lundi, 02 juillet 2007
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Ces photo sont très belle, mais depuis que je suis allé voir l'expo LEHNERT & LANDROCK , il y a quelques mois, j'ai un petit malaise face à ce type de photos.

Ecrit par : Marou | lundi, 02 juillet 2007
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@free-race : merci. :)

@marou : mon Ange, il s'agit ici de photographies d'amateurs prises par des touristes. On peut les imaginer déambulant dans l'oasis de Gabès, suivant en cela les consignes des nombreux guides de voyages parus à l'époque, et découvrant au hasard d'un chemin des Tunisiens, enfants ou adultes, qui se prêtaient au jeu de la photographie improvisée comme c'est le cas partout et depuis toujours, avec parfois certaines restrictions, il est vrai.

Cela n'a rien à voir dans l'esprit avec la démarche de photographes professionnels tels que Lehnert et Landrock qui faisaient poser des modèles à Tunis notamment. L'oeuvre de ces deux photographes, riche et complexe, est avant tout une recherche esthétique, ce que ne sont pas les photographies de touristes ! Cette recherche conduit les photographes Lehnert et Landrock, et d'autres aussi tels que Geiser, à explorer certaines voies qui sont aujourd'hui sujettes à des débats assez vifs, malheureusement souvent pollués par des considérations idéologiques actuelles qui sont sans doute quelque peu anachroniques quand on replace ces oeuvres dans un contexte culturel plus global. Selon un certain nombre de chercheurs, dont certains sont maghrébins, ces photographies professionnelles, en tant que fruit de cette fameuse recherche artistique, dépassent les simples clivages Occident/Orient et colon/colonisé, contrairement à ce que d'autres pensent. C'est certainement plus une rencontre... une rencontre de diverses formes d'imaginaire, qui n'ont pas forcément la prétention de représenter le réel, de divers modes d'expression artistique, la photographie prenant ici le relai de la peinture ou de la sculpture, mais aussi de conceptions socio-culturelles d'une rive à l'autre de la Méditerranée pas forcément si opposées qu'on pourrait le croire à première vue. Tout cela demande en tout cas une analyse sereine et approfondie. Personnellement je m'intéresse depuis assez longtemps à cette question et j'en avais d'ailleurs déjà parlé en partie dans une note qui remonte à Mathusalem : http://roumientrelafranceetlatunisie.hautetfort.com/archive/2006/03/23/
je-t%E2%80%99aime-kadoudja.html

En tout cas on était bien loin de ces débats en 1938 au bord de l'oued Gabès, ombragé par les palmiers de l'oasis !

Ecrit par : Roumi | lundi, 02 juillet 2007
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toi et marou êtes de parfaits artistes d'une admirable sensibilité

Bravo!!

Ecrit par : ELGRECO | lundi, 02 juillet 2007
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Mon cher Rached, je te remercie pour ton message. Sincèrement, le fait que tu nous rapproches, Marou et moi, me touche infiniment. Il est vrai que nous avons, me semble-t-il, quelques points communs, lui et moi, à commencer par nos pseudos, Marou et Roumi, qui sont étonnement proches. :)

Ecrit par : Roumi | lundi, 02 juillet 2007
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il ya "des indigenes" ecrite derriere les photos ? :p

Ecrit par : antikor | lundi, 02 juillet 2007
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@antikor : les commentaires sont écrits sur des étiquettes collées dans l'album, sous chaque photo.
Voici les légendes des quatre photos reprises dans cette note :
1 : Gabès - Enfants dans l'oasis ;
2 : Gabès - Petits arabes dans l'oasis ;
3 : Gabès - Dans l'oasis ;
4 : Gabès - Dans l'oasis.
De toute façon, "indigène" n'est pas un terme infamant ; les indigènes sont littéralement les natifs du pays où l'on se trouve en déplacement. Si un Martien m'appelait "indigène" dans les rues de Paris, cela ne me gênerait pas car c'est bel et bien une réalité sémantique. :) Nous sommes tous des "indigènes" pour d'autres et cela n'a rien de honteux !

Ecrit par : Roumi | lundi, 02 juillet 2007
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Roumi, la question n'est pas celle d'idéologies anachroniques. Ca n'est pas, non plus, spécifique à l'oeuvre de LEHNERT & LANDROCK ou autres. (L'expo était d'ailleurs magnifique).
Ca a plus avoir avec moi même et ce que j'ai découvert en regardant ces photos. C'est flippant de se rendre compte qu'il n'y a pas de grandes différences entre ce que je voyais dans ces photo et ce qu'un parfait étranger(à ces peuplades en question) y aurait vu.
Je n'arrivais plus à apprécier ces photo, car elle me rappellent que je suis étranger dans mon propre monde.
Je ne sais pas si j'ai bien exprimé ce que je veux dire, car c'est complexe, ça fait déjà des mois mais j'y pense encore et je n'ai même pas reussi à écrire une note là dessus pour démystifier cela.

Ecrit par : marou | mardi, 03 juillet 2007
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@marou : effectivement cela m'a l'air complexe mais je vois un peu ce que tu veux dire car en réalité cela rejoint d'autres choses que tu as écrites déjà et qui sont bien présentes dans mon esprit. Je pense d'ailleurs que certains problèmes que tu poses n'en sont pas, que ce déchirement dont tu parles n'a pas lieu d'être et que tu peux vivre en parfaite cohérence avec tout ce que tu es, ce que tu penses être, ... nous en reparlerons tranquillement tous les deux. :)

Ecrit par : Roumi | mardi, 03 juillet 2007
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Bonjour Roumi ,
Je m'insurge contre ces photos volées , étalage de misère et famine , rien qu'à voir cette femme bien dodue à côté d'un enfant chétif , si j'avais les moyens dans chaque exposition de ce genre je porterais plainte...c'est inadmissible , il n' ya rien de beau dedans ...peut-être un témoignage de non respect du peuple accueillant oui...bonne journée Roumi.

Ecrit par : soulef | mardi, 03 juillet 2007
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@soulef : désolé mais je ne suis pas d'accord avec ta façon de voir les choses pour diverses raisons.
Ce ne sont pas des photos volées comme tu dis. Les enfants sont généralement toujours heureux d'être photographiés et souvent les gens leurs donnent ou donnaient une petite pièce pour les remercier. Cela se vérifie encore aujourd'hui un peu partout dans le monde. Ces photos sont prises en extérieur ; elles ne violent l'intimité de personne.
Ensuite ces photos sont des documents. Alors la question que ce soit beau ou non me semble totalement secondaire ; il s'agit de photographies de touristes et non d'oeuvres d'art.
Ce que montrent ces photos, que cela nous plaise ou non, existe ou a existé... la famine et la misère existaient dans l'oasis de Gabès en 1938... oui... et alors... pourquoi le cacher... ce qui a existé a vocation à être montré comme un témoignage, pour le souvenir et la mémoire historique... chacun est libre d'en penser ce qu'il veut mais il n'y a nulle raison pour cacher ces choses.
Je suis historien et je n'ai pas pour principe de renoncer à publier des documents qui montrent, en l'occurrence, l'un des visages pas forcément les plus heureux de la Tunisie d'antan...
Au passage il ne faut pas exagérer. Il y a quelques enfants qui sont nus sur ces photos, tout simplement parce qu'ils sortent de la baignage dans l'oued, c'est l'évidence même. On voit les enfants se baigner... ils ont une forme de bonheur simple ces enfants. Il est vrai que les enfants nus semblent manifestement mal nourris. Doit-on pour autant y voir la misère et la famine généralisée. Il faut être lucide c'est certain mais ne pas noircir les choses non plus.
La vérité, je l'ai souvent noté, c'est que cela gène énormément de gens de voir comment vivaient leurs ancêtres il y a 50 ou 100 ans... les êtres urbanisés, munis de leurs ordinateurs et téléphones portables, de leurs télévisions, MP3 et autres, ont tout simplement souvent honte de voir ces images de misère quand on les gave de discours sur la fierté, la grandeur de leur culture, ... l'histoire n'est pas constituée que des choses resplendissantes... il faut savoir tout regarder avec le même intérêt.
La vie a changé partout... en Tunisie, en France, ... on est schizophrène à force de ne pas admettre de voir cette vie passée qui nous semble si éloignée de la notre alors qu'elle était celle de nos grands-parents, parfois même encore de nos parents.
On ne veut pas voir les photos des gourbis et campements de toiles au milieu des ruines de Carthage ou au pied des remparts de Sousse il y a cent ans... on trouve ridicule de voir un chameau et des nomades au pied des remparts de Tunis à la fin du XIXe s.
L'histoire et la mémoire ne consistent pas à montrer de "belles" choses pour flatter les gens... c'est tout l'inverse qui marque un travail d'historien réellement constructif ! On montre ce qui a été, que ce soit agréable ou non, et c'est ainsi que l'on s'enrichit intellectuellement parlant. C'est sur cette base que travaillent les historiens dignes de ce nom.
Je souligne au passage que ma présentation des documents parle de "photographies émouvantes", ce qu'elles sont incontestablement, quoi qu'on en pense. Je sais ce que je fais en publiant ces photos ; j'en mesure toute la dimension et je suis content de les publier en tant que documents historiques... chacun doit regarder son passé sans fausse pudeur.

Ecrit par : Roumi | mardi, 03 juillet 2007
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@Roumi: Merci pour nous avoir fait partager ces photos mais franchemnt je me suis senti assez mal à l'aise en les regardant, je ne sais même pas pourquoi, c'est peut être pour les mêmes raisons que Marou.
Concernant le mot indigène, je sais que par définition ce n'est pas un terme infamant et ton explication est des plus convaincantes ^^ mais je ne l'aime pas car inconsciemment quand je l'entends je n'arrive pas à m'empêcher d'y voir une conotation raciste, je sais que ce n'est pas justifié dans la plupart des cas où il est employé mais il n'empêche que c'est ce que je ressens... A très bientôt mon ami.

Ecrit par : iznogood | mardi, 03 juillet 2007
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ça me rappelle les photos de mon grand père !
ce qui me plait surtout, c'est qu'il y a toujours trop de monde sur les photos !
on perd petit à petit cette habitude de tout faire ensemble ..
magnifique collection ^^

Ecrit par : h&m | mardi, 03 juillet 2007
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@iznogood : ben mon pauvre alors... c'est un virus qui vous frappe tous ou quoi ? J'ai pas mal de photos de ce genre et je comptais bien les montrer mais bon si ça suscite tant d'états d'âme, je me demande bien comment je vais m'y prendre, moi ! D'autant qu'il faudrait que ces états d'âmes soient clairement formulés pour qu'on puisse en savoir plus et voir ce que l'on peut faire pour les apaiser (message à Marou notamment !).
D'autres photos montrent des adultes, des bâtiments ou des paysages. Il y a de tout en fait. Ces images sont passionnantes sur un plan historique... ce n'est pas forcément la "grande histoire", l'histoire institutionnelle notamment, mais c'est une histoire plus intime, l'histoire sociale, ... c'est tout aussi important, et d'autant plus quand cela touche des individus qui ont l'âge d'être nos grands-parents ou arrière-grands-parents. Il faut dire la vérité : heureusement qu'il y a eu des étrangers pour photographier la Tunisie et les Tunisiens à la fin du XIXe s. et au début XXe s. sinon il y aurait beaucoup de choses inconnues ou nettement moins connues. Il faut dire aussi que ces photographes professionnels ou amateurs ont adopté des démarches et méthodes strictement (j'insiste sur le "strictement") identiques à celles qu'ils employaient dans leurs pays d'origine. On ne peut pas réduire simplement ces photographies à l'oeil du colon sur le colonisé ; c'est aussi tout simplement l'oeil curieux d'un photographe qui se veut témoin de son époque, que cela soit à Paris, au fin fond de la campagne française ou en Tunisie.

Pour le mot indigène, je sais que ce n'est pas simple de l'apprécier dans sa signification originelle mais il faut bien penser que ce n'est pas le mot en lui même qui est péjoratif puisque nous sommes tous des indigènes ; la vraie question réside dans le regard que l'on porte sur telle ou telle catégorie ethnique, qu'il s'agisse d'ailleurs d'indigènes ou de leur contraire, les allogènes. Toutes les sociétés passées et présentes sont plus ou moins porteuses de germes xénophobes que ce soit à l'égard de concitoyens contrevenant aux normes sociales, culturelles, religieuses, sexuelles, ... ou à l'égard d'étrangers au groupe ethnique, contrevenant aux mêmes normes.

@h&m : merci pour ton commentaire. Moi aussi quand je vois de petits enfants qui ont entre 5 et 10 en 1938, cela me fait immanquablement penser à leur âge actuel... au fait qu'ils représentent la génération de nos grands-parents... donc un passé finalement très proche.
J'ai aussi des photos de famille et j'aime bien regarder ces photos de mes grands-parents, arrière-grands-parents, ... même si en les voyant, cela me fait penser que leur vie n'a pas toujours été très drôle. J'ai aussi des photos d'un de mes grands-pères avant, pendant et après son séjour dans un camp de prisonniers où il est resté quatre ans... cela m'émeut de voir ces photos, surtout ses changements physiques et son aspect quasi squelettique à l'issue de son séjour. Enfin, je ne me sens pas mal pour autant... c'est ainsi, c'est l'histoire (la grande et celle de ma famille)... on ne va pas la refaire pour qu'elle me semble mieux !
Sinon c'est vrai que c'est toujours touchant de voir ces enfants en groupe... on peut dire aussi une chose : les enfants de Gabès savaient nager !!!!!!!! J'ai aussi plusieurs cartes postales des environs de 1900 où l'on voit des enfants se baigner dans une sorte de bassin appelé "piscine romaine" et qui se trouve à Gafsa.

Ecrit par : Roumi | mercredi, 04 juillet 2007
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@Roumi: la vie amène son lot de bonheur et de malheur, et ils ont eu leur compte :) (enfin, c'est pas moi qui te le ferait remarquer hein :D ) tu l'as dit, on va pas refaire le monde!
mais tu sais, les photos sur lesquelles ma grand mère s'attardent le plus, sont justement celles où l'on peut voir les traces de la guerre.. tout de suite, elle sort tout un livre de souvenirs, des faits parfois réels, parfois défigurés par sa mémoire, des poèmes des fois, et puis un grand sourire.. j'ai l'impression que ça la rajeunit de revivre ces moments que l'on croit cruels :)
et comme dans la chanson de Brel (cette chanson me hante :D vivement que je sois vieille pour la vivre :D ) : est-ce d'avoir trop ri, que leur voix se lézarde en parlant d'hier.. ou d'avoir trop pleuré, que des larmes encore leur perlent aux paupières.. :)

@7 révélations:
tu faisais quoi au pied de l'arc de triomphe?? :p en tous cas, j'étais trop petite encore.. :p tu me diras pour la prochaine fois hein.. ^^
et pourquoi tu t'es abstenu pour la septième révélation?? tu disais que t'aimais bien le sept aussi !!! je proteste! je veux la septième anecdote !! :pp

Ecrit par : h&m | vendredi, 06 juillet 2007
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@h&m : eh oui la vie de chacun est faite de bonheur et de malheur ; ce qui change pour chaque individu c'est la proportion des deux.

Je comprends que ta grand-mère soit marquée spécialement par les traces de la guerre. Bon moi j'ai un livre qui est sorti en 1944 je crois à propos des destructions de la guerre en Tunisie. Il y a des photographies extrêmement impressionnantes. Malheureusement c'est un grand format et je ne peux pas scanner ces photos, d'autant que le livre n'est pas en très bon état. En tout cas ce livre est passionnant car il détaille toutes les destructions et indique un certain nombre de projets de reconstructions ; alors il y a notamment des projets urbanistiques qui sont présentés. C'est vraiment très intéressant comme source historique, évidemment à compléter avec d'autres informations. En tout cas, pour ce qui est des photos, elles parlent d'elles-mêmes ; si je peux j'essaierai quand même d'en montrer sur le blog quand j'aurais le temps.

Pour la chanson de Brel, je ne saurais te dire (une fois ! :p) laquelle des deux affirmations est la plus juste ! :) Je n'en sais rien... mais je me sens assez concerné personnellement par la seconde. :)

A propos des sept révélations, j'ai couru sur la place de l'Etoile et les Champs Elysées... eh oui... il n'y avait pas une seule voiture ce jour là mais partout des policiers, des militaires, des hommes politiques, ... et moi ! :p
Pour la septième révélation, il y a des vérités qu'il faut savoir conserver en soi, des choses dont je n'ai pas forcément envie de parler ; cette septième révélation avortée était l'illustration de cet état d'esprit ! :)

Ecrit par : Roumi | vendredi, 06 juillet 2007