lundi 9 juin 2008

Le Maroc et moi

J’ai fait le triste constat de la faible représentation du Maroc dans les causeries de ce blogounet. J’en suis rouge de honte, plus rouge encore que l’étendard du royaume alaouite.


Pourtant le Maroc n’est pas absent de ma vie, bien au contraire.


Début des années 1990…

Nos premiers souvenirs communs, si je peux dire, remontent à l’adolescence. Dans cette période difficile il y eut quelques réconforts comme le fait de contempler une belle jeune fille marocaine, amie de ma sœur, qui était reçue chez nous. J’avais donc le privilège de pouvoir, à un moment choisi par mes soins, frapper à la porte d’une chambre pour saluer notre charmante invitée, plus timide que moi encore. Il m’arrivait aussi de préparer parfois et de leur porter le goûter, histoire de voler quelques secondes supplémentaires en compagnie de la belle et d’attirer son regard et sa reconnaissance. Avec le temps, je l’ai vue devenir une femme des plus séduisantes et prendre de l’assurance. Les quelques mots que nous échangions gagnaient d’ailleurs en qualité et puis nous nous sommes enfin permis de nous saluer par la bise alors qu’auparavant une barrière invisible nous maintenait à distance. J’ai rêvé bien sûr… le rêve était la seule chose qui ne m’était pas interdite et du domaine du possible.

Je me souviens de tous ces petits gâteaux marocains délicieux dont je me délectais. Nous en étions aimablement gratifiés par la mère de cette jeune fille. J’admirais la beauté de ces petits chefs-d’œuvres périssables, conjonction de la beauté, à la fois simple et originale, et de la saveur du bon. Ah évidemment c’était l’époque où ma passion pour les baklavas ne frisait pas encore l’obsessionnel !


2002…

Puis il y eut ma rencontre sublime avec H., mon grand frère marocain, un des piliers de ma vie, rencontré dans une grande bibliothèque universitaire, un de ces temples du savoir austères où rien ne laisse supposer la moindre humanité vu que chacun s’y consacre égoïstement à ses propres humanités ! C’était en 2002 et le Maroc est devenu plus présent encore dans mon existence grâce à lui.

Ce sont des temps héroïques, ceux où il m’a sauvé la vie plus d’une fois, ne ménageant jamais sa peine pour me parler, pour m’encourager, pour m’aider à me redresser quand je perdais pieds. J’avais besoin de ta stabilité rassurante de jeune homme marié, père de famille ensuite. Tes bras n’ont jamais manqué de m’enserrer puissamment et chaleureusement dans ces moments de doute, contribuant à me redonner l’énergie nécessaire pour repartir sur les rails.

Tu m’as aussi fait un beau cadeau en me donnant un neveu et une nièce… et la famille est appelée à s’agrandir encore je le sais. Le petit D. a été le premier enfant que j’ai tenu dans mes bras, le premier qui m’a souri, le premier aussi qui a pleuré en me voyant repartir, me nouant le coeur. Si tu savais comme je t’aime mon p’tit D., combien je suis heureux d’aller te chercher à l’école avec ton papa, combien je suis ému de te voir grandir depuis trois ans et demi. Ta petit sœur commence à bien parler ; il y a peu elle est venue à moi timidement pour me dire bonjour, en m’appelant par mon prénom pour la première fois.

Tu me parles souvent de ton histoire, de ton village de l’Anti-Atlas, que je rêve de connaître, de la petite ville où tu es allé ensuite, de ta famille, ton grand-père, quasi centenaire, ton père, partagé entre la France et le Maroc, ta maman, si courageuse, ton regretté frère ou encore ta sœur au regard troublant. Cet Ailleurs me devient progressivement familier et repousse les limites de mon horizon.


2008…

De nouvelles pages à écrire pour un poème qui n’en finit pas… le beau roman d’une vie dont je veux égrainer les feuillets indéfiniment… j’en veux cent… j’en veux mille…


Le Maroc et moi – émoi – et Toi, Étoile,

Doux rêve d’où – de là bas –, ô mon Voile,

Mon Drap de soie délicat, je suis à genoux ;

À tes pieds, je dépose, mon Tendre Acajou,

Arbre bienheureux aux bras accueillants,

L’antique sabre de mes combats d’antan

Et j’invoque ta Grâce, ton ombre bénie,

Où je dirai un jour lointain adieu à la Vie.

Relève-moi, mon Cœur, ma Sève, ma Lyre :

Je t’offre des baisers au parfum de myrrhe

Et l’empreinte fidèle de mon Âme sœur.

De cet admirable jardin coloré du Bonheur,

Châsse resplendissante que l’Amour cisèle,

Cultivons ensemble chacune des parcelles.

J’y composerai pour toi mille épigrammes,

Pour que tu saches que jamais ma flamme

Pour toi ne peut s’éteindre. Pensées saintes

Et envoûtantes ! Je tremble car des enceintes

Il faut en abattre pour apprécier l’horizon :

Ainsi s’offrent à nous le Temps et ses saisons.

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